LES RÈGLEMENTS DE COMPTE REPRENNENT À GRENOBLE

L'été pouvait paraitre relativement calme jusqu'ici, mais c'était sans compter sur les traditionnels règlements de compte à la grenobloise qui ont repris de plus belle dimanche soir, avec une fusillade dans le quartier Teisseire.

UNE FUSILLADE À TROTTINETTE...

Les faits se sont produits aux alentours de 20h. Un individu a surgi sur l'avenue Teisseire chevauchant une ... trottinette électrique, armé d'une arme de poing, et il a fait feu en direction d'un groupe de 4 hommes (selon le DL, un père d'origine albanaise, son fils, son neveu et un autre grenoblois d'origine albanaise) avant de prendre la fuite. Il n'a toujours pas été appréhendé. Cette scène de western à trottinette (très contemporaine, très grenobloise) n'est pas sans rappeler une fusillade similaire sur le Boulevard Foch qui avait fait 2 blessés graves.

La une du DL hier, lundi 5 août.

1 MORT ET 2 BLESSÉS

Trois hommes sur les 4 ont été atteints par les balles. Le quadragénaire est décédé très rapidement des suites de ses blessures, les deux autres (dont son fils) ont été blessés. Ils ont été placé en garde à vue dimanche soir, le Procureur Eric Vaillant parlant « de ce qui apparaît être un guet-apens ». Le Dauphiné Libéré note au passage que les quatres victimes étaient déjà connues des services de police, ce qui accrédite encore la thèse d'un règlement de compte. 

LE DAUPHINÉ RAPPELLE LES RÈGLEMENTS DE COMPTE DE L'ANNÉE 

Le quotidien précise également qu'il s'agit du plus lourd bilan depuis le début de l'année. La municipalité n'a beau rien organiser pour les JO, Grenoble participe finalement à sa manière à la course aux records qui passionne les français... En un peu plus de trois mois, il s'agit déjà de la 6ème fusillade dans les rues de la ville (on ne compte pas l'exécution en région parisienne de Mehdi Boulenouane, ex tête du trafic à Mistral, en mai dernier). On commence malheureusement à s'y habituer : celles-ci ont lieu quasi systématiquement sur fond de guerre de territoire pour le contrôle du juteux marché de la drogue.

LE QUARTIER DE L'ALMA PARTICULIÈREMENT TOUCHÉ

Un jeune de 24 ans vendeur du point de deal de l'Alma blessé à la jambe par un tir le 29 avril ; un jeune sans-papier guetteur pour le même point de deal criblé de 13 balles moins de deux semaines plus tard ; le 23 mai toujours dans le même secteur, un ado de 15 ans mineur étranger isolé, lui aussi probablement vendeur, blessé par plusieurs balles... L'Alma, centre névralgique du deal en plein centre-ville, à 200m de l'hôtel de police, fait particulièrement l'actualité des fusillades cette année. Le point de vente qui rapporte plusieurs dizaines de milliers d'euros par jour est au coeur des convoitises d'autres gangs depuis le procès fin 2023 de plusieurs dealers qui tenaient les lieux

À l'Alma en 2016, place Edmond Arnaud, juste devant le point de deal, installation du pupitre pour qu'Eric Piolle et ses élus inaugurent fièrement un "aménagement" de la place... sous l'oeil attentif des trafiquants au fond.

2022 ET 2023 : FUSILLADES EN SÉRIE

Il s'inscrit dans la lignée des fusillades pour d'autres points de deal qui ont émaillé les années précédentes. En 2022 et 2023, ce sont Hoche et Saint-Bruno qui ont été le théâtre de très nombreux règlements de compte et épisodes de guerre des gangs. L'été 2022 avait ainsi connu pas moins de 9 fusillades dont 3 en moins d'1 mois pour le point de deal de Saint-Bruno. Fin août 2023, nous en étions à 8 fusillades et 4 morts à Grenoble depuis le début d'année. 2024 est donc bien lancée pour atteindre des statistiques similaires. 

En 2023, le titre éloquent du DL.

ÉTÉ 2024 : LA VIOLENCE NE S'EST PAS ÉTEINTE

Dimanche, ce n'était pas la première fusillade de l'été puisque déjà il y a moins d'une semaine, deux jeunes individus se sont successivement présentés à la Clinique des Cèdres dans la même soirée, tous deux blessés par balle, après que des coups de feu ait retenti devant un célèbre point de deal échirollois... Mais ces fusillades pour le trafic de stup ne sont que la partie la plus visible et spectaculaire de la violence qui gangrène Grenoble, cet été encore. 

UN COMMERÇANT DE SAINT-BRUNO POIGNARDÉ DIMANCHE MATIN

Ainsi dimanche au petit matin, devant l'église Saint-Bruno, un commerçant de fruits et légumes qui tient un stand sur le marché a été poignardé de plusieurs coups de couteau qui l'ont atteint aux bras et à la joue alors qu'il tentait de s'interposer dans une rixe. L'assaillant s'est enfui avant que la police n'arrive. Un exemple concret de la sauvagerie de cette violence du quotidien, avec les agressions au couteau qui deviennent presque banales. 

TIRS D'ARBALÈTE, VOITURE-BÉLIER, COUPS DE COUTEAU...

Mi-juillet, à Mistral, des policiers qui procédaient au contrôle d'une voiture dans le quartier ont eux carrément été visés par des tirs... d'arbalète ! Quelques jours plus tard, une boutique de l'hyper-centre déjà victime des émeutes l'an dernier était défoncée à la voiture-bélier pour être pillée. On retrouve également les traditionnels rodéos estivals (l'un d'entre eux se soldant par un policier blessé pendant l'interpellation de l'individu qui se prête à ce genre d'exercice dangereux et nuisible), les sempiternelles rixes et passages à tabac (avec encore un jeune blessé au couteau à la Villeneuve il y a moins d'une semaine)... 

LES ROUGE/VERTS ENTRE SOUMISSION ET ANGÉLISME

Comme d'habitude, pas un mot de nos chers élus Rouge/verts toujours très réticents à évoquer le sujet. En la matière ils oscillent entre soumission (que ce soit en prônant la légalisation du cannabis, en sous-titrant une pièce de théâtre "comment vivre au quotidien à proximité d'un point de deal ?" pour apprendre aux Grenoblois à s'acclimater aux dealers) et angélisme qui frise le ridicule. Fer de lance de la politique de sécurité de la municipalité en 2023 : deux spots vidéos sur le trafic de drogue (ce n'est pas une blague). Le zélé adjoint Olivier Bertrand avait également proposé comme solution miracle des pochoirs avec des slogans pour dissuader les consommateurs... 

LE RENONCEMENT MUNICIPAL COÛTE CHER

Ce renoncement coûte cher. Pour l'image de Grenoble, pour la quiétude des Grenoblois, et pour leur sécurité : combien de fusillades faudra-t-il avant qu'une balle perdue ne fasse un mort parmi les habitants alentours qui n'ont rien demandé ? Faut-il un drame de ce genre pour que les élus en place prennent la mesure que Grenoble vit bien une situation particulière (le DL avait interrogé un spécialiste à propos de la spécificité grenobloise : "la banalisation de la violence la plus radicale comme mode de règlement de tous les contentieux"), confirmée par tous les classements et statistiques ?

Les Rouge/Verts, par idéologie, refusent de se saisir du sujet. Depuis le début du mandat, le groupe société civile d'Alain Carignon met sur la table un "plan sécurité" clé en mains qui s'attaque tant aux causes qu'aux conséquences : contrôle des attributions de logements et expulsion des dealers condamnés des logements sociaux, renforcement et armement de la police municipale, développement de la vidéoprotection reliée à un PC opérationnel 24h/24 pour déclencher des interventions en direct... Les solutions existent et les prochaines élections municipales seront aussi l'occasion de choisir un autre cap pour notre ville en la matière.

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