ET MAINTENANT, LA MISE SOUS TUTELLE DES ASSOCIATIONS DE QUARTIER
Coup de tonnerre dans le paysage associatif des quartiers populaires : la Municipalité s'attaque sans ménagement au Plateau (Mistral) et à la Cordée (Villeneuve).
FIN DE LA CONVENTION AVEC LE PLATEAU
Vendredi dernier, la première adjointe Isabelle Peters et l'adjointe en charge de la culture (et de la caporalisation ?) Lucille Lheureux ont annoncé au Plateau qu'il n'y aurait pas de nouveau conventionnement avec eux en 2023. Un douche froide pour les responsables de l'association, à qui la nouvelle a été annoncée sans préambule et ce alors qu'ils travaillaient de longue date avec la Municipalité pour le reconventionnement.
11 SALARIÉS, 500 PERSONNES ACCUEILLIES PAR JOUR
La structure accueillait jusqu'à 500 personnes par jour, grâce à une très large offre d'activités de loisirs, culturelles, d'accompagnement scolaire etc. 11 salariés sont également laissés sur le carreau, car le personnel ne sera pas repris pas la Municipalité. La politique anti-sociale de Piolle, qui touche en premier lieu les quartiers populaires, se poursuit à marche forcée.
LA MAIRIE VEUT REPRENDRE LA MAIN
La Mairie déloge l'association pour "tenter une nouvelle approche", comme l'explique Isabelle Peters dans Le Dauphiné Libéré (26/10/2022). Comprendre : imposer des structures municipales, et ainsi caporaliser les activités jusqu'alors proposées en toute autonomie et avec succès par l'association. Comme pour le secteur culturel, les élus rouges/verts ne supportent pas ce qui fonctionne sans eux et tentent de le récupérer. Sauf que rien n'a encore été pensé, évidemment, et les habitants devraient se retrouver sans aucune offre pendant plusieurs mois. "L'arc humaniste" aura décidément bien éteint la tradition de solidarité de Grenoble.
LA DÉCONVENUE DU SOCIALISME GRENOBLOIS
Il convient de préciser que le directeur du Plateau n'est autre qu'Hassen Bouzeghoub, également conseiller municipal d'opposition socialiste aux côtés de Cécile Cénatiempo et Romain Gentil (élus sur la liste Noblecourt). Olivier Noblecourt avait pour ambition un ralliement à Eric Piolle au second tour des municipales 2020 : l'intéressé a refusé. Depuis le début du mandat, et plus particulièrement encore depuis l'avènement de la NUPES au niveau national, ces conseillers socialistes "d'opposition" persistent et ne cessent de louvoyer avec la majorité Piolle, allant presque systématiquement dans leur sens, prenant soin de ne pas les froisser (hormis quand il s'agit du burkini ou lorsqu'Eric Piolle s'attaque un peu trop au bilan Destot). Un positionnement qui doit sans doute beaucoup au collaborateur de ces élus à la ville, David Bousquet, également secrétaire national du PS et numéro 2 des socialistes de l'Isère : le gardien du vieux temple PS désormais inféodé à LFI et à la NUPES peut veiller au grain. Les courbettes de la vieille gauche n'auront pas suffi : Eric Piolle abat sans ménagement l'association d'Hassen Bouzeghoub.
LA CORDÉE : "EN 10 MINUTES, ILS ONT ACTÉ LA MORT DE L'ASSOCIATION"
À la Villeneuve, même situation pour l'association La Cordée qui proposait le même type de services. "En 10 minutes, ils ont acté la mort de l'association", témoigne dans le Dauphiné la Présidente Geneviève Berthet, dégoûtée. La Cordée était très présente pour le quartier, sur des horaires bien plus étendus que ce que peuvent faire des services municipaux. C'était l'une des dernières associations non-confessionnelles dans un secteur déjà cruellement oublié des élus.
LA MUNICIPALITÉ S'IMAGINE FAIRE MIEUX
Drapés de leur arrogance habituelle, ils imaginent pouvoir faire mieux que des associations solidement implantées, reconnues par les habitants. Et ce alors que leur seul bilan à la Villeneuve se résume à avoir laissé des gens pourrir dans des habitations insalubres et vu les commerces baisser le rideau les uns après les autres. Mais les donneurs de leçons se pensent plus compétents que quiconque.
LA TRADITIONNELLE BRUTALITÉ DU SYSTEME PIOLLE
Cette annonce soudaine, qui laisse sur le carreau des personnes dont c'est le travail, des bénévoles, et de nombreux habitants, est symptomatique de la brutalité du système Piolle. On retrouve le même scénario qu'avec les acteurs de la culture, qu'avec les unions de quartier et le CLUQ, ou encore qu'avec les habitants pour les places aux enfants. Eric Piolle décide, ses élus annoncent brusquement la décision aux concernés, et ils acceptent ensuite de discuter pour donner l'illusion de l'écoute, sans évidemment rien changer à leurs choix.
LE GROUPE D'OPPOSITION INTERVIENDRA AU CONSEIL MUNICIPAL
Dans un communiqué, le Groupe d'Opposition (Alain Carignon, Nathalie Béranger, Brigitte Boer, Chérif Boutafa, Nicolas Pinel, Dominique Spini) a annoncé qu'ils interviendraient en conseil municipal pour dénoncer ce nouveau coup porté par la majorité, et qu'ils s'associeront à toutes les initiatives en ce sens. "Eric Piolle poursuit la reprise en main brutale de toutes les activités de la ville. La programmation des théâtres enlevée à un collectif indépendant, l’extinction des festivals qui déplaisent, l’imposition de chartes reflétant l’idéologie municipale qui conditionnent les subventions aux activités culturelles, même la mise au pas annoncée du Musée de Peinture, tout conduit à une uniformité et une normalisation sur les bases des dogmes municipaux. Même le Comité de Liaison des Unions de Quartiers est asphyxié afin de tuer son expression libre."
LA MISE SOUS TUTELLE MUNICIPALE SE POURSUIT
Après l'indépendance retirée au théâtre, les critères imposés aux acteurs culturels pour les subventions, les attaques contre les unions de quartier et le CLUQ, la reprise en main du musée, la Municipalité souhaite désormais mettre sous tutelle l'éducation populaire et les activités dans les quartiers. En passant en force, au détriment du personnel et des habitants attachés à ces structures. Et sans que rien ne laisse présager que la ville fera mieux que ces acteurs de proximité, vu l'absence de résultats sur tous les sujets gérés en direct par les élus du système Piolle.