VILLENEUVE : L’ABANDON DE LA MUNICIPALITÉ

Qu'elle est loin l'utopie urbaine de la Villeneuve vendue par le père des quartiers, Hubert Dubedout. Le Dauphiné Libéré (4/11/24) a donné la parole à un collectif d'habitants qui dépeint le visage d’un quartier abandonné par la municipalité. 

LE COLLECTIF MIQA DÉSABUSÉ 

Le collectif Miqa, porté notamment par Paul Hazebroucq (qui semble avoir évolué depuis son analyse selon lequel le déclin de la Villeneuve était la faute à... Sarkozy !) est né en 2017 après l’incendie du collège de Villeneuve. Il n'y va pas par quatre chemins. Pour lui, la dégradation est partout : sécurité défaillante, espaces publics à l'abandon, désertification commerciale. « Les laissés-pour-compte de la ville » : voilà comment se définissent les habitants qui n'espèrent plus rien de cette municipalité et dénoncent l'inertie des élus. 

PROPRETÉ ET SÉCURITÉ AU COEUR DES REVENDICATIONS

Le collectif avait placé la propreté, la sécurité et l'éducation en tête de ses revendications dès sa création en 2017. Il a eu droit un moment à l'écoute des élus, les élections municipales de 2020 approchant... Mais quelles que soient les réunions et les promesses, sur le terrain, rien n'a changé. Ou en pire. Il suffit de se balader à Villeneuve pour constater l'espace public jonché de détritus, la dégradation partout, le stationnement anarchique, la présence des dealers. 

UN QUARTIER SANS COMMERCES

C'est aussi un désert commercial, un quartier de 12 000 habitants privé de services de base. Les habitants sont privés de boulangerie, d'épicerie, n'ont aucun lieu d’approvisionnement de proximité. En juillet dernier, la pharmacie de la Place des Géants, dernier commerce de ce secteur, a fermé. "En quelques années, vingt commerces ont disparu" explique au DL Paul Hazebroucq. La paupérisation des quartiers est pour quelque chose dans cette désertification, mais aussi le centre commercial Grand Place (construction Hubert Dubedout) qui a participé à l'assèchement des commerces du sud de la ville. Les Verts/LFI ont approuvé l'an dernier son agrandissement.  

La place des géants est une succession de rideaux baissés, complètement désertée

LA CHUTE LIBRE DE L'IMMOBILIER

Conséquence logique : le marché immobilier s’effondre avec un prix du m2 inférieur à 1000 € dans le quartier. Les appartements perdent jusqu'à la moitié de leur prix d'achat initial. Les propriétaires, certains ayant investi des milliers d’euros dans des travaux énergétiques, voient leur patrimoine dévalué, incapables de récupérer leur mise. "Je veux partir, mais je ne peux pas" lâche dégoûtée l'une d'elle qui perdrait la moitié du prix d'achat il y a 20 ans si elle revendait aujourd'hui. Une spirale de paupérisation, qui dissuade les familles de s’installer et incite au départ de celles qui le peuvent.

LA PAUPÉRISATION AVANCÉE

Toutes les statistiques confirment cette paupérisation : 44% des habitants de la Villeneuve vivent sous le seuil de pauvreté et un quart des jeunes de 16 à 25 ans sont sans emploi ni formation. Dans le secteur 6 (Villeneuve et Village Olympique), la proportion d’enfants ayant son ou ses parents inactifs (c’est-à-dire pas en recherche d’emploi) atteint 60 % ! Un cumul de difficultés sociales : voilà le bilan des champions de l'humanisme et de la justice sociale après 10 ans de mandat. Leurs incantations n'ont amélioré le quotidien de personne.

DES ÉLUS ABSENTS

Pour compléter ce triste tableau, la lenteur et l'inefficacité de la réponse municipale sont devenues la norme. Le collectif Miqa dénonce une absence de dialogue et de suivi : malgré des demandes répétées, les élus sont désormais inaccessibles (les élections sont passées, ils ne font plus semblant), et les problèmes, eux, s’aggravent. Alors que leurs demandes de RDV par mail restent lettre morte, les habitants tentent de les interpeller lorsqu'ils se déplacent pour un évènement mais ceux-ci balaye leurs demandes expliquant que "ce n’est ni le temps ni l’endroit". La proximité à la Piolle.

UN PROJET DE LAC BAIGNABLE HORS DE PROPOS ...

À côté de toutes ces urgences, la municipalité a dégainé... un projet de lac baignable, vécu comme une absurdité. Alors que le quartier manque de commerces, de sécurité, de services de base, les élus persistent bêtement dans une lubie à près 6 millions d'euros, déconnectée des réalités locales, et très vivement rejetée par les habitants (pétition avec des milliers de signataires, consultation qui a engrangé seulement 14% de soutien...). À noter que le groupe d'opposition d'Alain Carignon a engagé un recours pour stopper le projet, complètement hors de propos eu égard aux enjeux du quartier.

... ET UNE RÉNOVATION URBAINE QUI NE CHANGE RIEN

L'autre grande fierté des Verts/LFI, la rénovation urbaine de la Villeneuve, n'est pas non plus de nature à changer la donne. Derrière les immeubles refaits, rien ne change car le coeur du problème, la politique du logement de concentration de la misère, est toujours le même et n'est pas remis en cause. Les façades ripollinées et la grandiloquence des chiffres d'investissements jouent le rôle de cache-misère d'un échec social persistant.

LES RÉPONSES BANCALES DE CHLOÉ PANTEL

Les réponses de Chloé Pantel (Verts/LFI), adjointe au maire chargé du secteur interrogée par le Dauphiné, ne seront pas de nature à apaiser le ras-le-bol des habitants. Elle conteste être en rupture de dialogue avec le collectif Miqa (on voit sur le terrain à quel point leurs revendications sont prises en compte !), refuse d'admettre qu'il y a une paupérisation (elle ne connait sans doute pas les chiffres) et défend encore son projet de lac. Elle ne daigne que reconnaitre du bout des lèvres "un problème de stationnement parce que les bornes sont dégradées" : décidément toujours à la hauteur des enjeux !

Chloé Pantel, zélée porte-parole de la municipalité Piolle qui refuse de voir les problèmes

L'URGENCE D'UN CHANGEMENT DE CAP

Le déclin de la Villeneuve n'est pas inéluctable. En réinstaurant une politique de logement équilibrée pour attirer une classe moyenne qui peut consommer (donc faire vivre le commerce) et devenir propriétaire, une mixité d'usage en installant des bureaux et des activités, en s'attaquant véritablement aux sujets du trafic et de la propreté, en menant une politique d'incitation de l'implantation commerciale... Bref, en renversant complètement la table pour rompre avec la politique menée jusqu'ici qui a systématiquement échoué, comme le propos le groupe société civile d'Alain Carignon. 

Mais jusqu'ici, nombre d'habitants qui se plaignent aujourd'hui ont hier soutenu les responsables de leurs malheurs. En 2020, au premier tour, les 6 bureaux de vote de Villeneuve comptaient 5085 électeurs au total. 3437 d'entre eux ne sont pas allé voter, soit près de 70% d'abstention. Les quelques uns qui se sont déplacés pour voter ont porté Eric Piolle en tête au 1er tour (avec des scores allant de 32% à 49% selon le bureau !). Sans prise de conscience du poids du vote, aucun changement n'est à attendre. 

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