INSÉCURITÉ : L’OPPOSITION SONNE L’ALARME ET RAPPELLE SES PROPOSITIONS

Alors que la série noire se poursuit, alors que l'Etat et la police nationale se mobilisent pour endiguer cette spirale infernale, le groupe société civile présidé par Alain Carignon a réuni la presse mercredi soir pour exhorter la municipalité à prendre sa part dans la lutte contre l'insécurité, et rappeler ses propositions.

UNE NOUVELLE FUSILLADE LE LENDEMAIN 

Dès le lendemain de cette conférence de presse, dans la nuit de mercredi à jeudi, une nouvelle fusillade émaillait l'actualité grenobloise. À Échirolles, 6 impacts de balles ont ainsi été retrouvés sur une voiture et un jeune blessé a été déposé dans la foulée à la Clinique des Cèdres. Un scénario vu et revu. Le 17ème du genre depuis le début de l'année dans la métropole. Comme une manière de réaffirmer l'urgence à agir martelée par le groupe d'Alain Carignon.

GRENOBLE AU 20H DE TF1 POUR LES MAUVAISES RAISONS

Depuis deux semaines, de nombreux médias nationaux se sont penchés sur ce que vit notre ville. TF1 en a remis une couche avec un reportage dans le très regardé JT de 20H, jeudi soir. "Nous sommes allés voir comment se passent les ventes de drogue et surprise, ça se passe en pleine ville, sans se cacher ou presque" lance le présentateur avant un reportage au cours duquel on peut par exemple découvrir la fresque affichant le "menu" proposé à la vente à Hoche, ou encore le quotidien invivable d'habitants de l'Alma juste au dessus du point de deal.

Le reportage du 20h de TF1 sur le trafic à Grenoble.

LE FIGARO : "LE RYTHME DES DEALERS EST DEVENU LA ROUTINE"

Le Figaro a aussi consacré un reportage à Grenoble, par la plume de la journaliste Elisabeth Pierson. Celle-ci a interrogé de nombreux habitants qui résident à proximité directe de points de deal grenoblois, et le constat est forcément édifiant. Celui de deux mondes qui "cohabitent" non sans problèmes et nuisances pour les honnêtes gens : les dealers et leur trafic, et à côté la vie normale d'un quartier. "Certains entendent le coq le matin, nous, c'est les choufs (NDLR : guetteurs)", résume un agent de sécurité de Saint-Bruno.

ALAIN CARIGNON : "UN IMMOBILISME QUI EST UNE COMPLICITÉ"

C'est dans ce contexte très lourd que le groupe société civile au conseil municipal et métropolitain (Alain Carignon, Charah Bentaleb, Nathalie Béranger, Brigitte Boer, Chérif Boutafa, Dominique Spini) a réuni la presse pour rappeler ses propositions et appeler les élus de la majorité à prendre leurs responsabilités. Le groupe "tire la sonnette d'alarme" (Place Gre'net) et n'y va pas par quatre chemins : il fustige "un immobilisme qui est une complicité" (Le Dauphiné Libéré). 

Le groupe société civile mercredi soir après sa conférence de presse (de g. à d. : Clément Chappet, Nathalie Béranger, Alain Carignon, Dominique Spini, Chérif Boutafa).

"LA QUESTION N'EST PLUS DE SAVOIR SI UN GRENOBLOIS VA ÊTRE VICTIME MAIS QUAND"

L'objectif de cette conférence de presse ? "En appeler aux membres de la majorité municipale qui pourraient se libérer de l’intolérable discipline dont ils sont victimes. Elle les contraint à un déni de réalité qui n’est plus tolérable aujourd’hui puisque la question n’est plus de savoir si un grenoblois innocent va être victime ou non d’une balle perdue mais quand. Les éléments de langage qui répètent le désintérêt de la municipalité et son absence de responsabilité dans la dégradation ne sont plus tolérables" a lancé en préambule le président de groupe. 

L'IMAGE RÉELLE DE LA VILLE VS LE CLASSEMENT BIDON D'OXFORD ECONOMICS

Au lendemain de sa parution, il est d'ailleurs revenu sur le classement bidon qui ferait de Grenoble la 1ère ville pour la qualité de vie, et a rappelé la réalité de l'image de la ville : "Éric Piolle n’a aucun mot depuis le début de l’été sur les fusillades qui s’enchaînent mais il relaye un classement ridicule, absurde et probablement intéressé qui classerait Grenoble comme la ville avec la meilleure qualité de vie au monde. Pendant qu’il relaie ce fake, la réalité de l’image de la ville à l’extérieur, c'est que nous sommes associés à la violence, c'est l'appellation “ChicaGre” qui est entrée dans les moeurs".

NATHALIE BÉRANGER : "UN GRENOBLE À DEUX VISAGES"

À propos de cette image de Grenoble, Nathalie Béranger, élue d'opposition et conseillère régionale, a rappelé que "la ville et la métropole ont deux visages : un visage avec les technologies, l’innovation, la recherche. Mais l’autre visage, c’est l’insécurité, et elle existe clairement". C'est à cet aspect négatif que les élus doivent s'attaquer en priorité si l'on veut à nouveau tirer notre ville vers le haut. 

L'interview du Procureur Eric Vaillant en début de semaine. La face sombre de Grenoble.

PRÉVENIR LA DÉLINQUANCE : AGIR SUR LE LOGEMENT

Alain Carignon a ensuite exposé les combats à mener de front. D'abord une politique de prévention, pour laquelle "le nerf de la guerre, c’est la politique du logement. En concentrant la précarité avec des opérations qui comportent des taux toujours plus élevés de logements sociaux, les élus Verts et leurs alliés créent un déséquilibre social qui fait le nid de la délinquance et du trafic de drogue en particulier". Le groupe a rappelé ses propositions, alors que les Verts sont aux manettes non seulement de la ville mais aussi d'ACTIS et de Grenoble-Habitat : critère de tranquillité publique pour l’attribution des logements sociaux, qui permette d’expulser les dealers condamnés, assermentation du personnel des bailleurs sociaux sur la base du volontariat pour pouvoir dresser procès-verbal à la première incivilité...

... ET LA PRÉVENTION

Côté prévention, il convient également d'en finir avec "la politique de détricotage du tissu socio-culturel grenoblois qui constitue une grave faute : en supprimant le conventionnement avec Le Plateau à Mistral, avec La Cordée à Villeneuve (où l’animation jeunesse est fermée cet été !), en retirant des moyens à des MJC, en fermant des bibliothèques (Prémol, Hauquelin), des piscines (les Iris, Vaucanson) dans les quartiers populaires, les Verts créent des ghettos, des no man’s land où la délinquance peut tranquillement étendre son emprise". 

PRENDRE SA PART DANS LA CHAINE DE SÉCURITÉ

Enfin, en ce qui concerne la politique de sécurité, les élus d'opposition ont appelé à en finir avec le triptyque "déni - déresponsabilisation - soumission" qui guide la municipalité depuis 10 ansIl a appelé la municipalité à prendre toute sa part dans la lutte contre l'insécurité, aux côtés de l'Etat et de la police nationale, avec 3 propositions phares : redéfinir les missions de la police municipale, la renforcer et l’armer ; développer la vidéoprotection avec, pour garantir son utilité et son efficacité, un PC opérationnel 24h/24, en lien constant avec la police nationale, permettant de déclencher des interventions en direct ; porter ces sujets à l’échelon métropolitain pour une meilleure coopération entre les communes.

Alain Carignon exhorte la municipalité à prendre sa part et à cesser de se déresponsabiliser depuis le début du mandat. Ici en janvier dernier sur BFM TV.

L'ÉTAT AGIT PENDANT QUE LES ROUGE/VERTS GEIGNENT

Le décalage entre les acteurs qui font leur maximum et ceux qui ne font rien et se défaussent s'est vérifié dans les heures qui suivent. Pendant que la police nationale multiplie les opérations de terrain et les actions pour endiguer le trafic, hier, la Maire communiste d'Echirolles Amandine Demore (alliée des Verts à la métropole) s'est fendue d'une lettre à Emmanuel Macron pour fustiger un prétendu "manque de soutien de l’État", réclamer un commissariat, des crédits pour la prévention etc. Pas une seule seconde la 1ère OPJ de la ville ne s'interroge sur ce qu'elle pourrait faire de mieux, à son niveau ou au niveau métropolitain, pour rendre plus efficace la lutte contre le trafic. 

L'ÉCHELON DE PROXIMITÉ DÉFAILLANT DANS LA CHAINE DE SÉCURITÉ

C'est à peu près la seule chose dont sont capables les Rouge/Verts et leurs alliés : des coups de comm' en rejetant la faute sur les autres en permanence pour faire oublier leurs responsabilités. Il faut sans cesse le rappeler : les communes sont le premier échelon de la chaine de sécurité. Si elles ne prennent pas leur part, à travers leurs élus au premier rang duquel le Maire, l'action de l'Etat et de la police nationale perd forcément en efficacité car dépourvue du concours de ce maillon de proximité. 

Eric Piolle, Amandine Demore et leurs amis le savent bien. Malheureusement, non seulement la sécurité n'est pas un sujet qui les intéresse car il sort de leur logiciel idéologique ; mais il est en plus beaucoup plus facile de faire de ce thème un prétexte à l'instrumentalisation politicienne pour fustiger l'Etat, les politiques sécuritaires et tout ce qui fait leur fonds de commerce électoraliste. Il faudra compter sur une alternance franche aux prochaines élections municipales et métropolitaines pour enfin renverser la table sur ce sujet comme sur tant d'autres. Les propositions du groupe d'Alain Carignon montrent la voie en ce sens. 

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