MIGRANTS : LES ÉLUS ADMETTENT NE PAS VOULOIR EMPÊCHER LES CAMPEMENTS

Alors que le parc de l'alliance (angle rue des Alliés et rue de Stalingrad, occupé depuis 4 ans par des campements) rouvre le 15 mai, les élus ont répondu aux questions des habitants au cours d'une réunion publique.

4 ANS D'OCCUPATION

Rappelons que le parc avait été fermé par arrêté l'hiver dernier après l'évacuation du campement d'environ 80 tentes installé dessus. Une situation qui se répète chaque année depuis 4 ans, malgré les alertes des riverains, de l'union de quartier... Et que la ville laisse faire, n'hésitant pas à rejeter la faute sur l'État... qui lui-même remettait l'église au milieu du village en rappelant en août dernier que « le parc de l’Alliance est un parc municipal, donc il s’agit de la compétence de la mairie. […] Elle a la possibilité d’activer ses pouvoirs de police municipale pour faire évacuer le parc » (DL du 20/8/22).

Le campement installé parc de l'Alliance l'année dernière, où les familles de migrants s'entassaient dans des conditions indignes et généraient de multiples nuisances pour les riverains.

"LE POTENTIEL DE RÉINSTALLATION EST TRÈS FORT"

Gilles Namur, adjoint aux espaces publics, et Nicolas Kada, adjoint à l'action sociale, sont donc venus expliquer aux habitants ce qu'ils comptent faire alors que le parc rouvre au public le 15 mai après les travaux de réengazonement suite au démantèlement du camp. Ou plutôt ce qu'ils ne comptent pas faire, puisque Gilles Namur a expliqué d'emblée que « le potentiel de réinstallation est très fort » et qu'ils ne comptent pas l'empêcher à tout prix.

LE REFUS D'UNE CLOTURE

Les élus refusent ainsi d'installer une clôture du parc qui permettrait de le fermer le soir et de maitriser les entrées et sorties. Motif invoqué : le coût, qui s'élèverait entre 33 000 et 100 000 euros. Un habitant a fait remarquer que c'est un faux argument, considérant que les élus étudient des propositions de jeux et d'aménagements pour 80 000 euros. Pas de quoi décoiffer Nicolas Kada qui a alors développé un autre argument : « ouvrir et fermer des parcs c’est complexe » (!). Il n'y a vraiment qu'à Grenoble où on n'arrive pas à le faire, comme on a pu le voir avec le parc Paul Valérien Perrin.

Le parc Paul Valérien Perrin, rue de New-York, désormais théâtre de multiples nuisances. La Municipalité a usé de toutes les contorsions pour ne pas accéder à la demande des habitants de le fermer.

LA POLICE MUNICIPALE SOUS-DOTÉE COMME SEULE SOLUTION

En réalité, la seule chose qu'est prête à faire la ville est de faire passer davantage les agents de la police municipale dans le secteur. Étant entendu qu'elle n'y patrouille pas le soir passé 19h. Et qu'elle ne compte que 130 agents (agents dans les bureaux compris)… « en théorie » comme l'a admis Nicolas Kada, puisque des postes ne sont pas pourvus faute de candidats (ce qui en dit long sur l'attractivité d'un poste de policier municipal à Grenoble, alors que les candidatures affluent pour des communes voisines comme Fontaine, Echirolles...). Les élus ont donc expliqué aux habitants d'appeler la police municipale quand ils voient un début d'installation. Ceux-ci n'ont pas manqué de rappeler qu'ils l'ont fait systématiquement et que ça ne change rien. Et les élus de s'empêtrer dans des explications sur la possibilité ou non de faire retirer une tente par la police municipale selon que les occupants soient installés ou en cours d'installation... Bref, ce n'est pas de ce côté-là qu'il faut espérer trouver le remède pour empêcher les réinstallations.

"LAISSEZ NOUS PASSER UN ÉTÉ TRANQUILLE"

Les habitants se sont longuement exprimés, et l'idée de fermeture du parc avec clôture a semblé faire l'unanimité rapidement malgré le rejet des élus. "Pourquoi on ne nous laisse pas passer un été tranquille ?" a interrogé une riveraine excédée, dénonçant les nuisances sonores et les odeurs d'excréments des campements successifs sous ses fenêtres. "Nos impôts fonciers ont explosé, pourquoi vous ne mettez pas les moyens pour que notre vie soit correcte ?" se demandait une autre. "On a donné nous. Installez-les parc Paul Mistral devant la Mairie, ce serait bien" a encore lancé quelqu'un.

L'ABANDON DU QUARTIER

Un habitant de longue date du quartier s'est livré à un exercice très intéressant, retraçant le lourd historique du secteur. Il a rappelé l'abandon du quartier par la ville, les campements et squats successifs (au 106 rue des alliés avec les anarchistes, les différents camps roms dont un où une jeune fille avait trouvé la mort électrocutée...), les filières de passeurs qui s'enrichissent sur le dos des migrants. Il a également bien remis sur la table que les voisins avaient alerté quant au danger du campement qui a finalement pris feu et causé l'incendie de Richardson à côté (la ville provisionne désormais 6 millions d'euros dans le cadre du contentieux qui l'oppose à l'entreprise puisqu'il s'agissait d'un terrain municipal et qu'elle n'a pas agit...). Il a enfin soulevé le fait que la présence de l'OFII (Office Français de l'Immigration et de l'Intégration) toute proche, rue des Alliés, explique le nombre de migrants qui s'installent dans le secteur. Tout cela a évidemment des conséquences en termes de nuisances (sonores, insécurité) pour les riverains. Mais aussi pour le prix des biens : des maisons sont en vente depuis des années à des prix très bas pour le marché et ne trouvent pas preneur dans le quartier.

Le système mafieux à l'oeuvre dans le campement de roms sur un terrain municipal rue des alliés avait abouti à un impressionnant incendie, qui a dévasté l'entreprise voisine (Richardson).

CLOS D'OR : BIS REPETITA

L'alliance fermé, le problème s'est déplacé non loin. Une habitant du Clos d'Or a ainsi la "chance" d'avoir des tentes accolées à sa maison depuis quelques semaines. "Je suis excédée, je vis 24 heures sur 24 avec eux. La cohabitation est impossible. Vivez l'expérience et on en reparle. Depuis 10 ans ici j'ai vu une dizaine d'installations. On vous a donné le pouvoir, mais le pacte social entre habitants et institutions est rompu. Les institutions n’assurent plus la protection de nos biens communs. Je ne me sens plus protégée, ma fille, mes amis ne veulent plus venir". Elle a été vivement applaudie par les habitants : maigre consolation alors que les élus n'ont rien eu à lui proposer pour que cesse cette cohabitation forcée.

"Le sentiment d'abandon" titre Le Dauphiné Libéré.

"C'EST L'HORREUR"

Un voisin a corroboré les propos d'Irène Alonso, confirmant que le secteur est devenu "une horreur". Habitant depuis des années ici,  il a constaté que le quartier a énormément changé : nuisances sonores, rodéos, enfants qui mendient au feu rouge... "Je n'ai jamais vu passer la police. Ça se dégrade tous les jours. On vit vraiment mal". Invité à conclure son propos, il a pointé que c'était la première fois qu'il rencontrait ses élus, donc qu'il se permettait de s'exprimer. À l'instar de nombreux autres Grenoblois qui ne rencontrent jamais ceux censés les représenter.

G. NAMUR VANTE... LE BAR RADIS !

Face à tous ces témoignages, Gilles Namur et Nicolas Kada ont bien été en peine de proposer quoi que ce soit. Gilles Namur a reconnu que ce secteur est un « ventre mou ». Et s'est lancé dans une tirade pour expliquer que la solution pour revaloriser le secteur serait le projet Flaubert avec ses logements et son bar-radis (!). Comme si on allait arranger les choses en surdensifiant le secteur et en le paupérisant plus que de raison avec les 50% de logements sociaux prévus dans l'opération. Excédés par les (non) réponses des élus, plusieurs habitants ont quitté la réunion avant la fin.

Flaubert : comme si la bétonisation massive avec 50% de logements sociaux allait améliorer le quartier.

À QUAND LA FIN DES APPELS D'AIR ?

Bien sûr, la majorité municipale a renvoyé la responsabilité des places d'hébergement des migrants à l'État. Oubliant curieusement que la ville pourrait mobiliser les très nombreux logements sociaux vacants qui fleurissent partout en ville faute de preneurs. Et qu'elle a une responsabilité en ce qu'elle multiplie les appels d'air, encourageant la venue de populations pour lesquelles la municipalité n'a pourtant pas de solutions dignes à proposer. On voit le résultat de cet humanisme de façade, pour la bonne conscience et/ou par intérêt électoral, avec les multiples campements et avec les migrants hébergés dans des écoles grenobloises.

À Montgenèvre, Piolle lancait il y a quelques années un appel aux migrants expliquant qu'ils trouveraient un accueil à Grenoble. Résultat : les campements et bidonvilles se multiplient.

UN PUMP TRACK CONTRE LES MIGRANTS...

La seule proposition véritablement avancée par les élus pour occuper le parc de l'alliance a été celle d'installer un "pump track" (une sorte de circuit pour vélos). Comme si le fait de créer quelques bosses allait empêcher les installations. Réponse de nombreux habitants : « on remplace une nuisance par une autre nuisance ». Gilles Namur a alors fait machine arrière, expliquant que rien n'est acté. 

RIEN NE CHANGERA

"On va faire un compte-rendu et proposer de travailler ensemble", ont conclu les élus. Expliquant que l'idée générale est d'occuper le parc par des animations (on imagine mal des animations 365 jours par an : quelques évènements ponctuels n'empêcheront pas les installations). "Donc le parc rouvre le 15 mais il n'y aura rien de fait ?" s'est alarmé une habitante... à qui Gilles Namur n'a pu que donner raison. Cette absence de volontarisme, alors que tout ceci se déroule sur des terrains municipaux, alors que la ville pourrait porter plainte dès qu'il y a une installation, alors que le clôturage du parc a un coût dérisoire, continuera de se payer cher par les riverains. Et la mauvaise plaisanterie continuera sans prise de conscience des Grenoblois de l'arnaque de cette majorité municipale, qui ne sait que fuir ses responsabilités et enfumer les habitants.  

 

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