BUDGET DE LA MÉTROPOLE : LES MÊMES TRAVERS QU’À GRENOBLE

Le rapport d'orientations budgétaires 2024 de la métropole, débattu lors du dernier conseil métropolitain, révèle les mêmes travers que la gestion des finances de la ville de Grenoble.

DETTE : PLUS D'1,7 MILLIARD PÈSENT SUR LES GRENOBLOIS !

L'encours de la dette de la Métropole devrait atteindre 845 millions d'euros en 2024. C'est 47 millions de plus qu'en 2023, et 62 millions de plus qu'en 2022. Le recours à l'endettement est au coeur de la stratégie métropolitaine et pèsera lourd sur les générations futures qui devront rembourser. D'ores et déjà, entre la métro, la ville de Grenoble et ses plus de 300 millions d'encours, et le SMMAG surendetté à hauteur de 560 millions par la gestion Piolle/Mongaburu, nous nous trainons à ce jour 1,7 milliards d'euros de dette comme un boulet. Et la note va encore s'aggraver dans les années à venir selon la trajectoire des majorités de la ville comme de la métro. Seul le SMMAG s'est lancé dans une stratégie de désendettement.

HAUSSE DE LA CFE : LES ENTREPRISES N'ÉCHAPPENT PAS AU MATRAQUAGE

En plus de ce recours à l'endettement, la métropole compte activer son principal levier fiscal avec une hausse d'environ 11% du taux de cotisation foncière des entreprises (CFE). Avec un argument particulièrement fallacieux : les impôts sur les ménages ayant augmenté dans plusieurs communes en 2023 (Grenoble étant la pire et de loin avec ses +32% de taxe foncière), cela justifierait que la métropole suivre avec les impôts sur les entreprises ! Personne n'échappe au matraquage.

A. CONFESSON : "LA SITUATION DES ENTREPRISES VA GLOBALEMENT BIEN" (!)

Pas de quoi décoiffer l’élu grenoblois Alan Confesson (LFI) qui a expliqué tranquillement qu'on peut augmenter la CFE car "la situation des entreprises va globalement bien sur notre territoire" ! On retrouve les mêmes arguments qu'au moment du vote de l'augmentation massive de la taxe foncière, avec la majorité grenobloise qui expliquait qu'elle toucherait par nature les plus aisés (alors qu'il y a une majorité de petits propriétaires de la classe moyenne).

Alan Confesson (adjoint LFI de Grenoble), chantre de la hausse d'impôts sur les entreprises comme sur les ménages.

LES COMMERÇANTS GRENOBLOIS APPRÉCIERONT

Si certaines entreprises s'en sortent effectivement bien dans notre métropole grâce à un écosystème recherche-université-industrie solide (malgré l'hostilité des Rouge/Verts locaux), les commerçants et artisans grenoblois apprécieront d'être rangés dans le même sac et de devoir payer plus. Eux qui subissent, outre l'inflation et l'évolution des pratiques de consommation, la désastreuse politique du système Piolle avec le manque d'accessibilité de la ville et son attractivité en berne.

DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT : EN HAUSSE AUSSI

Comme à Grenoble, on ne pourra pas compter sur de quelconques mesures d'économies pour les dépenses de fonctionnement, qui se répercutent chaque année. En 2024, elles devraient augmenter de 12 millions d'euros, atteignant 356 millions. La spirale de l'endettement nous coûte très cher : pas moins de 6 millions d'euros sont dûs à l'augmentation des frais financiers (taux d'emprunts) liés à la dette !

INVESTISSEMENTS : REPORTS EN PRÉVISION

Les dépenses d’investissement augmentent quant à elles de 13 millions d’euros, mais c'est une hausse en trompe l'oeil face à l’augmentation prévue de la CFE et à l'explosion de l’encours de la dette qui rapportent plus de 50 millions à la collectivité au total. Un "rephasage" des projets est prévu : si rien n'est très précis pour l'instant, il faut s'attendre à des reports d'investissements... Là encore on retrouve la méthode grenobloise : de l'effet d'annonce pour des projets dont le casse-tête du gros du financement est repoussé après les élections municipales et métropolitaines. 

Le projet de nouveau siège de la métro. 80 millions d'euros au grand minimum alors que ville et métro cumulent de nombreux locaux vides et utilisables.

DES PRIORITÉS QUI POSENT QUESTION 

Dans cette situation, les décisions d'investissement déjà actées par la métropole semblent encore plus difficiles à comprendre. Le projet de construire un nouveau siège pour 80 millions d'euros, malgré la présence de nombreux bâtiments vacants, apparaît encore plus comme une absurdité et un gaspillage incroyable de fonds publics. De même, la réalisation du planétarium à Pont-de-Claix pour un coût de 4.5 millions d'euros était-elle vraiment une priorité pour la collectivité ?

LE FAUX-NEZ DU "CONTEXTE" OU DU MANQUE D'AUTONOMIE FISCALE

Bien évidemment, face à une telle situation, la majorité métropolitaine nous ressert les arguments habituels. Celui du fameux "contexte" de l'augmentation des prix, qui a bon dos car de très nombreuses collectivités s'en sortent en maitrisant leur dette et sans hausse d'impôts. Et celui d'un prétendu manque d'autonomie fiscale des collectivités, argument repris en choeur par Christophe Ferrari... et Alan Confesson qui en profitait pour appeler à voter Jean-Luc Mélenchon pour changer la loi ! Mais donner plus de marges de manoeuvres fiscales à ces élus serait inutile, et une catastrophe pour le contribuable déjà matraqué : avec ces nouveaux leviers, leur volonté d'engager des réformes de structures pour des économies pérennes seraient encore plus inexistante qu'actuellement.

D. SPINI : "LES GERMES DE CE QUI MÈNE LA MÉTROPOLE DANS LE MÊME MUR QUE GRENOBLE"

En conseil métropolitain vendredi 22 décembre, Dominique Spini (élue d'opposition du groupe d'Alain Carignon) a alerté sur le danger que représentent ces orientations budgétaires : "nous ne souscrivons pas à ces orientations, parce qu’elles portent en elles les germes de ce qui mène la métropole dans le même mur financier que la ville de Grenoble. Parce que vous considérez construire un budget pour faire face aux enjeux sociaux, écologiques et démocratiques, mais que le poids de la dette, des dépenses de fonctionnement, et le niveau trop élevé de fiscalité priveront les générations à venir des marges de manœuvres pour faire face aux propres défis qui les attendent".

L'intervention de Dominique Spini à propos des orientations budgétaires en conseil métropolitain.

UNE VISION COURT-TERMISTE 

Dépenses de fonctionnement en hausse, augmentation de la fiscalité et spirale de l'endettement : la métropole s'oriente vers la même stratégie très court-termiste qu'à Grenoble. Si pour l'instant elle peut encore garder la tête hors de l'eau, les difficultés arriveront là aussi très rapidement, lorsque la capacité de désendettement approchera très dangereusement du seuil critique. Ne resteront alors que deux options : soit une énième hausse d'impôts sur les ménages et/ou les entreprises, que n'exclut pas Christophe Ferrari. Soit un véritable plan d'économies et de mutualisation avec la ville-centre... mais nous avons en la matière déjà perdu 10 ans.

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