QUELLE PLACE POUR LES PIÉTONS À GRENOBLE ?

Le Dauphiné Libéré (26/07/24) se fait le relais d'un classement qui place Grenoble parmi les 10 villes où l'on marche le plus en France. Au même moment, l'Union des Habitants du Centre-Ville tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme sur la situation des piétons dans notre ville...

UN CLASSEMENT QUI NE VEUT PAS DIRE GRAND CHOSE

D'une part le classement de la ville la plus plate de France n'est pas mirobolant : nous sommes 10ème du top 10, derrière Paris, Nice, Strasbourg ou plus localement Lyon et Annecy. En outre, le classement a été établi par l'application WeWard sur la base du nombre de pas moyens de ses utilisateurs. Le biais est donc énorme : toutes les villes n'ont pas le même nombre d'utilisateurs, on apprend rien sur les marcheurs non utilisateurs de l'appli... Plus que d'un véritable classement des villes marchables, il s'agit d'un classement des utilisateurs de WeWard et d'un coup marketing pour la start-up dont le concept consiste à accumuler des points en marchant pour ensuite les échanger contre des bons cadeaux.

LE BAROMÈTRE DES VILLES MARCHABLES CLASSE MAL GRENOBLE ...

Le baromètre des villes marchables, réalisé par l'association 60 millions de piétons, Rue de l'Avenir, le club des villes et territoires cyclables et marchables et la Fédération Française de Randonnée, en partenariat avec l’Ademe, le Ministère chargé des Transports et le Ministère des Sports, est une étude beaucoup plus sérieuse en la matière. Le premier baromètre avait été publié en 2021 : avec une note globale de 9,7/20, Grenoble n'atteignait déjà pas la moyenne. 

Entre 2021 et 2023, le ressenti global des piétons à Grenoble se détériore.

... ET LA SITUATION EMPIRE

En 2023, on aurait pu s'attendre à ce que la municipalité ait pris à bras le corps le problème et rectifie les remarques du premier baromètre. Et ce d'autant plus qu'au niveau national, le second baromètre notait une "amélioration générale du ressenti des piétons en milieu urbain". Peine perdue : Grenoble perdait encore des points, pour tomber à la note de 7,7/20... Faisant de nous la 225ème ville sur 236 étudiées (et notamment à la ramasse par rapport aux villes de tailles comparables, entre 100 000 et 200 000 habitants). On est décidément loin du top 10 trompeur de WeWard. 

INSÉCURITÉ, INCONFORT, MANQUE D'ÉCOUTE : TOUT Y PASSE

Mauvais ressenti pour la sécurité des traversées des carrefours, manque de signalétique adaptée aux piétons, obstacles sur leur trajet (déchets etc.) ou aménagements inadaptés, voirie mal entretenue et dangereuse,  faible écoute des besoins des piétons et leur intégration dans les projets... Le baromètre était très précis quant aux maux qui pourrissent la vie des piétons grenoblois, et que nous avons souvent eu l'occasion de détailler ici.  

Ici Cours Jean Jaurès, vélos sur les trottoirs au milieu des familles. Un fléau qui revient sans cesse dans les problèmes que font remonter les grenoblois.

UN GROS POINT NOIR : LA COHABITATION AVEC LES DEUX-ROUES

Un point spécifique qui revenait souvent dans les points noirs soulevés par le baromètre était évidemment la difficile cohabitation avec les deux-roues (vélos et trottinettes). En l'absence de vraie volonté de contrôle, la circulation de ces derniers sur les trottoirs met en danger les piétons et particulièrement les plus vulnérables (personnes âgées, PMR, femmes enceintes...). Les témoignages ne manquent pas de la part de grenoblois excédés par ce phénomène anarchique qui n'épargne aucun secteur mais est particulièrement prégnant sur les grands axes et dans le centre. 

LES AMÉNAGEMENTS CYCLABLES DANGEREUX CHERS AUX VERTS 

Inutile de préciser qu'en l'absence de contrôle, les zones où le piéton est censé être "roi" comme le clame la propagande municipale ne sont que des fantasmes. S'ajoute à cela le problème d'aménagements mal pensés. Sur les boulevards par exemple, les pistes cyclables integrées au trottoir sont une véritable hérésie. Mais plus largement, Philippe Descamps, journaliste proche de Raymond Avrillier (!) et spécialiste du sujet, avait longuement expliqué à quel point le modèle choisi par Eric Piolle et le Président du SMMAG d'alors Yann Mongaburu (EELV) était un contresens absolu et à quel point ils ne connaissaient rien à rien, malgré "la littérature sur la dangerosité des bidirectionnelles" qui leurs sont chères.  

LES AUTRES VILLES DEMANDENT AUX CYCLISTES DE METTRE PIED À TERRE

Il faut aussi noter que les autres villes font bien plus d'efforts pour assurer la sécurité des piétons. Lille, Strasbourg, Niort, Nice, Agen, prochainement Bordeaux... de plus en plus, les Maires prennent leurs responsabilités et imposent aux cyclistes de mettre pied à terre dans plusieurs secteurs pour assurer la bonne cohabitation des différents modes de déplacement. À Grenoble, où le vélo est érigé au rang de religion dans le clan Piollesque, le sujet est trop tabou pour ne serait-ce qu'être abordé.

UNE DEMANDE DE LONGUE DATE DES UNIONS DE QUARTIER

Le 26 juillet, l'Union des Habitants du Centre-Ville a écrit au Maire et aux élus pour rappeler que c'est justement une proposition qu'elle porte de longue date. Ils reprennent les termes de l'une de leur lettre datée de 2020, au lendemain des municipales ("Qui n’a pas dû s’écarter face à un vélo qui forçait le passage en avançant tout droit ? Qui n’a pas été surpris, frôlé, déstabilisé par un zig-zag de vélo ou de trottinette ? Aussi demandons-nous ce qui apparaît désormais comme une évidence : les rues piétonnes réservées aux piétons"), et réitèrent leur demande : "tandis que de plus en plus de villes améliorent la sécurité et la tranquillité du piéton là où il devrait être le roi, à Grenoble ces mots datant de plusieurs années sont encore plus d’actualité aujourd’hui qu’ils ne l’étaient alors. Monsieur le Maire, Madame et Messieurs les adjoints à la « tranquillité », aux « mobilités » et du « secteur 2 », pouvons-nous espérer très rapidement voir enfin à Grenoble ce qui se fait dans des villes aussi différentes ?".

À Bordeaux, le Maire est pourtant Vert également !

LE GROUPE SOCIÉTÉ CIVILE DEMANDE DEPUIS 4 ANS UN "PLAN PIÉTONS"

Du côté du conseil municipal et du conseil métropolitain, inlassablement, depuis plus de 4 ans que ce mandat a débuté, le groupe société civile présidé par Alain Carignon réclame un "plan piétons", sur le modèle de la multitude de "plans vélos" qui se succèdent (pour des résultats assez contrastés : des dizaines de millions de dépenses pour une progression de la part modale du vélo de seulement 3 points en 10 ans). Mais les Verts/LFI, hermétiques à tout ce qui n'émane pas d'eux, persistent à faire la sourde oreille et ne daignent pas s'attaquer sérieusement au sujet. Nous verrons s'ils écoutent l'UHCV cette fois-ci mais rien ne prête à l'optimisme.

UN BLOCAGE PUREMENT POLITICIEN ?

Meilleure signalétique (il y a un souvent un blocage psychologique qui consiste à surestimer le temps qu'on met à relier un point A et un point B à pied), réfection des voiries dangereuses, aménagement cyclables pleinement séparés des piétons et surtout contrôle et verbalisations régulières dans tous les secteurs problématiques : il ne faudrait pas beaucoup pour que le nombre de grenoblois se tournant vers la marche à pied, mode de déplacement le plus attractif qui soit, bondisse rapidement. 

Mais malgré les vertus de ce mode de déplacement et le fait qu'il s'agit du premier en termes de part modale des modes doux (34% à l'échelle de la métro et près d'1 déplacement sur 2 dans la ville-centre), il reste le parent pauvre de la majorité Piolle qui ne s'y intéresse aucunement et n'en a que pour le vélo (7% de part modale...). Un renoncement uniquement affaire de comm' politicienne, car les Verts/LFI partent du postulat que ne communiquer qu'autour du vélo fait "écolo" et plait à leurs électeurs. Tant pis pour les piétons et pour l'intérêt général des Grenoblois. 

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