ÉMEUTES À GRENOBLE : LE JOUR D’APRÈS

Si la soirée d’hier a été relativement calme, les stigmates de la veille étaient encore bien visibles dans le centre de Grenoble qui n’a jamais paru aussi dévasté.

L’EXPLOSION DE VIOLENCE DE LA RACAILLE

Nous le relations dans notre article d’hier, et vous n’avez pas pu y échapper. Grenoble a été mise à sac par des bandes de racailles hier, entre incendies de véhicules au Village Olympique, attaque d’un poste de police à la Villeneuve, tirs de mortiers d’artifice contre les forces de l’ordre et, le plus spectaculaire, les commerces du centre saccagés et dévalisés. Jusque tard dans la nuit, les Grenoblois ont vécu au rythme de l’hélicoptère qui survolait la ville et des bandes de “jeunes” encapuchés et masqués qui rentraient avec leurs “emplettes” sous les bras. 

DES PILLAGES ORGANISÉS

Comme le rapportent de nombreux témoins interrogés par France Bleu Isère, le saccage semble avoir été très bien organisé. Le butin des boutiques vandalisées était ainsi transféré au jardin de ville où des voitures l'attendaient et l'embarquaient, rapporte l’un d’eux. Des bandes se chargeaient d’occuper la police pendant que d’autres s’attaquaient aux magasins. Bien organisée, grâce aux boucles telegram et autres réseaux type snapchat, la racaille a démontré qu’elle était capable de prendre le pouvoir à Grenoble et d’y imposer ses désirs. De quoi être inquiet pour la suite.

LE CENTRE-VILLE SOUS LE CHOC

Hier matin, c’était le choc dans le centre où environ 40 commerces avaient subi de lourds dégâts. Les commerçants hébétés ne pouvaient que constater les dégâts, et de nombreux Grenoblois, tout aussi désemparés, ont tenu à venir manifester leur soutien. Nathalie Béranger, conseillère régionale et conseillère municipale d’opposition dans le groupe d’opposition présidé par Alain Carignon, est allée à la rencontre de nombreux commerçants pour témoigner de sa solidarité.

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Nathalie Béranger (LR, groupe d'opposition) est allée hier matin à la rencontre des commerçants touchés.

LA COLÈRE FROIDE

Passé le choc, c’est la colère qui prévalait. Colère de voir détruit le fruit de leur travail pour les commerçants. Colère face à l’impuissance des pouvoirs publics à empêcher que cela n’arrive. Incompréhension aussi d’en arriver là, de nombreux habitants soulignant bien que ça n’a absolument rien à voir avec la mort de Nahel à Nanterre et que c’est une fois de plus les honnêtes citoyens, via l’impôt, qui vont mettre la main à la poche pour réparer les dégâts. 

PIOLLE PRIS À PARTIE

Eric Piolle, flanqué de son adjoint roquet insoumis en chef Alan Confesson, a fait le tour des commerces. Il a été très mal accueilli, tant par ceux ayant subi le désastre que par les Grenoblois. Devant les caméras de M6, le patron du magasin “première avenue” dévalisé l’envoie vertement paître : “je n’ai pas envie de vous parler Monsieur. Et merci de nous avoir bien protégés hier soir”. Dans une autre vidéo, on le voit entouré d’habitants excédés et bien en peine de leur répondre : “c’est scandaleux (...) toute cette violence qu’il y a dans notre ville, c’est normal ça ?”. 

LES POMPIERS PYROMANES MUNICIPAUX

Il faut dire qu’il y avait quelque chose d’hypocrite à venir se borner à constater les dégâts alors que les choix politiques du Maire ont aidé à créer une telle situation. Alors que la veille encore il fustigeait la “politique du tout répressif dans les quartiers” et donnait ainsi une excuse au déchaînement de violence. Alors que ses choix en matière d’urbanisme, d’attributions de logements, de sabrage des structures qui fonctionnent dans les quartiers créent les conditions d’une telle explosion. Alors que son refus dogmatique de renforcer et armer la police municipale, d’équiper la ville en vidéoprotection avec un PC opérationnel 24/24 handicape le travail des forces de l’ordre. Alors que le fait de défendre les fresques anti police comme celle des CRS tabassant la république ou celle à côté des locaux de la police municipale entretient le climat de haine qui aboutit à s’attaquer aux forces de l’ordre. Alors que l’extrême-gauche, sa “famille politique” selon ses propres termes, qu’il loge pour un loyer dérisoire dans des locaux municipaux au 38 rue d’Alembert appelle à “continuer les soulèvements”. 

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Le 38 d'Alembert, foyer de l'extrême-gauche grenobloise protégé par la ville, appelle à continuer les "soulèvements"...

LES RÉACTIONS DÉCONNECTÉES...

Eric Piolle n’a pas été le seul à se contenter de condamner les violences (alors qu’il fait partie de ceux qui ont servi les causes qui y mènent). Le groupe d’élus socialistes (Cécile Cénatiempo, Hassen Bouzeghoub, Romain Gentil) s’est fendu d’un communiqué qui aurait pu être rédigé par Chat GPT tant il est bateau et convenu, se contentant d’expliquer qu’ils comprennent l’émotion et la colère mais condamnent la violence. Évidemment sans rien proposer ni tirer d’analyse de la situation. Emilie Chalas (LREM) s’est contentée de commenter sur Twitter ce qu’il se passait en ville : un travail qu’on attend d’un correspondant de presse, pas d’une élue censée porter des solutions.

...AVEC DES PALMES ...

Mais la palme revient à Stéphane Gemmani (girouette désormais PS), le clown local passé par tous les partis qui n’a jamais gagné une élection sur son nom et n’existe que parce que la presse daigne lui tendre un micro de temps en temps alors qu’il n’a aucune légitimité. Dans un texte incroyable de condescendance, il s’en prend avec colère aux jeunes casseurs pour qui lui et d’autres élus feraient tant (!) et qui par leur comportement feraient le jeu des infréquentables élus de droite… Le donneur de leçons n’en tire aucune et persiste à faire comme s'il s'agissait d'un problème de financements et d’équipements dans les quartiers, comme tous les faux bienpensants confortablement installés derrière des barrières idéologiques apparemment insurmontables. Nous lui suggérons la lecture de ce rapport de la cour des comptes, qui rappelle bien que malgré des milliards d’euros investis dans les quartiers (donc des financements et des équipements…), leur situation ne s’est pas améliorée et ils restent des nasses.

A. CARIGNON ET L’OPPOSITION PROPOSENT UN FONDS DE SOLIDARITÉ

Seul le groupe d’opposition (Alain Carignon, Nathalie Béranger, Brigitte Boer, Chérif Boutafa, Nicolas Pinel, Dominique Spini) a eu le courage de pointer les responsabilités des élus locaux (dans la ghettoïsation, l’absence de politique de sécurité) qui se conjuguent au laisser-faire national. Et plutôt que de se contenter de condamner les violences et de passer à autre chose comme les autres, ils ont proposé la création d’un fonds de solidarité pour les commerçants touchés : “nous demandons au Maire de Grenoble et au Président de la Métropole de mettre en place d’urgence un fonds de solidarité aux commerçants victimes des vols et dégradations à la veille du premier week-end des soldes. Notre commerce grenoblois déjà très en difficultés du fait de la perte d’attractivité a besoin du soutien des collectivités locales, les compagnies d’assurances ne couvrant pas tous les dégâts et leurs conséquences“. Tel est en effet le rôle des élus, qui ne peuvent pas se contenter d’être des commentateurs des faits mais sont choisis pour agir et solutionner. Seule l’opposition semble l’avoir compris.

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Le communiqué complet du groupe d'opposition.

LA VILLE FANTÔME BARRICADÉE

Si la soirée d’hier a ensuite été relativement calme, malgré un début d’incendie au Auchan de Teisseire et quelques interpellations dans le centre, Grenoble avait tout de même des allures de ville fantôme. L’ambiance avait quelque chose de pesant, entre rues inhabituellement désertes pour un samedi soir et commerces barricadés par des planches de bois. Les transports en commun étaient à l'arrêt et mêmes les trottinettes en libre service si prisées des racailles !

SE POSER LES BONNES QUESTIONS OU SUBIR

On aimerait penser que la suite de l’été sera plus calme et que notre ville n’aura plus à vivre de tels traumatismes. Mais il faudrait pour cela que les élus en charge, au niveau national comme local, daignent enfin répondre aux bonnes questions. Les milliards d’euros injectés dans la politique de la ville ne sont pas une réponse car derrière les façades des bâtiments, rien ne change. Le problème est plus profond qu’un manque de gymnases ou de bibliothèques dans les quartiers (en témoigne le fait que Foot Locker et Lacoste ont été dévalisés, pas les librairies…) et poursuivre avec ce raisonnement témoigne d’une cécité subie ou volontaire de la part des responsables politiques. Une première étape consisterait à se questionner sérieusement sur la politique de construction et d’attribution de logements qui conduit à la ghettoïsation de populations entières. Une deuxième consisterait à mettre par terre ce modèle qui contribue à les enfermer dans le ressentiment et à les couper d’un sentiment d’appartenance à la Cité. Il y a là une responsabilité nationale mais aussi locale : un Eric Piolle qui persiste à créer des quartiers nasses au taux de logements sociaux ahurissants, et qui ne cesse de flatter les postures communautaristes et d’entretenir la victimisation de ces communautés jette inévitablement de l’huile sur le feu.

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