LA MUNICIPALISATION DU THÉÂTRE S’ACCENTUE

Le désastre de la fréquentation du Théâtre Municipal ne modifie en rien la main mise municipale sur la programmation. 50 000 spectateurs ont été perdus entre les programmations libres et la prise en mains par la municipalité Piolle : 54 000 spectateurs au théâtre Municipal pour la saison 2002/2003, moins de 5000 en 2022. Perdus par une municipalité qui prétend "élargir les publics".

Sur tous les tons, par la voix de Brigitte Boer, Conseillère municipale et Métropolitaine, l'opposition a alerté. À l'issue du premier mandat Eric Piolle a sacrifié Corinne Bernard, l'adjointe (Verts/Ades) tellement sa politique était décriée. Pour la remplacer par pire : le sectarisme et l'insoutenable prétention de Lucille Lheureux (Verts/LFI), complètement démonétisée après ses bourdes personnelles et politiques à répétition.

LA PROGRAMMATION RÉPÈTE TOUS LES PONCIFS MUNICIPAUX

La programmation du Théâtre Municipal pour la saison 2024/2025 est caricaturale. Elle s'adresse à "toutes les sensibilités" mais les thèmes, eux sont tous connectés au discours municipal : tel spectacle invite "à questionner notre rapport à l’environnement…" tel autre "à explorer des thématiques fortes : les droits des femmes avec une pièce sur l’injonction à la maternité". Ou bien des rendez-vous en direction des ados "qui mêlent performances hip-hop et témoignages intimes pour dénoncer la violence du patriarcat. "

LE THÉÂTRE, ANNEXE DU CONSEIL MUNICIPAL

En complément (!) une chorégraphie "sur l’injonction à la virilité" dans le cadre "d’une trilogie qui interroge la façon dont les représentations de la société construisent les identités." Bien entendu (suivez mon regard) il y a un travail "autour de la solidarité et de l’hospitalité". Le tout en écriture inclusive. Nous n'inventons rien.

Le Théâtre est devenu une annexe du Conseil Municipal. Jamais une majorité politique n'avait imposé que ses préoccupations politiques investissent le champ culturel au détriment de toute création différente. Evidemment ces thématiques pourraient avoir leur place , si elles rencontrent un public, mais au milieu de dizaines et dizaines d'autres. Permettant à chacun de grandir par l'ouverture et la diversité.

LE CONCEPT DE L'HÉGÉMONIE CULTURELLE

La Municipalité a repris dès son arrivée la programmation des théâtres (le 145, le Théâtre de Poche) à un collectif d'artistes indépendants qui avait fortement protesté envahissant même le hall de l'hôtel de ville. Malgré le poids et la diversité de ces intervenants culturels plutôt à gauche probablement, la municipalité n'avait rien cédé car la majorité municipale a pour priorité de peser sur les cerveaux. Le concept de l'hégémonie culturelle du philosophe marxiste Gramsci a toujours été la matrice de l'extrême gauche. Mais Grenoble est le premier cobaye de cette horreur conduite par des bureaucrates à l'esprit totalitaire. 

B. BOER : "LES ARTISTES ET LEUR LIBERTÉ, L'ART GÊNENT"

Théâtre, danse, peinture, photo, expositions... tous les moyens d'expression ne sont pas pour elle la possibilité donnée aux créateurs d'exprimer leur art, mais un vecteur permettant de faire partager ses thèses. "J’ai la conviction que les artistes et leur liberté, que l’art tout simplement gène. Cette liberté empêche l’idéologie" avait conclu Brigitte Boer au Conseil Municipal. On se souvient, place de Verdun, quand elle menait campagne contre la police, de cette exposition contre "la chasse au faciès" voulue par la municipalité et confiée à un "Conseil Citoyen Indépendant..."

UNE CRÉATION DANS UN CONTEXTE DE LUTTE DES DROITS DES MINORITÉS...

Le 30 août dernier "La Bobine" a produit un spectacle de déambulation intitulé "le Pédé" qui a pour objet, selon Serge Massé (DL du 1/9/24) d'être "un acte de mémoire, une manifestation artistique qui résonne avec les luttes passées et présentes (...) dans un contexte où les luttes pour les droits des minorités sont d’actualité". Il "a su rappeler à chacun l’importance de la mémoire et de la vigilance".

POURQUOI CETTE SOUMISSION AU DOMINANT SOCIÉTAL ET AU POUVOIR LOCAL ?

Ceux qui l'ont vu ne nient pas sa qualité, mais la question se pose de savoir pourquoi ce conformisme, cette soumission aux thématiques ambiantes, cette absence de toute disruption par rapport au dominant sociétal qui se confond avec le pouvoir local ? Pourquoi n'y a t-il rien d'autre à côté quand on connait la richesse du patrimoine littéraire mondial et le foisonnement culturel de la ville ? Est-ce pour passer dans les fourches caudines des subventions ?

L. LHEUREUX (Verts/LFI) DICTE LES CONDITIONS DE LA CRÉATION

Car à Grenoble la municipalité impose "une charte culturelle des transitions". Lucille Lheureux ne manque jamais une occasion d'imposer des obligations : "nous attendons de tout acteur soutenu qu’il se donne les moyens de progresser sur son empreinte écologique, sa mixité, son ouverture vers tous les publics" (Libération, 18/10/22). Il y aussi "le pourcentage de femmes au plateau, à la technique, répartition des genres par métier, pourcentage femmes de intervenues"... On imagine un artiste en train d'écrire, de créer, d'imaginer intégrant d'abord ces éléments !

M. KUNDERA : "L'ARTISTE EXCLUT TOUTE IDENTIFICATION à UNE COLLECTIVITÉ"

On ne répétera jamais assez la formule de Milan Kundera selon laquelle : "la position de l'artiste exclut toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité. Une non identification consciente, opiniâtre, engagée".

Dans une intervention sensible et pleine d'empathie, Alain Carignon a apporté son soutien au Théâtre Prémol le 6 juillet dernier.

CETTE MAIN MISE IDÉOLOGIQUE EST UN ÉCHEC

D'autant que cette main mise idéologique est un échec pour les théâtres municipaux. Ce dossier du spectacle vivant s'inscrit dans la lignée de la fermeture culturelle instituée par les Rouge/Verts, dénoncée sur tous les tons par tous les observateurs dont Frédéric Martel (France Culture) de façon implacable.

RETROUVER l'ADN CULTUREL : CRÉATIVITÉ, LIBERTÉ ET ABONDANCE

La réduction en nombre et en diversité de l'accès des publics aux spectacles du Théâtre Municipal, du Théâtre de Poche et du 145, le refus de toute diversité, le rejet du Théâtre privé , sont à l'opposé de l'ADN culturel grenoblois fait de créativité, de liberté et d'une abondance permettant à chacun de s'y retrouver. Il faut vite rompre avec la chape de plomb municipale afin de le retrouver.

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