« CULTURE DU TAG » ET « SOUILLURE » : L’UNION DES HABITANTS DU CENTRE S’INSURGE

L'Union des Habitants du Centre-Ville (UHCV) s'est fendue d'une tribune sur le média en ligne Place Gre'net. Elle interpelle la municipalité Piolle sur la recrudescence des tags à Grenoble et formule des propositions pour endiguer le phénomène.

UNE "SOUILLURE" POUR LA VILLE

La tribune de l'UHCV ne mâche pas ses mots, qualifiant la situation de véritable "souillure" qui défigure la ville. Les habitants pointent clairement du doigt l'inaction de la municipalité, accusant les élus de la majorité de tolérer, voire d'encourager un phénomène qui envahit façades, mobilier urbain, monuments et espaces publics.

LA PROLIFÉRATION INCONTRÔLÉE

Elle met en avant la progression alarmante des tags à Grenoble, rappelant que ça n'a pas toujours été le cas. Jadis limitée à quelques zones marginales, cette "culture du tag" admise par l'adjoint en charge des espaces publics lui-même (l'inénarrable Gilles Namur) a envahi tous les espaces, transformant la ville en un véritable musée de graffitis "qui agressent ses habitants, qui choquent ses visiteurs, qui contribuent indéniablement à dégrader l’image actuelle de Grenoble".

ENTRE APOLOGIE ET DÉNONCIATION : L'INCOHÉRENCE MUNICIPALE

La tribune met ensuite en lumière les contradictions flagrantes des responsables municipaux. D'un côté, en réunion publique, ils déplorent cette dégradation de l'espace public et font mine de vouloir lutter contre. De l'autre, ils participent à cette culture avec le soutien constant au "street art festival", dont l'organisateur Jérôme Catz est de ceux qui considèrent que les graffitis qui défigurent la ville relèvent de l'art : « aujourd’hui, on voit du street art de partout, on est bombardés par ça… À Grenoble, par exemple, il n’y a pas un rideau de fer qui n’ait pas été tagué » expliquait-il au Petit Bulletin en 2015.

Jérôme Catz, le visage du street-art subventionné à Grenoble.

LES MURS TAGUÉS, "UNE TRÈS BONNE CHOSE" ?

Plus clair encore, l'UHCV relève qu'au micro de France Bleu en 2021, le même Jérôme Catz expliquait : « Je trouve que les murs prennent de plus en plus la parole d’une manière spontanée, c’est-à-dire qu’il y a une libération de cette manière de s’exprimer dans l’espace public, qui du coup redevient un vrai espace public que les gens se réapproprient, donc ça c’est quand même d’une manière générale une très bonne chose ». Est-ce vraiment le bon signal à envoyer de la part d'un représentant du street-art "officiel", subventionné ?

DES GRAFFEURS À DOUBLE CASQUETTE

Une position qui se manifeste aussi à travers le comportement ambivalent de certains graffeurs. S'appuyant sur une étude sociologique, les auteurs de la tribune relèvent ainsi "qu'il y a souvent à Grenoble l’impression très dérangeante que certaines personnes sont dans la « culture » subventionnée le jour, et dans le vandalisme individuel ou en bande (en « crew ») la nuit". Évidemment sans que leur participation à la "culture subventionnée" ne soit remise en cause.

LES ÉLUS BAISSENT LES BRAS

Pendant ce temps, alors qu'ils pourraient à minima commencer par contrôler qui participe au street art festival, les élus de la majorité ont baissé les bras. Gilles Namur (Verts/LFI) explique qu'on "subit" cette culture du tag, et qu'ils sont "un peu débordés". À une lettre de l'UHCV il y a deux ans, l'adjoint de secteur Alan Confesson (LFI) répondait que « tout est mis en œuvre pour obtenir des résultats ». Comme d'habitude une formule creuse qui relève de la contrevérité car on voit bien l'absence de résultats : "il n’y a eu aucune amélioration qu’on puisse noter" conclut l'union de quartier.

AUCUNE VOLONTÉ D'ATTRAPER LES AUTEURS

C'est d'autant plus rageant que, se référant à une enquête de France Bleu Isère datée de 2021, elle rappelle qu'il n'y aurait qu'une dizaine de graffeurs vandales qui sévissent sur les murs de Grenoble. Que ces personnes sont connues dans ce qui reste un petit milieu. Et qu'Eric Piolle lui-même expliquait en 2017 qu'il y a un répertoire des tags pour identifier les auteurs. Pourquoi donc les élus n'en font rien et ne parviennent à obtenir aucun résultat, avec seulement une poignée de dossiers envoyés à la police chaque année et qui n'aboutissent quasiment jamais ? Manque de volonté face à un sujet qu'ils considèrent comme non-prioritaire ? Complaisance ?

L'ESCALADE DE LA VIOLENCE

Non seulement il n'y a aucune amélioration mais la situation s'est aggravée avec une explosion des tags "haineux" et "ultra-violents" contre la police, contre les ingénieurs etc. qui émanent de l'extrême-gauche. L'UHCV voit dans cette explosion de la violence "l’évolution logique amenée par la permissivité qui a débuté il y a dix ans". Comment lui donner tort, alors qu'Eric Piolle considère cette mouvance comme sa famille politique et qu'il fait preuve de la plus grande complaisance allant jusqu'à la loger au 38 rue d'Alembert ?

L'EXEMPLE DE CANNES

D'autres villes ne se contentent pourtant pas de "subir" et ont su enrayer la spirale du vandalisme. L'union des habitants prend l'exemple de la ville de Cannes, reconnue aujourd'hui pour sa propreté, qui a mis en place une politique zéro tolérance sous l'impulsion de son Maire David Lisnard (LR) : elle est passée de 400 000 euros de budget nettoyage en 2014 (à Grenoble, nous y consacrons seulement 120 000 euros par an !) à à peine 20 000 euros !

LES TAGS NE SONT PAS UNE FATALITÉ

C'est dans cette optique que la tribune se conclut par une série de 6 propositions : "zone zéro tag" véritablement effective en prenant le modèle de Cannes, charte pour cesser de subventionner des personnes et groupes qui soutiennent le vandalisme, utilisation de ce fameux "répertoire" pour appréhender les auteurs...

Comme pour d'autres sujets, la municipalité peut en effet impulser un changement de culture ambiante en commençant par faire preuve de volontarisme. Les tags à Grenoble ne sont pas une fatalité, mais il faudra pour cela rompre avec la résignation teintée de complaisance qui a pris les commandes de la majorité municipale.

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