COMMENT LE DÉVELOPPEMENT DU TRAM A ÉTÉ PARALYSÉ

Hier, le prolongement de la ligne D du tramway vers la gare de Grenoble était inaugurée en présence de nombreux élus. Un "prolongement" en réalité trompeur qui peine à camoufler le développement au point mort du réseau de tramway.

UN FAUX PROLONGEMENT

Prolongement trompeur car il ne s'agit pas d'une extension de la ligne de tram stricto sensu. La ligne D existante, qui reliait l'arrêt Etienne Grappe à l'arrêt Les Taillées - Université, va en fait emprunter la ligne du tram B à partir de ce dernier arrêt pour poursuivre son trajet jusqu'à la gare de Grenoble. Il n'y a donc pas de prolongement des infrastructures avec la pose de rails pour desservir de nouveaux secteurs privés du tram.

La ligne D poursuit désormais son chemin sur les rails de la B.

UNE LIGNE LARGEMENT BOUDÉE

Jusqu'à présent, cette ligne était largement boudée par les usagers. Le Président du SMMAG évoque "un peu moins de 3 000 voyageurs sur la ligne D jusqu'à présent" (France 3 Alpes). En 2023, le site Actu Grenoble parlait quant à lui de 621 000 voyages (et non pas voyageurs uniques) pour la ligne sur l'année 2022. Soit à peine 1700 par jour. Très, très loin des autres lignes qui allaient de 6 000 000 de voyages (ligne A) à 15 000 000 de voyages (ligne A) sur la même année. 

UN INVESTISSEMENT À 7 MILLIONS

Coût de ce "prolongement" jusqu'à la gare en vigueur depuis fin août : 7 millions d'euros. La fréquence des trams est légèrement renforcée (toutes les 15 minutes). L'objectif est d'atteindre les 10 000 voyages par jour. Mais même si le but était atteint, nous resterions loin des fréquentations des autres lignes : cela resterait moitié moins que le nombre de voyages sur la ligne E, ligne la moins utilisée aujourd'hui derrière la D.

CONNECTER NEYRPIC AU CENTRE...

Dans son article qui revient sur l'inauguration officielle d'hier, Serge Massé du Dauphiné Libéré explique que "ce prolongement améliore directement l’accès au Domaine universitaire, en connectant des points névralgiques tels que le CHU Grenoble Alpes et la future zone commerciale Neyrpic". Comme si avoir avalisé le projet de centre commercial géant n'était pas un coup suffisant derrière la tête des commerçants grenoblois, voilà qu'il se trouvera directement relié au centre-ville pour multiplier ses chances de capter la clientèle grenobloise. Quand la politique de mobilités se fait contre le commerce de proximité...  

Vue projet du futur centre commercial Neyrpic, projet d'un autre âge qui ouvrira en octobre. Après un démarchage agressif des commerces à Grenoble, le voilà qui bénéficie d'une connexion directe avec le centre.

PAS D'EXTENSION DE TRAM PRÉVUE

Hormis ce "prolongement" en trompe-l-oeil, il faut bien noter qu'il n'y a rien d'autre de programmé pour le réseau de tramway. Des extensions sont "à l'étude" mais le Président du SMMAG l'admet lui-même : "il y a encore beaucoup d'études à faire, de processus réglementaires à passer" (FR3). Comprendre : le tram ne se développera avant de très longues années (après 2030 au minimum). D'où cette inauguration d'un prolongement pour un moindre investissement, car si le projet de métrocable (dont l'avenir très en danger devrait être fixé en octobre) ne se fait pas, ce mandat aurait été un mandat totalement blanc pour les transports.

LE SMMAG CONTRAINT PAR LA DETTE PIOLLE/MONGABURU

La faute n'incombe aucunement au Président actuel du SMMAG, Sylvain Laval, qui paye les pots cassés de la gestion de ses prédécesseurs. De 2014 à 2020, à l'époque de l'idylle avec le Président de la métro Christophe Ferrari, Eric Piolle avait placé son jeune poulain vert Yann Mongaburu à la tête du syndicat des transports (qui s'appelait alors SMTC). La grande capacité de gestionnaire de cet esprit tortueux qui aime se perdre dans des envolées lyrico-abstraites parle pour lui : il a quitté le SMMAG en laissant plus de 600 millions d'euros de dette qui paralysent encore les capacités d'investissement de l'institution. Et plus de cent millions d'euros de retard sur le protocole de désendettement qu'il avait lui-même signé...

La trajectoire de la dette du SMMAG, qui redouble aujourd'hui d'efforts pour rattraper le retard de désendettement des années Piolle / Mongaburu... pendant que les amis de ces derniers osent se plaindre du retard d'investissement dont ils sont à l'origine. 

LES DONNEURS DE LEÇONS N'AVAIENT PAS RÉALISÉ UN SEUL KM DE TRAM

Il convient de souligner que malgré les finances du SMMAG envoyées dans le mur, Mongaburu a réussi l'exploit de ne même pas réaliser un kilomètre de tram supplémentaire. Seul projet mené : un prolongement de la ligne A d'Echirolles au Pont-de-Claix sur deux stations supplémentaires... soit moins d'un kilomètre en plus. Très très maigre eu égard à la dette écrasante que Mongaburu laisse. Le même avait pourtant fixé de nombreuses priorités dont aucune n'a été tenue, comme le passage de 5 à 8 lignes de tram d'ici 2023 (!). On voit le résultat.

LES TRANSPORTS EN COMMUN STAGNENT DEPUIS 10 ANS

Conséquence logique de ce développement au point mort : depuis 10 avec l'arrivée des Rouges/Verts aux commandes, et pour la première fois de toute l'histoire du réseau de transports en commun grenoblois, la fréquentation de ceux-ci stagne. L'enquête de mobilités 2020 révélait ainsi que leur part modale reste bloquée à 16% après un mandat complet des Verts supposés "accélérer les transitions". Soit exactement la même que celle relevée par l'enquête de mobilité de 2010. Ils font du surplace mais osent bomber le torse.

La honte ou le mensonge ne les étouffent jamais.

LA GRATUITÉ COMME SUBTERFUGE

Plutôt que de faire leur mea culpa sur leurs promesses de développement des transports non tenues, les Verts préfèrent la surenchère sur un autre de leurs engagements jetés aux oubliettes : la gratuité des transports. En la prônant sur tous les tons alors qu'ils avaient 6 ans pour la mettre en place et ne l'ont pas fait, ils espèrent pouvoir continuer à tromper les gogos qui croient encore à cette promesse à 70 millions d'euros pas an alors que les dettes du SMMAG, de la métro et de la ville culminent au total à près de 2 milliards d'euros. C'est complètement démagogique et irréalisable et les Rouges/Verts le savent puisque le PDU élaboré par leurs soins ne prévoit pas cette gratuité mais au contraire une participation en hausse des usagers au financement des transports...

LES VERTS ONT FAIT PRENDRE UN RETARD CONSIDÉRABLE

Nous ne sommes donc clairement pas prêts de voir une nouvelle ligne de tram desservir un bassin de vie, ou de voir le prolongement de la ligne A vers Sassenage ou de la E vers le Pont-de-Claix réalisés. Les Rouge/Verts de Piolle sont les seuls à "remercier" pour le retard abyssal que la métropole a pris sur ce sujet. Après leur échec face au réchauffement alors qu'ils ont fait de Grenoble la première ville avec Paris pour les ilots de chaleur, ce désastre sur un autre sujet marqueur de la transition écologique confirme que les Verts n'ont décidément rien de vert quand on passe outre les discours pour regarder leurs actes.

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