CRASH EN DIRECT D’ANNE ROCHE AU CONSEIL MÉTROPOLITAIN

Après la foire d'empoigne de vendredi, que nous avons déjà relaté ici et ici, la nouvelle séance du conseil métropolitain de ce mercredi a été le théâtres de nouvelles embrouilles pas très reluisantes.

DE NOMBREUX ABSENTS

Interrompu vendredi faute de quorum, avec un ordre du jour qui n'avait pas avancé d'un iota à 18 h puisque la majorité divisée entre les clans Piolle et Ferrari était trop occupée à s'invectiver et à se disputer pour des querelles de postes, cette séance exceptionnelle avait été convoquée dès vendredi. Forcément, le conseil étant convoqué 4 jours après seulement, les absents étaient nombreux et les débats beaucoup plus calmes.

Des bancs clairsemés pour le conseil métropolitain. Au premier rang, Dominique Spini du groupe d'opposition (l'une des rares élues à être resté jusqu'au bout).

FINANCES, PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ, ZFE...

Ils ont porté notamment sur le budget de la métropole, sur les pôles de compétitivité et l'écosystème de recherche grenoblois, ou encore sur la ZFE. Nous aurons l'occasion de revenir prochainement sur les débats autour de chacun de ces sujets.  

PIOLLE PRÉFÈRE ALLER SUR BFM TV

Eric Piolle lui-même n'a daigné passer en coup de vent qu'aux alentours de 17h, sans intervenir dans les débats. Son Eminence avait en effet jugé plus utile de faire un aller-retour à Paris le mercredi matin pour dispenser ses leçons au monde au micro d'Apolline de Malherbe sur BFM TV / RMC. Ses ambitions nationales ne sont jamais loin, aussi risibles soient-elles.  

MALADRESSE OU PÂLE COPIE DE SANDRINE ROUSSEAU ?

En moins de 30 minutes, Eric Piolle n'a pas lésiné sur les énormités. Il a ainsi affirmé sans sourciller que "la société française est raciste" (rengaine habituelle reprise par ses élus pour se dédouaner de leurs responsabilités)... avant d'expliquer "qu'on est tous un peu racistes". Peut-être parle-t-il pour lui, puisqu'en fier héraut de cette nouvelle gauche déconstructionniste il range les individus en fonction de leur couleur de peau, religion, orientation sexuelle et les traite ainsi comme des "clientèles", loin de la communauté une et indivisible héritage de la Révolution.

La priorité du jour d'Eric Piolle : pas les Grenoblois, mais passer sur BFM.

IL INVENTE " INTERDIT AUX RITALS ET AUX CHIENS"

Il a aussi expliqué en direct qu'il y a 40 ans à Grenoble, des bars apposaient des écriteaux "Interdit aux Ritals et aux chiens”. Il se trouve que de nombreux grenoblois d'origine italienne nous ont contacté dans la journée pour exprimer leur stupéfaction car ça n'a jamais été le cas. Ce ne serait pas la première fois qu'Eric Piolle s'arrange avec la vérité pour servir ses dogmes. Tout ceci ne relève pas de la maladresse, mais d'une stratégie établie : le Maire de Grenoble tente de concurrencer Sandrine Rousseau, l'écolo spécialiste des polémiques. Mais sans son sens de la formule, sans le panache, sans la légitimité et évidemment loin du même succès. 

LE CRASH D'ANNE ROCHE

Outre la dérive de Piolle sur BFM, le fait de la journée a été celui du crash spectaculaire de la conseillère municipale et métropolitaine Anne Roche. Vendredi dernier, elle annonçait son ralliement au groupe LREM/Modem présidé par Laurent Thoviste  à la métro, et au groupe d'Emilie Chalas à Grenoble. Dans la foulée, le groupe Facebook SaccageGrenoble avait publié de nombreuses informations faisant état de son adhésion l'an dernier au parti d'Eric Zemmour, et de partages de publications à connotations complotistes, antivax etc. Difficilement compatible avec des soutiens de Macron donc. Après 4 jours de commentaires sur les réseaux sociaux puis dans la presse à propos de cette affaire, le groupe LREM/Modem s'est séparé d'elle, la jugeant trop sulfureuse politiquement.

L'OPPORTUNISME ET L'ABSENCE DE TOUTE NAÏVETÉ

Fin de vagabondage pour Anne Roche, qui n'a cherché chaque fois qu'à se placer - et mime très mal "la naïveté"- et qui, en 3 ans, aura réussi à cumuler toutes les pratiques détestables qui nuisent à la vie politique. En juin 2020, elle se fait élire sur la liste société civile menée par Alain Carignon. Notons qu'à la même époque, elle ira jusqu'à appeler plusieurs proches d'une autre élue de la liste pour tenter de forcer celle-ci à démissionner de son mandat. Fin 2020, elle démissionne de ce groupe.

Anne Roche : personnification de l'opportunisme.

LA SEULE BOUSSOLE : SON INTERÊT PERSONNEL

Elle rejoint le groupe de droite et centre à la métro, et tentera sans succès de se faire introniser candidate de la droite aux élections départementales à Grenoble. Début 2022, elle adhère au parti d'Eric Zemmour puis, dans une conférence, prône le "tout sauf Macron" pour le second tour. En 2023, elle donne sa voix pour les sénatoriales à la liste LREM (alors qu'elle siège à la métro avec le sénateur LR Michel Savin !). Dans la foulée, elle tente d'obtenir une place sur la liste de Joëlle Hours (LREM) pour les prochaines municipales... à Meylan. C'est dire sa considération pour les Grenoblois. Puis vendredi, elle rejoint le groupe LREM/Modem à la métro et Chalas à Grenoble avant d'en partir hier et de devenir élue sans groupe. La boussole d'Anne Roche : son intérêt personnel. 

L'INCAPACITÉ À ASSUMER SES RESPONSABILITÉS

Pour ne pas assumer son parcours chaotique qui a conduit à sa mise au ban du groupe centriste, Anne Roche a décidé d'intervenir par voie de communiqué et à l'oral en début de conseil métropolitain... pour accuser les autres de tous les torts. Elle a ainsi tenté de faire croire à sa naïveté, à ses erreurs (comme si on pouvait adhérer au parti de Zemmour sans le connaitre). Et a accusé... "Monsieur Carignon" et les "équipes de SaccageGrenoble [qui] s’en donnent à cœur joie pour détruire mon image ». Elle croit avoir "une image". À son parcours pathétique, elle ajoute donc une défense pitoyable.

TOUTES LES INFORMATIONS PARUES SONT VRAIES

Alain Carignon n'a pas commenté cette affaire (l'élue société civile Dominique Spini a simplement répondu aux attaques mensongères d'Anne Roche visant le groupe d'opposition). Et "SaccageGrenoble" n'a fait que publier des informations... dont la véracité a été confirmée ! Elles n'ont d'ailleurs pas été démentie par l'intéressée qui ne peut s'en prendre qu'à elle-même et à ses décisions d'adulte capable de raisonnement et censé assumer ses choix derrière. 

DOMINIQUE SPINI RÉPOND

La réponse du groupe d'opposition ne s'est pas faite attendre. Elle est arrivée par la voix de Dominique Spini, conseillère d'opposition société civile, qui est intervenu en début de conseil : "Je ne comprends pas la vindicte d’Anne Roche à l’égard des autres. Elle devrait comprendre que trahir successivement autant de monde en si peu de temps et d’abord les grenoblois qui ont voté pour la liste sur laquelle elle figurait, laisse des traces. Au nom du groupe de la société civile je tiens à rappeler que nous sommes comptables de ce que nous publions sous notre signature et aucunement responsable des informations circulant sur les réseaux sociaux qu’il est toujours possible de démentir si elles sont fausses, ou d’y être indifférent".

"SACCAGEGRENOBLE" ÉGALEMENT

Le groupe facebook "SaccageGrenoble", également mis en cause car à l'origine des révélations, s'est aussi fendu d'un communiqué : "notre collectif indépendant qui soutient tous ceux qui veulent changer Grenoble est choqué par les propos de Madame Roche traitant ses citoyens grenoblois de « sbires » alors qu’ils se battent, eux, bénévolement pour défendre Grenoble sans changer de casquette en fonction de leurs intérêts personnels. C’est injurier les 4000 grenoblois membres du groupe et les 25 000 qui ont lu et soutiennent nos posts sur Grenoble. De plus, ce n’est pas au messager qui informe de ce que Madame Roche avait caché qu’il faut reprocher le mensonge. C’est à elle-même." 

SACCAGEGRENOBLE : L'ESPRIT CHARLIE DES CARICATURES

"Avec l’esprit Charlie de nos caricatures", poursuit -il, "nous continuerons à nous exprimer en toute liberté, en toute indépendance et nous appelons les grenoblois à continuer à nous adresser des images, des infos qui permettent d’espérer le redressement pour Grenoble et au passage, parfois, de démasquer les tartuffes et les opportunistes qui ne sont d’aucune utilité à l’avenir de notre ville."

Le genre de caricature de SaccageGrenoble qui a valu au groupe la colère d'Anne Roche.

MAIS QUELLE EST LA REPRÉSENTATIVITÉ D'ANNE ROCHE ?

Tout ceci n'est que tempête dans un verre d'eau car Anne Roche ne représente personne. Avant son vagabondage politique, elle ne devait son élection qu'à sa présence sur la liste menée par Alain Carignon. À aucun moment elle n'a été élue sur son nom, et compte tenu de son parcours sulfureux, on voit mal qui pourrait vouloir la recruter.

UNE HAUTE OPINION D'ELLE-MÊME

On imagine le sourire qu'à dû esquisser le Président du groupe d'opposition en découvrant sur Place Gre'net qu'Anne Roche estime qu' « il a terriblement peur de qui je suis ». L'opinion qu'elle se fait d'elle-même et de sa représentativité électorale est inversement proportionnelle à son bilan pour les Grenoblois en 3 ans de mandat (elle se plaint régulièrement de la longueur des conseils municipaux, qu'elle ne suit d'ailleurs jamais jusqu'au bout alors qu'elle est élue et indemnisée pour). On assiste en direct au gâchis d'un crash déclenché par sa victime.

ÉMILIE CHALAS SIGNE UN NOUVEL ABANDON

Mais il est intéressant de constater qu'en lâchant Anne Roche, Emilie Chalas confirme sa triste réputation de politicienne qui abandonne les siens à la première secousse. Pendant les municipales, elle s'était débarrassé d'une colistière pour des propos remontant à 2014. Pour les législatives 2022, elle s'était séparé de sa suppléante après avoir découvert des propos (pour lesquels l'intéressée s'était excusé et avait précisé sa pensée qui n'était aucunement condamnable) prononcés 10 ans auparavant. Et maintenant, elle lâche son ex nouvelle collègue Anne Roche.

ON PEUT COMPTER SUR ELLE QUAND ON EST EN DIFFICULTES

Décidément, on peut compter sur Chalas quand on est en difficultés. Plusieurs de ses anciens colistiers font état de sa distance et de son absence régulière de réponse lorsqu'ils la sollicitent sur des sujets, très déçus d'être ainsi remerciés pour le temps et l'énergie qu'ils lui ont consacré. C'est étrange, car celle arrivée 3ème (loin derrière les autres) aux municipales et qui s'est faite sèchement battre aux législatives se vantait il y a quelques mois dans "Le Figaro" de percevoir 7000 euros pour moitié moins de travail hebdomadaire depuis qu'elle n'est plus Députée. Ca laisse normalement le temps de répondre aux préoccupations des autres.

Emilie Chalas dans Le Figaro.

L'ÉTERNEL ABSENT : L'INTÉRÊT DES GRENOBLOIS

En réalité, Emilie Chalas et le co-président du groupe centriste à la métro, Laurent Thoviste (LREM, élu à Fontaine), souhaitaient récupérer Anne Roche simplement pour faire une élue de plus, quelle qu'elle soit, afin que leur groupe "d'opposition" qui fait de l'œil à Christophe Ferrari pour constituer une nouvelle majorité PS/Macron (!) pèse un peu plus. On ne peut pas leur en vouloir. Sauf que l'abandon en rase campagne quand le vent souffle fort n'est pas de nature à attirer à soi. 

LES PROBLÈMES DE GOUVERNANCE REPORTÉS À LA RENTRÉE

ça ne risque pas de s'arranger à la rentrée, puisque les problèmes de la gouvernance métropolitaine ne sont toujours pas résolus. La guerre entre Eric Piolle et Christophe Ferrari qui paralyse le territoire a atteint son paroxysme vendredi dernier. On voit mal comment l'attelage de cette majorité qui n'a plus rien en commun pourrait tenir encore trois ans. Une chose est certaine : de nouveaux noms ont été inscrits mercredi sur le monument aux morts de la politique locale. Mais la liste devrait fortement s'allonger dans les prochains mois. 

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