UN CONSEIL MUNICIPAL SOUS TENSION EXTRÊME

Le conseil municipal d'hier, le premier depuis l'été, a été particulièrement agité. Les premières heures ont été consacrées au projet de réaménagement de l'Avenue Jeanne d'Arc, alors que les habitants et commerçants manifestaient dehors et que le Maire a refusé de les recevoir. 

LES MANIFESTANTS DEMANDENT À ÊTRE RECUS

Dès 9h, les manifestants étaient présents avec leurs banderoles devant l'entrée du conseil. Le mot d'ordre : non au projet tel que prévu actuellement par la municipalité, qui conduirait à la suppression de 70% du stationnement et d'1/5ème des grands arbres de l'avenue. Leur demande : être reçu par le Maire et les élus afin de pouvoir exposer tous les problèmes qu'engendrerait ce projet et leur proposition de tracé alternatif qui concilierait mobilités douces et vitalité commerciale.

Les banderoles déployées sur l'hôtel de ville hier.

REFUS ET RÉPONSE LUNAIRE D'ERIC PIOLLE

Demande qu'a relayé le président du groupe société civile Alain Carignon, proposant que le Maire interrompe le conseil pour les recevoir et les entendre. La réponse d'Eric Piolle a été pour le moins lunaire : il a refusé de rencontrer les représentants des habitants et commerçants, expliquant que le conseil municipal n'est pas le bon cadre, avant un passage surréaliste où le Maire s'est plaint en affirmant avoir rencontré l'un d'eux dans un train qui lui aurait expliqué être persuadé qu'il roule en 4x4 et veut supprimer Noël. 

L'EGO PIOLLESQUE EMPORTE TOUT

Quel que soit le sujet, l'ego piollesque revient au galop : il ne peut pas s'empêcher de tirer la couverture à lui, à ses petits problèmes. Une manière pleine de mauvaise foi d'éluder le vrai problème. Quelques heures après le décès de Lilian Dejean, sa manière d'expliquer que lui-même avait déjà porté secours sur des accidents de la route avait déjà particulièrement choqué. Le voilà qui récidive en parlant de sa personne alors que ce n'est pas du tout le sujet. Ce que lui a lancé Alain Carignon : "quand on est Maire, on doit s'oublier soi-même. On doit dépasser sa personne. On ne doit pas tout ramener à son nombril. (...) Vous avez rencontré quelqu'un dans le train... Pourquoi ne rencontrez-vous pas les habitants, les commerçants plutôt que de parler de vous ?".

Eric Piolle hier en conseil : entre autoritarisme et mauvaise foi.

LE MAIRE HUÉ À L'INTÉRIEUR DU CONSEIL...

Une intervention vivement applaudie par le public, ce qui n'a pas été du goût d'Eric Piolle. Le Maire condamné dans le cadre de l'attribution de marchés sans appels d'offres pour la fête des tuiles, et qui est mis en cause dans les accusations de rémunérations occultes d'Elisa Martin a osé lancer en réponse : "je me passe de vos conseils, nous n'avons pas le même honneur". Récoltant les sifflets et quolibets du public présent dans la salle.

... ET À L'EXTÉRIEUR

À l'extérieur, l'ambiance était encore plus chaude. Se voyant refuser l'accès au public (malgré plusieurs places libres comme l'ont souligné plusieurs élus face à Eric Piolle répétant le mensonge d'une salle prétendument pleine) et leur demande d'être reçus, les manifestants ont donné de la voix, apposé leurs banderoles contre les vitres de l'hôtel de ville et ont décidé de rester en occupant le parvis tant qu'ils n'auraient pas pu voir le Maire (avant le vote de délibération, après quoi il serait trop tard). 

Les manifestants hier. À noter Elisa Martin copieusement huée aux cris de "Elisa rends l'argent" en référence à sa mise en cause dans une affaire de rémunérations occultes alors qu'elle allait récupérer ses affaires... sous escorte policière.

SUSPENSION DE SÉANCE ET RENCONTRE AVEC LES OPPOSITIONS

Amel Zenati (groupe des exclus de la majorité) a alors demandé une suspension de séance pour que les élus puissent rencontrer les manifestants. Le Maire et ses adjoints ont refusé de s'y joindre. Plusieurs élus d'opposition (Alain Carignon, Charah Bentaleb, Nathalie Béranger, Brigitte Boer, Chérif Boutafa, Dominique Spini ainsi qu'Amel Zenati, Cécile Cénatiempo, Pascal Clouaire ou encore Hosny Ben Redjeb, Anne Roche et Delphine Bense) sont allés à la rencontre des habitants et commerçants pour leur signifier ce mépris d'Eric Piolle et de son équipe. 

"ON VA PAS DISCUTER AVEC ÇA" : L'INSUPPORTABLE MÉPRIS DE CONFESSON

À la reprise du conseil, la conseillère municipale Anne Roche a rapporté les propos infâmes tenus par Alan Confesson : "on va pas aller discuter avec ça" a-t-il lancé à propos des manifestants. Insupportable condescendance d'un roquet qui, parce qu'il est de La France Insoumise, estime qu'il est mathématiquement dans le camp du bien et qu'il n'a pas à écouter ceux qui ne sont pas d'accords avec lui. On retrouve là leurs techniques de disqualification habituelles, où ils usent tantôt du mépris tantôt de la diabolisation face à ceux qui ne sont pas de leur camp. L'adjoint LFI n'a pas nié les propos, c'est tout juste s'il a regretté de les avoir tenu et annoncé vouloir revenir dessus. Eric Piolle a même osé défendre son élu en expliquant qu'il faut regarder "le contexte". Les Rouge/Verts dans toute leur splendeur.

LES OPPOSITIONS VENT DEBOUT CONTRE L'AUTORITARISME DES VERTS...

La délibération relative à l'avenue Jeanne d'Arc est enfin arrivée dans ce contexte plus que tendu. Sa présentation était couplée avec une autre délibération à propos du Cours Berriat, confirmant que partout, la majorité municipale use des mêmes méthodes. Un à un, tous les groupes d'opposition se sont exprimés pour appeler à écouter les habitants et commerçants et fustiger l'autoritarisme piollesque : Emilie Chalas, Hosny Ben Redjeb (qui a proposé un amendement oral pour organiser une concertation), Hassen Bouzeghoub, Pascal Clouaire (qui a proposé un autre amendement similaire), Anne Roche, Laure Masson...

Le groupe d'opposition société civile hier en conseil.

BRIGITTE BOER : "LE MÉPRIS POUR CEUX QUI N'ONT PAS LE BONHEUR D'ÊTRE DE VOTRE AVIS"

Brigitte Boer, coprésidente du groupe société civile, a fustigé le deux poids deux mesures piollesque selon que l'on partage ses opinions ou non : "la seule décision que vous pourriez prendre pour calmer le jeu serait de reporter le vote de cette délibération, à une date après laquelle vous aurez enfin pu écouter les arguments des personnes qui représentent une majorité d’habitants du quartier et qui manifestent depuis le début contre ce projet. Je rappelle quand même qu’il vous est arrivé par le passé de recevoir des manifestants pendant le Conseil Municipal. Je trouve dommage que cette fois-ci, cela n’ait pas été le cas. Cela démontre, une fois de plus le manque de considération, pour ne pas dire le mépris que vous manifestez pour les habitants qui n’ont pas le bonheur d’être de votre avis".

CHARAH BENTALEB : "LE VIVRE-ENSEMBLE COMMENCE PAR L'ÉCOUTE"

Sa collègue du groupe d'opposition Charah Bentaleb est également intervenue a rappelé la pauvreté de raisonnement de la majorité municipale : "d'autres modèles d'aménagement existent, vous devez innover. Peut-être qu'une solution différente, comme un cheminement alternatif sur une rue adjacente, pourrait mieux répondre aux besoins de  tous ? Quoi qu'il en soit, quel que soit le projet, il doit s'inscrire dans une vision d'aménagement urbain global. Partout où vous intervenez, une contestation forte émerge. Cela devrait vous amener à réfléchir aux conséquences de vos choix. Gouverner, c’est écouter : le vivre-ensemble commence par l’écoute des citoyens". Elle a également présenté au nom du groupe un amendement proposant un moratoire pour prendre le temps de réétudier le projet avec les habitants.

ALAIN CARIGNON : "C'EST TOUT UN ÉCOSYSTÈME QUE VOUS ALLEZ CASSER"

C'est Alain Carignon qui a terminé les interventions : "vous allez mettre un coup à la proximité, à la convivialité du quartier. Quand les services n'existeront plus il faudra que les habitants aillent à Neyrpic ? (...) Le scénario alternatif dont ils vous parlent figurait dans vos propres documents en 2018. Prenez en compte ce qui vous figurait dans vos propres réflexions. (...) C'est tout un écosystème que vous allez casser (...) Les habitants et commerçants ne sont pas des antivélos, des beaufs arriérés, ce sont des femmes et des hommes normaux qui habitent et travaillent dans cette rue, dans cette ville". Le chef de file de l'opposition a également précisé que son groupe voterait tous les amendements des autres groupes, ceux-ci allant tous dans le même sens.

L'intervention d'Alain Carignon.

MAXENCE ALLOTO JOUE AU TOUTOU DE PIOLLE 

Une seule intervention a dénoté parmi les oppositions. Celle de Maxence Alloto. Celui-ci est venu à la rescousse de l'équipe Piolle, en expliquant que "le but c'est pas à chaque fois d'aller chercher des projets clivants et faire du populisme" (comme si relayer la parole d'habitants était du populisme) et manifestant le soutien de son groupe (qui compte aussi Barbara Schuman et Anouche Agobian) au projet. La trompette-girouette a une nouvelle fois changé de direction.

PIOLLE ET NAMUR PERSISTENT ET SIGNENT

En réponse à l'opposition, Eric Piolle a persisté dans ses postures et sa mauvaise foi, osant évoquer un prétendu échange avec le Maire de Copenhague lui signifiant qu'il reçoit des menaces de mort lorsqu'il souhaite aménager des infrastructures routières. Une manière honteuse de diaboliser les manifestants de Jeanne d'Arc qui n'ont bien évidemment jamais proféré de menaces. Gilles Namur (Verts), l'adjoint-pompier envoyé au feu sur tous les dossiers, lui a emboité le pas en évoquant des "contrevérités et caricatures" là aussi pour tenter de disqualifier les opposants, et en se cachant derrière les sacro-saintes études sur les cyclistes qui consommeraient alors qu'eux-mêmes n'y croient pas puisqu'ils ont reculé pour le projet de la rue de Strasbourg.

Pour donner une idée de la considération dont sont capables les Verts/LFI, à l'heure où la manifestation et les débats battaient leur plein à propos de Jeanne d'Arc, l'élue de la majorité Salima Djidel (dont le sectarisme est inversement proportionnel à l'utilité) n'était préoccupée que par le remboursement de ses chaussures.

L'OPPOSITION SOCIALISTE LA JOUE SOLO

Le conseil a ensuite procédé au vote. L'amendements du groupe d'Alain Carignon et celui d'Hosny Ben Redjeb ont été rejetés : la majorité et le groupe d'Alloto ont voté contre tandis que l'intergroupe des socialistes et exclus de la majorité (Pascal Clouaire, Amel Zenati, Hakim Sabri, Laure Masson, Cécile Cénatiempo, Hassen Bouzeghoub, Romain Gentil) se sont abstenus. Ces derniers l'ont joué solo en ne votant que leur propre amendement qui a également été rejeté (car la majorité et le groupe Alloto ont encore voté contre). La délibération sur le projet a finalement été adoptée avec les seules voix de la majorité et du groupe Alloto/Schuman/Agobian, toutes les oppositions votant contre.

LA MOBILISATION CONTINUE

Malgré le vote de cette délibération, tout n'est pas perdu pour les habitants et commerçants de l'avenue Jeanne d'Arc. D'abord sur le terrain juridique avec des recours déjà engagés. Mais la mobilisation va également continuer du côté de la métropole, qui a le dernier mot sur ce dossier d'aménagement, et alors que des élus grenoblois de l'exécutif métropolitain manifestent désormais leur opposition au projet. 

L'extrême-tension qui a régné hier au conseil, les attaques déplacées et maladroites d'Eric Piolle, le tir de barrage d'oppositions qui allaient très souvent dans le même sens a en tout cas confirmé l'atmosphère de fin de règne qui se déploie pour la majorité municipale. 

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