6 MÉTROPOLITAINS SUR 10 REJETTENT LA ZFE
Le Dauphiné révèle les résultats d'un sondage CSA à propos de la ZFE. Enseignement principal : le rejet de cette usine à gaz s'aggrave. Et toutes les craintes quant à ce dispositif se confirment.
6 MÉTROPOLITAINS SUR 10 CONTRE LA ZFE
Près de 6 habitants sur 10 (58 % exactement) sont ainsi réfractaires à la ZFE. Par rapport à 2022, cela représente +13 points supplémentaires. La barre de la moitié des habitants du territoire est donc aisément franchie.
PLUS ON EST INFORMÉS, PLUS ON EST OPPOSÉS
Et on ne peut pas mettre ce rejet sur le compte d'un déficit d'informations. Car désormais, 79% des personnes impactées connaissent le dispositif ZFE (+22 points par rapport à 2022). Plus les gens sont informés, plus ils s'y opposent.
J-B CARREAU : "UN PRINCIPE TROP BRUTAL"
Jean-Benoit Carreau, Président de Mobil'is, n'y va pas par quatre chemins : "la façon dont ça a été dit ne rend pas ce dispositif acceptable et admissible dans le timing présenté. Je ne pense pas que les gens sont viscéralement opposés au principe, mais il est trop brutal".
4 HABITANTS SUR 10 NE RESPECTERONT PAS LA ZFE
Autre enseignement du sondage : 4 habitants sur 10 comptent ne pas respecter la ZFE. Et ils ne risquent pas grand chose, puisque rien n'est organisé aujourd'hui pour pouvoir contrôler et sanctionner son non-respect. La vidéo verbalisation n'est pas au point et les moyens humains (police) sont contraints et ont d'autres choses à faire que la chasse aux vignettes. Les élus métropolitains en font donc des tonnes depuis des mois pour un dispositif qui sera finalement peu appliqué.
6 HABITANTS SUR 10 NE PEUVENT PAS ACHETER UN VÉHICULE NEUF
62 % des habitants expliquent ne pas être en capacité d'acheter un véhicule neuf pour remplacer celui qui sera interdit. Et près de 40% affirment ne pas avoir un euro à consacrer à ce changement de véhicule. Certains pourront se tourner vers d'autres formes de mobilités, mais quid des autres, qui habitent loin de leur travail et/ou ne sont pas desservis par les transports en commun ?
LA CATASTROPHE SOCIALE SE CONFIRME
Le Dauphiné relève d'ailleurs que les villes les plus populaires comptent le plus de véhicules qui vont être touchés par l'interdiction de circuler (Échirolles, Pont-de-Claix, Saint-Martin-d’Hères, Fontaine, Vizille...). Il y a bien une corrélation entre niveau de revenus et capacité de changer de véhicule. Nous nous dirigeons bel et bien vers une catastrophe sociale, malgré les éléments de langage tordus d'Eric Piolle qui voudrait faire croire l'inverse... et réclame d'accélérer pour aller encore plus vite dans le mur.
FRANCK CAZENAVE : "LE RISQUE, C'EST L'EXPLOSION SOCIALE"
Franck Cazenave, coordinateur de l’Observatoire des Zones à faibles émissions et des véhicules électriques, confirme cet état de fait : "le risque, c'est l'explosion sociale ! [...] On risque de punir des Français qui n’ont déjà pas les moyens de changer de véhicule, c’est difficilement inacceptable". Difficilement acceptable sauf pour les verts qui ne demandent qu'à accélérer la chasse aux pauvres. Alors que les aides mises sur la table sont loin d'être suffisantes pour inciter au renouvellement de véhicule (3500 euros maximum proposés par la métro, bien loin du prix d'une électrique..).
UNE VRAIE USINE À GAZ
Autre problème pointé : le fait que la ZFE soit une vraie usine à gaz. Car Christophe Ferrari a fait voter une multitude de dérogations qui rendent le dispositif incompréhensible : ZFE applicable ou non selon l'heure et le jour, dérogation “petits rouleurs”, ou en fonction des horaires de travail, ou en fonction du lieu de travail... Alain Carignon avait fait remarquer avec humour en conseil métropolitain qu'il faudra presque une bible que chaque conducteur devra consulter avant de savoir s'il a le droit ou non d'utiliser sa voiture aujourd'hui. "Le principe de base - l’interdiction progressive de tous les véhicules polluants - n’est pas une usine à gaz. Mais ça le devient avec le système des dérogations, personne n’y comprend rien" abonde Jean-Benoît Carreau.
170 000 VÉHICULES IMPACTÉS
Autre petite bombe révélée par l'enquête : le nombre de véhicules impacté sera bien au-delà des prévisions agitées depuis des mois par les élus. En prenant en compte les intercommunalités voisines de la Métropole, on arrive à près de 170 000 véhicules qui seront interdits de circuler d'ici 2025. Et d'ici moins d'un mois, le 1er juillet, ils seront déjà plus de 7000 concernés (les crit'air 5) !
LE DISCOURS DE L'OPPOSITION VALIDÉ
Usine à gaz et catastrophe sociale : les résultats de cette étude et l'interview des deux experts des mobilités ne manqueront pas de faire tousser les élus qui se pâment depuis des mois à propos de la ZFE. Que ce soit ceux qui, comme la majorité de Christophe Ferrari et les élus centristes/LREM, soutiennent l'usine à gaz. Ou ceux qui, comme Eric Piolle et les verts, prônent d'aller encore plus vite vers la catastrophe sociale en interdisant le diesel rapidement (ce qui impacterait 60% du parc automobile...). "Il faut agir avec plus de progressivité pour que les Français puissent s’adapter" affirme Franck Cazenave. C'est en creux le discours du groupe d'opposition présidé par Alain Carignon qui se trouve validé, lui qui a été le premier à dénoncer le désastre pour les moins aisés, l'usine à gaz incompréhensible, et à demander un report de 3 ans pour laisser le temps de s'adapter.
Plutôt qu’imposer un diktat, que Piolle commence à cesser de provoquer volontairement des embouteillages, qu’il cesse de bétonner la ville (ça amène des autos et des camions de livraison), qu’il plante plein d’arbres….