EX SIÈGE DE LA CCI À GRENOBLE : LA GRANDE GABEGIE
Alors que la métropole lance un appel à projet pour l'ex siège de la CCI dont le lauréat sera connu dans un an, ce dossier aura coûté très cher au contribuable métropolitain et illustre bien la gabegie généralisée dans l'utilisation des deniers publics à Grenoble.
LE PROJET DE MAISON DE RETRAITE ET DE CENTRE MÉDICAL ...
Alors que la CCI avait prévu son déménagement vers un nouveau siège, un projet de maison de retraite et de centre médical était sur les rails porté par la société MV Résidences, les locaux d'une grande capacité s'y prêtant bien. Associations, union de quartier, de nombreux habitants : le projet était largement soutenu, dans un secteur où ce type d'établissement et de services manquent.
... ENTERRÉ PAR LA VILLE ET LA MÉTRO
Mais ville et métropole ne l'ont pas vu de cet oeil. En 2020, la métro, à la demande de la ville de Grenoble, décide de préempter le bâtiment via l'EPFL (établissement public foncier local) pour "maîtriser le sujet de la mutation urbaine et de l’aménagement sur ce secteur stratégique" selon les propos du Vice-Président Ludovic Bustos (PS) chargé de la "stratégie foncière", rapportés par le Dauphiné Libéré. Préemption qui coûte au contribuable la bagatelle de 8 millions d'euros.
AUCUNE STRATÉGIE
De "stratégie", justement, il n'y en a aucune. La preuve en est aujourd'hui avec le lancement d'un "appel à projets" pour trouver un usage au bâtiment après 2027. On se retrouve donc dans une situation où la collectivité dépense pour préempter et empêcher un projet bienvenu d'aboutir... sans savoir quoi faire des locaux par la suite.
LE SIÈGE PROVISOIRE DE LA MÉTROPOLE ...
Entretemps, pour occuper les lieux, la métropole en a fait son siège provisoire depuis 2022. Elle y restera jusqu'en 2027, pendant que les travaux du nouveau siège métropolitain rue Malakoff se poursuivent et rendent inutilisable l'ancien. Depuis 2 ans donc, les locaux de l'ex CCI Place André Malraux après quelques aménagements se révèlent bien adaptés pour le fonctionnement de la collectivité : nombreux bureaux, hémicycle pour les conseils...
... PENDANT QU'ELLE EN CONSTRUIT UN À 80 MILLIONS !
Mais le grand projet de Christophe Ferrari et de sa majorité est que la métropole rejoigne ensuite le nouveau siège à 80 millions d'euros (minimum) dont il a lancé les travaux. 80 millions dans une métropole qui creuse la dette chaque année, qui augmentera les impôts sur les entreprises en 2024 et qui dispose avec l'ex siège de la CCI de locaux qui peuvent l'accueillir, et dont elle ne sait pas quoi faire exactement !
LE SCANDALE DES LOCAUX MUNICIPAUX ET MÉTROPOLITAINS VIDES
Une utilisation raisonnable de l'argent du contribuable serait donc que la métropole reste dans ces locaux et abandonne le projet dispendieux de siège. Proposition bien plus sobre pour le contribuable, que défend inlassablement le président du groupe d'opposition Alain Carignon. Malheureusement sans être écouté, alors qu'en complément de l'ex CCI, métro et ville comptent de très nombreux locaux de bureaux vacants qui pourraient être valorisés au lieu de nous coûter sans être utilisés.
CRÉDIT AGRICOLE : L'AUTRE GRAND GASPILLAGE
Malgré ces locaux à disposition, qui permettraient d'accueillir les services, la ville de Grenoble a aussi décidé de jeter de l'argent par les fenêtres en décidant d'acheter les anciens locaux du crédit agricole à Malherbe plutôt que d'utiliser intelligemment le foncier existant pour s'organiser. Une opération à 8 millions d'euros dans lequel la majorité Piolliste a engagé 7 millions d'euros de travaux pour le mettre aux normes.
LA COMÉDIE HABITUELLE DES "APPELS À PROJETS"
Pour l'ex CCI, on retrouve les méthodes chères à la majorité grenobloise. D'abord un simulacre de concertation, où les questions fâcheuses que nous évoquons ne sont évidemment jamais mises sur la table, et un "cahier d'acteurs" pour recueillir les contributions des quelques participants (une petite centaine, majoritairement des personnes arrêtées dans la rue pour leur demander leur avis) qui n'engagent évidemment personne. Puis un appel à projets très large qui permettra de retenir ce que la ville et la métropole souhaitent sans avoir émis trop de contraintes... si ce n'est celle de densifier et paupériser.
UN NOUVEAU TRIANGLE DES BERMUDES À GRENOBLE
Car parmi les quelques critères attendus on trouve "une opération exemplaire en termes de bilan carbone" et "une programmation mixte"... avec "des logements dont 25% de logements sociaux". Qui se cumuleront donc au nouvel ensemble en face : La Poste va quitter le quartier et d'ici 2026, 82 nouveaux logements sont prévus à la place dont 25% de social. Comme si le secteur n'en comptait pas aseez avec le quartier Hoche, et comme si les conséquences n'étaient pas déjà suffisamment problématiques. Alors qu'on aurait pu profiter de la présence d'une institution publique pour reconquérir un secteur en difficultés, les élus de la ville et de la métro vont au contraire créer un nouveau triangle des bermudes grenoblois.
"OÙ PASSE L'ARGENT ?"
... s'interrogent souvent les contribuables grenoblois. Ils ont un début d'explication avec ce genre de projet dispendieux qui ne changera rien à leur quotidien, pas plus qu'il ne répondra à aucun des problèmes auxquels sont confrontés la ville et la métropole (il va au contraire les aggraver en paupérisant le secteur). Les possibilités d'économies et de redressement du bateau Grenoble existent bel et bien : encore faut-il avoir la volonté d'en finir avec les recettes répétées qui ne produisent que des effets néfastes... et avoir le sens des priorités dans l'allocation des deniers publics.
Je suis habitant du quartier Strasbourg Metz. Nous avons déjà des soucis avec le projet prévu pour cette année sur cet espace.
Quels seront les possibilités offertes par la futur municipalité (celle d’Alain Carignon) pour remettre tout cela à plat (CCI, La Poste, et bien d’autres) ? ou est-ce déjà trop avancé ?
Oui, très bonne question.
Allô allô, y a-t’il quelqu’un pour répondre?
Si on confiait Grenoble à des lycéens, ce serait mieux géré.