« PERMIS DE LOUER » : LE LOGEMENT VERROUILLÉ À GRENOBLE

Le conseil municipal de lundi a vu l'adoption d'une mesure de plus qui, si elle est avant tout un moyen de communiquer pour Eric Piolle, participera à verrouiller un peu plus le marché en contraignant les propriétaires.

LA MUNICIPALITÉ PRÉTEND "AMÉLIORER LE PARC PRIVÉ"

Aux termes de la délibération, le permis de louer est supposé être "un moyen de repérage, de prévention et d’amélioration du parc privé", qui entend vérifier que le logement d'un propriétaire "n’est pas susceptible de porter atteinte à la sécurité des occupants et à la salubrité publique". Sur le papier car dans les faits, la portée de cette mesure est très faible. Elle était présentée par Pierre-André Juven et Nicolas Béron-Perez, élus Rouges/Verts habitués de la politique de la posture sans effets.

UNE MESURETTE LIMITÉE

En effet, à l'instar de la "sécurité sociale alimentaire", autre gadget nébuleux pour la comm' municipale, le permis de louer est avant tout un permis de communiquer. Il est très restreint dans son application concrète : l'expérimentation n'entrera en vigueur que pour deux petites zones, les quais Saint-Laurent et un secteur autour de la rue Gabriel Péri. 

Le périmètre d'application du permis de louer. Une goutte d'eau dans l'océan.

UNE ÉNIÈME USINE À GAZ

Le fonctionnement est comme d'habitude avec ces dispositifs très lourd : "la ville de Grenoble procédera à la réception des demandes, à leur enregistrement, à leur instruction, aux visites des logements et si besoin, à la vérification des travaux de mise en conformité, à la délivrance des autorisations ou à la notification des refus, et le cas échéant, aux sanctions". Voilà qui va encore mobiliser temps et argent du fonctionnement municipal : vive la bureaucratie.

UNE CONTRAINTE DE PLUS POUR LES PROPRIÉTAIRES...

Quand bien même la mesurette sera limitée, elle créé une contrainte supplémentaire pour les propriétaires. Hausse historique de la taxe foncière, grandes annonces (non suivies d'effets) sur la réquisition, taxe d'habitation sur les résidences secondaires portée au maximum autorisé, perte d'attractivité de la ville qui a fait chuter la valeur des biens... La liste s'allonge.

La valeur des biens à Grenoble est en queue de peloton des villes de taille comparable ((Lille, Rennes, Strasbourg, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Montpellier...) et on continue de multiplier les verrous.

... POUR FAIRE DANS LA SURENCHÈRE

La délibération reconnait pourtant elle-même que l’indice de parc privé potentiellement indigne à Grenoble n'est que de 2.6% (soit moitié moins qu'à l'échelle départementale). Les propriétaires grenoblois figurent donc parmi les bons élèves, et rien ne justifie de leur tomber sans cesse dessus... si ce n'est la volonté de donner des gages à un électorat dans la course qui oppose les Rouges/Verts à son extrême-gauche (le NPA qui noyaute le collectif du "Droit au Logement", sans cesse dans la surenchère anti propriété).

LA SITUATION DU LOGEMENT S'AGGRAVE QUAND MÊME

Et tous ces outils d'encadrement n'ont pas empêché la dégradation de la situation. Les Verts et leurs alliés contrôlent la politique du logement à Grenoble dans sa globalité depuis 25 ans. Ils appliquent sans dyscontinuer leur doctrine consistant à densifier avec toujours davantage de logements sociaux, ce qui lèse les propriétaires et torpille la mixité et la qualité de vie. Les résultats sont parlants : 17% de logements vacants à Grenoble (le "permis de louer" ne va pas arranger ce chiffre), et 18 000 demandeurs de logements dans la métropole : un chiffre en hausse alors qu'on construit toujours plus !

L'intervention d'Alain Carignon en conseil municipal lundi.

RIEN SUR LE PARC PUBLIC "POTENTIELLEMENT INDIGNE"

Lundi au conseil, le groupe d'opposition d'Alain Carignon a été le seul à dénoncer l'hypocrisie de ce permis de louer (les "oppositions" socialistes et Emilie Chalas l'ont voté). Si la lutte contre l'habitat indigne est nécessaire, il a soulevé le fait que les mesures municipales ne produisent pas d'effets et que pendant qu'ils pointent du doigt le secteur privé, les Rouges/Verts s'autorisent eux à louer de logements dans le parc public (ACTIS, Grenoble-Habitat) dont la "dignité" pose question justement. 

ALAIN CARIGNON MET LA MAJORITÉ FACE À SES RESPONSABILITÉS...

"Est-ce que vous vous accordez un permis de louer à cette habitante de Mistral qui demande à ses enfants de venir la voir le moins souvent possible car elle craint pour leur sécurité ? Est-ce que vous accordez un permis de louer au 3 place André Malraux, à cette habitante handicapée qui demande aux dealers qui occupent l’immeuble la permission de sortir (...) ? Est-ce que vous accordez le permis de louer à cette habitante du 2 allée du Lys Rouge privée de chauffage pendant un mois (...) ? Est-ce que vous accordez un permis d’habiter au 6 rue charles Rivail où il faut enjamber les dealers et leurs ordures déposées dans le hall ? À l’Alma, où il faut montrer patte blanche pour rendre visite à sa famille ou à ses amis ? (...)" a-ainsi égrené le leader de l'opposition dans une intervention percutante.

... ET RAPPELLE LES LOGEMENTS PUBLICS VIDES

Il a également appelé la municipalité de s'atteler sérieusement au sujet en utilisant les logements à sa disposition : "dans un seul immeuble, allée du Lys Rouge, il y a 3 appartements vides dont deux depuis 2 ans. Dans l’immeuble imposant du 23 ter rue Anatole France il ne reste plus que 3 locataires. J’ai cité l’immeuble de la rue Jay en plein centre-ville dont les appartements sont vides depuis 10 ans (...). La villa du 101 bis cours Berriat avec jardin, celle du 16 rue Argouges, avec jardin aussi, acquise elle pour loger des personnes en difficulté, vides depuis des années également. Avec une gestion aussi désastreuse du logement, vous ne pensez pas que plutôt que de créer un service dédié à cette communication vous ne devriez pas vous atteler sérieusement à vos propres manques ?". 

UN PERMIS POUR CAMOUFLER L'INACTION

On pourrait aussi ajouter à la liste le logement de fonction d'instituteur vide à l'école Ferdinand-Buisson, une propriété de la ville dont se sont finalement emparés des parents d'élèves pour y loger une femme et sa fille sans-abri (DL du 07/02/24). Pendant que le système Piolle multiplie les sorties larmoyantes sur les enfants à la rue, il n'est pas capable de penser lui-même à utiliser ses propres logements vides ! Mais pendant ce temps, le "permis de louer" lui permet d'allumer des contrefeux pour tromper le gogo sur la chaine de responsabilité du retentissant échec que constitue la politique du logement à Grenoble. Encore deux ans à supporter cette tartufferie indigne. 

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