« GRATUITÉ » DES MOINS AISÉS : LES CONTRIBUABLES PAYENT LE COUP DE COMM’

C'est la grande annonce piollesque de la rentrée. Celle avec laquelle les Rouge/Verts espèrent faire oublier tous les boulets qu'ils se trainent et qui s'alourdissent chaque semaine. Hier, la "gratuité" des transports pour les moins aisés a finalement été annoncée. Qu'en est-il réellement ?

UNE VIEILLE PROMESSE AU RABAIS

En 2014, la liste Piolle était élue en promettant la gratuité pour les 18-25 ans. Mesure jamais appliquée alors que pendant 6 ans ils ont tenu la majorité métropolitaine et même présidé le syndicat des transports (SMTC devenu SMMAG) avec à sa tête Yann Mongaburu (Verts). En 2020, la même liste s'est engagée à réaliser la gratuité pour tous le week-end, et pour les plus précaires. Hier donc, Nicolas Kada et Margot Belair, adjoints Verts/LFI, ont annoncé la gratuité seulement pour les plus précaires. Exit la "gratuité" universelle. 

LES VERTS EUX-MÊMES PRÉVOIENT LA PARTICIPATION DES USAGERS

Il faut dire que ce vieux mantra à 70 millions d'euros par an est inenvisageable dans une collectivité aux finances exsangues. À Lyon, le président (pourtant Vert !) de la Métropole, Bruno Bernard, l'a expliqué en début de mandat à ses Vice-Présidents LFI : "ils défendaient la gratuité des transports; au cours de la discussion, ils ont compris que la tarification solidaire était préférable" (le JDD). Même à Grenoble, nos chers élus promoteurs de la gratuité ont élaboré un Plan de Déplacement Urbain (PDU) qui prévoit... une hausse de la participation des usagers au financement des transports d'ici 2030 !

Le PDU impulsé par Piolle et Mongaburu en 2019 prévoit que la participation des usagers (achat de tickets et abonnements) couvrirait 31% des coûts d'exploitation du réseau en 2030. 

LE CONTRIBUABLE GRENOBLOIS PAYE LA "GRATUITÉ" DES AUTRES 

La "gratuité" n'existe donc pas. Soit les autres usagers payent davantage pour compenser ceux qui bénéficient du service gratuitement. Soit c'est la collectivité, et donc le contribuable, qui met la main à la poche. C'est le cas ici : la mesure chiffrée à 1,5 millions par la ville est financée directement par la hausse massive de taxe foncière qui frappe les propriétaires grenoblois. Faire cette annonce alors qu'ils ont reçu leur avis d'imposition très douloureux il y a quelques jours a quelque chose de particulièrement provocateur.

DES BÉNÉFICIAIRES QUI NE PAYAIENT PRESQUE RIEN

Mais qui sont donc les bénéficiaires de cette "gratuité" ? Il s'agit des personnes avec un quotient familial inférieur à 715 euros (pour un couple avec un enfant, cela signifie donc que le revenu total du foyer ne doit pas excéder 1800 euros). Le seuil est placé très bas. La ville estime le nombre de grenoblois concernés à 47 000. À noter que ceux-ci bénéficaient déjà d'offres d'abonnement très peu onéreux (donc très subventionnés par la collectivité / le contribuable) : 15 euros par mois maximum, 2,5 euros pour les plus précaires...

Les bénéficiaires de cette "gratuité" payée par les autres sont les bénéficiaires des abonnements Pastel A et Pastel B, qui payaient déjà très peu.

LA PRÉCARISATION DE LA VILLE VA DEVENIR INSOUTENABLE

Au passage ce chiffre avancé de 47 000 potentiels bénéficiaires éligibles (ce qui ne signifie pas qu'ils se tourneront vers les transports) en dit très long sur le degré de précarisation de la ville. Près d'1/3 des foyers grenoblois ont donc de très faibles revenus. Une portion de contribuables de la classe moyenne met la main à la poche pour ceux que la municipalité décide d'exempter de toute participation. Mais cette part de contribuables, qui se mettent forcément à fuir une ville qui les matraque pour tout, se réduit de plus en plus à mesure que la ville se paupérise : l'équation sera à terme insoutenable car la collectivité elle-même n'aura plus aucune marge d'investissement avec de moins en moins de recettes d'impôts. 

Part d'enfants de 0 à 2 ans vivant dans une famille à bas revenus à Grenoble. Plus le carré est foncé, plus le taux est élevé.

PAS D'EFFET NOTABLE POUR L'ENVIRONNEMENT

À ceux qui imagineraient que cette "gratuité" ciblée sera bénéfique pour l'environnement, il faut également rappeler cette étude du SMMAG qui avait conclu que les usagers de la voiture ne sont pas attirés par une telle mesure. 7 utilisateurs sur 10 des transports "gratuits" auraient de toute façon pris les transports même s'ils étaient payant, 2 sur 10 auraient préféré les transports au vélo ou à la marche... et seulement 1 utilisateur sur 10 aurait délaissé sa voiture. Le bilan carbone du report modal est donc quasi nul. 

DES COÛTS SUPPLÉMENTAIRES POUR ADAPTER LE RÉSEAU ? 

Mais admettons que le scénario rêvé des Verts (certes contredit par l'étude) vienne à se réaliser : un afflux soudain et massif de nouveaux utilisateurs des transports, alors que plusieurs lignes sont déjà saturées selon les heures, rendrait nécessaire de gros investissements supplémentaires pour adapter l'offre à la demande, et ce très rapidement. Investissements qui reposeraient alors sur le dos de la métropole et du SMMAG, qui cumulent à eux deux plus d'1,2 milliards d'euros de dette et n'ont donc pas de marge de manoeuvre. 

Le SMMAG doit aujourd'hui redoubler d'efforts pour rattraper le retard de désendettement des années Piolle / Mongaburu qui ont laissé une ardoise écrasante, paralysant les capacités d'investissement pour les transports.

VERS DE NOUVELLES HAUSSES D'IMPÔTS ?

En l'absence d'économies d'échelle / mutualisations avec la ville-centre, ce serait alors un aller simple vers une nouvelle hausse d'impôts : que ce soit sur les entreprises via la CFE (déjà augmentée cette année) ou en touchant à la part de taxe foncière métropolitaine (comme le souhaitent déjà les Verts à l'image de ce qu'ils ont fait à Grenoble...), scénario que n'exclut d'ailleurs pas le Président Christophe Ferrari dans le futur. Par ricochet, une décision solitaire de la ville pourrait donc entrainer un matraquage de tous les contribuables métropolitains. Merci les Piollistes. 

UNE MESURETTE IRRESPONSABLE POUR LA COMM'

Qu'importe pour eux la soutenabilité financière de la ville et de la métro pour les générations futures. Seul compte la manière dont ils peuvent exploiter un sujet pour leur comm'. Derrière l'annonce, on retrouve d'ailleurs Margot Belair et Nicolas Kada dont les noms sont cités comme potentiels prétendants à la succession de Piolle. Nous sommes bel et bien face à une croisade électoraliste solitaire de la majorité municipale. Le Président du SMMAG Sylvain Laval avait d'ailleurs dénoncé en juillet une "posture médiatique". On ne peut que lui donner raison.

LES CONTRIBUABLES GRENOBLOIS PEUVENT SE FAIRE ENTENDRE 

Si les Rouge/Verts sont reconduits aux prochaines élections municipales, ils pousseront encore plus loin ce fonctionnement où les contribuables de la classe moyenne payent à chaque fois pour les autres. Avec comme conséquence une fuite de ces contribuables, donc une hausse grandissante de la précarité et une ville paupérisée qui a de moins en moins de moyens. 

Dans 18 mois, les élections peuvent pourtant changer cette donne et enrayer le déclin. Grenoble compte par exemple 36% de propriétaires, matraqués par la taxe foncière : si ceux-ci s'inscrivent sur les listes et choisissent le bon bulletin de vote, la ville peut s'engager dans une toute autre direction. 

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