ZFE : LA « ZONE À FORT ENFUMAGE » S’ACCÉLÈRE
Voilà que la ZFE ("zone à faibles émissions") refait l'actualité. La période sans verbalisation vient en effet tout juste d'arriver à sa fin, et dans quelques mois, les restrictions de véhicules vont à nouveau se durcir. Et ce alors qu'aucun des problèmes du dispositif n'a été corrigé.
LA ZFE, UNE VASTE PANTALONNADE
C'est donc le retour sur le devant de la scène de cette vaste pantalonnade. Dans le Dauphiné Libéré d'hier, deux pages sont consacrées aux dernières actualités de la "Zone à Faible Emissions", cette vaste pantalonnade qui consiste à interdire les véhicules personnels jugés trop polluants dans 13 communes volontaires de la métropole. L'interdiction se base sur les vignettes "crit'air", c'est à dire pas sur la pollution réelle de tel ou tel véhicule, mais sur son année de fabrication, ce qui biaise d'emblée l'efficacité environnementale du dispositif car certains crit'air interdits se trouvent parfois être moins polluants que d'autres autorisés.
L'EXTERNALISATION DE LA POLLUTION
Mais peu importe pour les promoteurs des ZFE. Peu leur importe également que cela entraine une obsolescence programmée du parc automobile en envoyant au rebut (ou à la mise en vente dans des pays moins regardants) les voitures considérées comme trop polluantes ici alors qu'elles pourraient encore rouler, et à polluer davantage dans les pays les plus pauvres fournisseurs des matériaux rares pour les batteries des voitures électriques qui remplacent peu à peu notre parc.
LE CHANTAGE ÉMOTIONNEL SUR LES MORTS DANS LA MÉTROPOLE
Les Verts et leurs alliés ferment les yeux sur ces faits, qui torpillent pourtant la justification écologique de la ZFE, et se tournent comme à leur habitude vers le pathos plutôt que vers des arguments rationnels. Dans le DL, l'élue socialiste Cécile Cénatiempo (conseillère métropolitaine déléguée à la qualité de l'air) nous refait le coup des "300 décès par an sur le territoire". Dans le même article, sont pourtant évoqués 135 morts prématurés selon une enquête de Santé Publique France. Et le même organisme avait en fait expliqué qu'il ne s'agit pas de l'image qu'on s'en fait de morts qu'on ramasserait sur les trottoirs de la ville, mais d'une perte d'espérance de vie de 4 à 7 mois en raison de la pollution de l'air qui touche tous les français sauf les 5% qui vivent dans les massifs montagneux... Forcément ça fait tout de suite moins choc que de marteler l'idée de "300 morts" !
LA MÉTROPOLE AURAIT PU PRENDRE LE TEMPS...
À l'été 2023, le territoire étant passé sous les seuils de pollution règlementaires, l'État avait considéré que la métropole n'était plus dans l'obligation de mettre en place une ZFE aussi brutalement. La majorité métropolitaine aurait donc pu reporter la mise en place pour se préparer véritablement, comme l'ont proposé entre autres le président du groupe société civile Alain Carignon ou encore le Président du Département Jean-Pierre Barbier. Mais Christophe Ferrari avait persisté et signé, mettant en place une usine à gaz incompréhensible : une ZFE "non-permanente", avec des dérogations selon son activité, sa voiture, sa fréquence d'utilisation, sa destination... Limpide comme tout ce qu'ils élaborent.
... MAIS LES VERTS VOULAIENT ALLER ENCORE PLUS LOIN
Cela sans que la métropole n'ait assuré le nécessaire pour garantir une mise en place en douceur. Certes il y a des aides au changement de véhicule, mais elles sont loin d'être suffisantes pour les plus précaires. Les alternatives comme les transports en commun sont également loin du compte (pas un seul km de tram supplémentaire en 10 ans !) et de l'aveu même du Vice-Président aux mobilités il manque 1500 places en parking-relais pour absorber l'impact de la ZFE (sans même compter celles de l'esplanade supprimées par la municipalité). Et il faut se rappeler que les Verts d'Eric Piolle ont milité jusqu'au bout pour déployer la ZFE encore plus vite, encore plus fort malgré l'impréparation et la casse sociale du dispositif !
LES COMMUNES POPULAIRES DEUX FOIS PLUS TOUCHÉES
Cette casse sociale, redoutée par l'opposition et par de nombreux collectifs, est d'ailleurs confirmée par des données de l'INSEE que reprend le Dauphiné dans son édition d'hier. Jean-Benoit Vigny relève ainsi que "si 5 % des Meylanais possèdent un véhicule déjà interdit depuis juillet 2023, cette part monte à 10 % à Saint-Martin-d’Hères, 9 % à Échirolles, Le-Pont-de-Claix et Fontaine". Très concrètement : les communes les plus populaires subissent jusqu'à deux fois plus la ZFE que les communes plus aisées. Un argument social maintes fois soulevés que les Verts et leurs alliés n'ont là encore jamais voulu entendre.
PLACE DÉSORMAIS AUX CONTRAVENTIONS... EN THÉORIE
Ca ne devrait pas aller en s'arrangeant puisque désormais, après une phase d'informations sans verbalisation qui courrait jusqu'à juillet, à compter d'hier jeudi 1er août, les automobilistes dont le véhicule ne répond pas aux règles encourent 68 euros d'amende. Du moins, en théorie... car le Préfet a déjà indiqué que la ZFE n'étant plus une obligation règlementaire, "l'Etat ne financera pas de dispositif de contrôles". Les communes vont-elles envoyer leurs polices municipales faire du zèle avec des opérations de contraventions qui s'apparenteront à une sorte de chasse aux pauvres ? Ou l'obligation restera-elle une règle que l'on ne fait pas respecter ?
EN JANVIER, 45 000 NOUVEAUX VÉHICULES INTERDITS !
Et jusqu'ici, l'interdiction ne concernait que les crit'air 5 et les crit'air 4. Il faut avoir en tête qu'en janvier prochain, les crit'air 3 seront également exclus des 13 communes appliquant la ZFE. Cela représente pas moins de 45 000 nouveaux véhicules subitement interdits de rouler... soit 20% du parc automobile des communes concernées ! La ZFE poursuit son déploiement à grandes enjambées dévastatrices sans que que les alternatives ne se développent concrètement.
POUR LES PROFESSIONNELS, LA MÉTROPOLE A DÛ RECULER
L'avancée sans concession du bulldozer métropolitain est d'autant moins compréhensible qu'en parallèle, pour la ZFE à destination des professionnels (véhicules utilitaires légers et poids lourds), la métropole a du revoir sa copie. L'interdiction aurait dû s'étendre aux crit'air 2 en juillet 2025... mais c'est désormais reporté à 2028 car les alternatives en véhicules professionnels crit'air 1 n'existent toujours pas pour les entreprises ! Du grand art.
UN CAS D'ÉCOLE DU FONCTIONNEMENT GRENOBLOIS
La mise en place de cette ZFE est finalement assez symptomatique du modèle municipalo-métropolitain grenoblois. Par croyance idéologique, on impose au forceps des mesures dont l'efficacité est loin d'être assurée. Cette même idéologie passe avant les problématiques sociales que cela entraine, et l'urgente volonté des élus de pouvoir communiquer nous conduit à des dispositifs ficelés à la va-vite sans laisser le temps aux alternatives d'émerger. À la fin, c'est le citoyen qui trinque... et la confiance dans l'action publique.
Certaines personnes n’ont pas les moyens d’acheter une nouvelle voiture encore une liberté enlevée. C’est injuste.
Je touche le smic et pas d’argent de coté évidemment.
C’est simple,: je bosse à Vizille, je finis à 21:00..Il n’y a plus de bus.
Est ce que piolle va venir me chercher en voiture électrique ou sur le porte bagage de son vélo de bobo gosse de riche dogmatique, pour que je ne perde pas mon emploi?
Cet homme est détestable et détesté.
Vivement qu’il soit viré.
Que l’on revienne dans une réalité pragmatique.
Conducteurs sacrifiés.
Artisans sacrifiés.
Social sacrifié.
Deux piscines sacrifiées.
Culture sacrifiée.
Insécurité sacrifiée.
Commerces oubliés.
Piétons oubliés.
Verdissement et ilôts de chaleurs oubliés.
Pollution de la nappe phréatique oubliée.
Mais complications administratives renforcées !
Quand il n’y aura plus de vie dans cette Zone à Forts Emm**dements, il n’y aura plus de pb d’écologie, c’est sûr.
Suis écolo je garde ma vieille auto de 2004, marre de ces égologistes….
Je n’irais plus à Grenoble
Idem suis écolo aussi, mais votre article est tout à fait pertinent.