VILLENEUVE : LA DÉMOLITION DE L’URBANISME DUBEDOUT SE POURSUIT

Toujours dans la grandiloquence, la municipalité aligne dans Place Gre'Net les chiffres d'investissements de l'ANRU (l'Agence Nationale de la Rénovation Urbaine) cache-misère de l'échec social. 20 450 000 € à nouveau investis à l'Arlequin. Chaque fois on démolit tout ce qu'on peut pour réduire une folle urbanisation voulue par les concepteurs. Dans la nouvelle phase, la salle 150 installée devant le Patio au 60, 90 et 110 galerie de l'Arlequin sera démoli.

L'idée initiale d'une densification très forte avec de nombreux équipements au pied des immeubles s'est révélée totalement contreproductive. On réduit l'une et les autres. Mais sans l'avouer. 

LE MYTHE DENSIFICATEUR A LA VIE LONGUE

La démolition de barres entières se poursuit malgré les cris d'orfraies de quelques rares puristes qui demeurent et auraient voulu maintenir la fiction d'une réussite urbanistique. N'oublions pas que depuis les années 70 la gauche et les Verts vivent sur ce mythe de l'urbanisme densificateur, intégrateur et de mixité sociale, avec un haut niveau d'équipements publics. Celui du "père des quartiers", Hubert Dubedout. Pratiquement aucun d'entre eux n'y vit évidemment. 

UN DES QUARTIERS LES PLUS PAUVRES ET INSÉCURE DE FRANCE

Le résultat est connu dans les chiffres : Villeneuve est l'un des 10 quartiers les plus pauvres et les plus insécure de France. Ce succès n'est jamais vraiment célébré, mais passé sous silence, camouflé derrière une logorrhée verbale, des incantations. On a même sérieusement daté au discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble, le départ de la dégradation !

DES SUPPLÉTIFS ONT JUSTIFIÉ LES ÉCHECS 

Il s'est même trouvé des supplétifs, là où on ne les attendait pas, Thibault Daudigeos et Frédéric Bally, enseignants à Grenoble Ecole de Management (GEM) dont le rôle - normalement - n'était  pas de devenir une annexe de Sciences-Po-wokisme, venus dans les médias pour "contextualiser" plus généralement l'image de la violence de la ville, mais juger qu'elle date du même discours.

33 ACTES DE VIOLENCE AVEC ARMES À FEU EN 3 MOIS : LA FAUTE À SARKOZY ?

Ca prêterait à rire quand on suit l'actualité Grenobloise depuis le meurtre de Kevin et Sofiane, à l'arme blanche, lors d'une expédition punitive de caractère tribal à Villeneuve encore, qui avait donné lieu à une émotion nationale, une chanson de Calogero, en passant par celle des deux jeunes de Mistral, morts sur le pont de Catane en 2019 jusqu'à hier, avec le gamin de 15 ans tué à Hoche, 33ème acte de violence par armes à feu depuis 3 mois. Où sont Messieurs Thibault Daudigeos et Frédéric Bally pour "contextualiser" et accuser Sarkozy ?

EFFICACITÉ ENERGÉTIQUE, MAIS INHABITABLES

La nouvelle opération sur laquelle la municipalité communique concerne la réhabilitation des résidences Actis situées au 60, 90 et 110 galerie de l’Arlequin. Elles en ont bien besoin. Une partie des appartements est squattée. Même des primo arrivants logés là en urgence ont du fuir leur logement menacés par les dealers. On va investir gros notamment pour ... "l'efficacité énergétique". On ne peut pas vivre dans un logement, mais il sera "énergétiquement" efficace.  

LA STRUCTURE SOCIOLOGIQUE DEMEURERA LA MÊME

L'absence de toute considération à l'humain caractérise ses investissements exclusivement tournés vers le bâti, les façades. Pourtant le premier vivant à protéger, à sauvegarder c'est l'homme. Il n'entre pas dans le calcul. Il suffit d'observer l'état de l'espace public dans la partie rénovée pour le comprendre. 

Villeneuve comptera moins d'habitants, mais la structure sociologique demeurera la même. Sans rééquilibrage privé/public, sans mixité d'usage entre activités et habitations, les mêmes causes reproduiront à l'infini les mêmes résultats. 

GRAND PLACE ASSÈCHE TOUT LE COMMERCE DE PROXIMITÉ DU SUD 

D'autant que l'urbanisme Dubedout et de la gauche/verts de l'époque a cumulé les fautes : en créant un grand centre de consommation attractif au sud - que la municipalité Piolle a agrandi - il asséchait toute possibilité d'existence aux commerces de proximité dans tous les quartiers déjà défavorisés. Village Olympique, Vigny-Musset, Villeneuve, Beauvert se trouvent vidés par cette aspiration de consommation vers Grand Place. 

SANS REVALORISATION, PAS DE CLASSE MOYENNE

Sans le retour d'une classe moyenne aisée dans ces quartiers grâce à leur véritable revalorisation, une classe moyenne en capacité de consommer un peu plus cher à proximité, rien ne sera possible et la désertification commerciale de tout le sud de la ville se poursuivra. 

COUR DES COMPTES : LES QUARTIERS SONT DES NASSES

Tout est connu. Sur la table. La Cour des Comptes a étudié le dossier de la politique de la ville dans les quartiers, envoyant une dizaines de conseillers enquêter pendant des mois. "L’analyse de l’évolution des revenus des habitants des Quartiers prioritaires par les flux entrants et sortants suggère que la mixité sociale diminue (...) ils sont des nasses et jouent un rôle de "sas "pour une faible partie de leurs habitants"..." Les conclusions du dernier et imposant rapport de la Cour des Comptes sur le bilan de la politique de la ville sont accablantes.

À de multiples reprises (ici au Conseil Municipal de juillet 2020) Alain Carignon plaide pour la prise en compte de l'humain, de l'équilibre social et un changement de politique dans les quartiers.

UN ARBRE RUE TRÈS CLOITRES PLUS CHER QU'UN APPARTEMENT À VILLENEUVE

Les démolitions d'une partie de l'urbanisme Dubedout diminueront la pression à la marge, mais ne résoudront pas grand chose. C'est l'équilibrage du peuplement, l'accompagnement social et socio-culturel qu'il faut revoir afin de revaloriser la valeur des biens. Pour planter un seul arbre au 1 rue Très cloitres (les travaux sont en cours), en cassant des mètres carrés de superbes pavés, la puissance publique dépense de l'ordre de 100 000 €, un coût largement supérieur à un appartement de Villeneuve.

"POURQUOI CONTINUER UNE POLITIQUE QUI ÉCHOUE ?"

Le problème est qu'avec la Presqu'ile, Flaubert, les mêmes concepts de densification et le déséquilibre social produiront aussi les mêmes effets. "Pourquoi continuer une politique qui échoue ?" demande inlassablement Alain Carignon.

PLUS LES QUARTIERS SONT DÉFAVORISÉS, PLUS ILS VOTENT EXTRÊME GAUCHE

La réponse est probablement difficile à entendre tant elle est cynique. Plus les quartiers sont défavorisés, ghettoïsés plus ils votent extrême gauche. Moins les habitants sont autonomes, en capacité de maitriser leur destin sur tous les plans, moins ils sont libres, indépendants. La paupérisation d'une grande partie de la ville est certainement un choix politique. 

UN ILOT DE PROSPERITÉ ET DE PAIX...

Elle permet de régner sur deux parties qui ne se rencontrent pratiquement pas. La seconde, très à l'aise financièrement, qui voyage, très préoccupée par l'avenir de la planète, ne se rend que marginalement dans ces quartiers, pour ceux qui ont à se fournir en produits illicites. La municipalité peut leur faire valoir qu'elle porte leurs objectifs. Ils ne sont pas regardants sur les détails.

... NE PEUT PAS VIVRE DANS UN OCÉAN DE PAUVRETÉ ET DE VIOLENCE

Jusqu'à quand cette Métropole à deux vitesses pourra-t-elle cohabiter sans heurt ou prise de conscience ? On est arrivé au bout d'un processus politique qui démontre ses risques. Un ilot de prospérité et de paix relative ne peut pas vivre durablement dans un océan de pauvreté et de violence. 

4 Comments

Laisser un commentaire

"LES INFORMÉS" : LES COULISSES DE LA VIE GRENOBLOISE !

X