MALLIFAUD : LA MUNICIPALITÉ VEUT S’AFFRANCHIR DE L’AVIS NÉGATIF DE L’ENQUÊTE

Quand la frange dominante des élus Verts/Ades de la firme de Raymond Avrillier monte au front, c'est pas bon signe. Au moment où on apprend que le commissaire enquêteur a rendu un avis très négatif et très motivé sur la suppression du parking Mallifaud, ces élus demandent que la municipalité s'affranchisse de cette enquête publique. Le bulletin de propagande de l'ADES (30/8/24) qui compte 14 élus dans la majorité municipale (après l'exclusion de Hakim Sabri) estime que "la Métro pouvait déclasser ce parking de son domaine public par une simple délibération, sans passer par une enquête publique. Elle peut donc passer outre cet avis défavorable".

UN ILOT DE FRAÎCHEUR ...
Le 11 août encore la municipalité annonçait la création "d'un nouvel espace de convivialité et de fraîcheur" (DL) rue Mallifaud dont les travaux démarraient en août. Il est vrai que, comme à son habitude, Gilles Namur (Verts/LFI) avait annoncé aux habitants le 15 février dernier lors d'une "concertation" dont il a le secret que tout était joué : les possibilités de stationner disparaitrait de ce quartier - rendu également payant - comme ailleurs.

.... QUI EXISTE DÉJA

Côté "fraîcheur", Denis Crabières, le commissaire enquêteur démolit une fake habituelle de Gilles Namur. Non, il n'est pas créé du tout un "nouvel espace de fraîcheur" : "Peu de changements sont à attendre en termes de réduction de chaleur puisque l’essentiel de la végétalisation (les grands platanes) est déjà en place" écrit -il dans son rapport définitif.

NE MANQUE QUE "LA CONVIVIALITÉ"

Quand à "la convivialité " il faudrait pouvoir juger sur pièce. Ce que l'on constate ailleurs à Grenoble dans ce type d'espace n'incite pas à l'optimisme... Le rapport du Commissaire enquêteur est accablant sur tous les points. En particulier le stationnement : "Étude de stationnement très succincte et non contextualisée ; Pas de mise en perspective des conséquences de la suppression de ce parking avec celles issues des suppressions antérieures ou à venir effectuées à Grenoble ; Pas d’étude d’impact sérieuse sur les conséquences de la suppression des places et de la mise en payant des espaces de stationnement aux alentours ; Absence d’éléments tangibles n’accrédite l’hypothèse soutenue dans le dossier, selon laquelle le stationnement des résidents sera facilité par la mise en payant du stationnement des voiries adjacentes. On sait que le stationnement payant favorise la rotation des usagers mais le dossier n’explique pas comment la réduction du nombre de place favorisera le stationnement des habitants du quartier".

"PAS D'ÉTUDE D'IMPACT, PAS DE SOLUTION ALTERNATIVE, PAS DE RÉPONSE SÉRIEUSE..."

Mais le commissaire enquêteur poursuit implacablement : "Pas d’étude sur les impacts sociologiques de la suppression des 90 places et de la mise en stationnement payant, ni de mise en perspective avec les autres actions similaires, passées et à venir. Une telle étude aurait été pertinente, particulièrement après la hausse des tarifs du stationnement de septembre 2023 pour les usagers « horaire » et celle du tarif « abonnés » de mars 2024. Absence d’étude d’une solution alternative (projet de parking rénové, payant et réduit de moitié conjointement à l’aménagement d’un parc végétalisé par exemple) ; Pas de réponse sérieuse ni d’engagement formel face aux interrogations sur la sécurité et les incivilités."

"UNE VOLONTÉ ÉDUCATIVE DISCUTABLE"

Que ce soit à l'issue d'une enquête officielle, de la part d'un commissaire compétent en droit de l'environnement, qu'on lise de tels jugements, démontre à nouveau la tartufferie municipale. Denis Crabières ajoute que l'intention municipale affichée relève "d' une volonté « éducative » discutable". On retrouve ici la critique de la prétention municipale à la rééducation et la déconstruction systématique de chacun.

"UN RISQUE D'ÊTRE EXCLU DU DÉBAT PUBLIC"

Pour lui "l’ensemble donne le sentiment que les objectifs de réponse au dérèglement climatique et aux nuisances générées par la présence d’automobiles, de développement de la convivialité intergénérationnelle et du « verdissement » du cadre de vie, sont vertueux au point de couper court, par principe à toute contradiction et de disqualifier tout avis dissonant. En effet, défendre la légitimité de l’usage, fût-il raisonné, de véhicules automobiles en milieu urbain, est aujourd’hui devenu une gageure et celles et ceux qui s’y risquent peuvent craindre, non sans raison, d’être exclus du débat public."

"ABANDON DE L'USAGE DE LA VOITURE"

On ne peut mieux dire sur la technique de disqualification de toute personne qui exprime une nuance sur la politique d'écologie punitive conduite. Le Commissaire démonte les fadaises de Gilles Namur : "M. Namur explique clairement que l’objectif est d’encourager au changement d’usage (il faut entendre : abandon de l’usage de la voiture) (...) le projet vise à « limiter le stationnement des travailleurs venant stationner en voiture la journée et encourager ainsi les changements de comportement […]. ».

"IMPOSER UN CHANGEMENT POUR LES TRAVAILLEURS"

"En l’occurrence, ces propos et écrits démontrent que le projet a bien davantage pour objet d’imposer ce changement plutôt que l’encourager et que les « travailleurs » figurent parmi les premières cibles de cette démarche « d’encouragement » sans que l’on puisse comprendre les raisons qui motivent ce traitement particulier. Si ce n’est, peut-être, qu’ils viennent de la périphérie et que les raisons pour lesquelles ils se déplacent en voiture sont, par principe, illégitimes et/ou accessoire"

"AVIS DÉFAVORABLES TROP NOMBREUX POUR ÊTRE IGNORÉS"

Pour lui encore, s'agissant de la suppression du stationnement, "une partie qui, serait-elle minoritaire, ne doit pas pour autant être négligée et sommée de s’adapter, bon gré, mal gré, ou de quitter son lieu de vie. Or, le dossier aurait pu apporter des garanties à cet égard mais son contenu témoigne que cette nécessité n’a pas même été considérée. (...) Les avis défavorables au projet sont trop nombreux pour être ignorés et de nombreux arguments présentés par les opposants sont parfaitement recevables.

"LA CONCERTATION N'A PAS EU LIEU"

"Pour susciter une réelle adhésion, le projet de parc aurait dû faire l’objet d’une véritable concertation avec les habitants et, contrairement à ce que dit le dossier, celle-ci n’a pas eu lieu. C’est regrettable puisqu’une solution médiane, permettant de concilier la réduction de la place de la voiture dans ce quartier, l’amélioration du cadre de vie commun et le légitime besoin de stationnement des habitants, aurait pu être proposée et, peut-être, faire consensus, sans contredire les objectifs".

LA MAJORITÉ MUNICIPALE EST VENT DEBOUT

Cet avis défavorable vaut la peine d'être largement cité car il est une excellente synthèse de tous les manquements et enfumages de la municipalité. On comprend qu'il suscite le courroux des élus Verts/Ades et des rescapés de la majorité municipale. Qui ne cessent par ailleurs, en toutes circonstances, de réclamer que les procédures soient respectées !

LE COMMISSAIRE ENQUÊTEUR À CÔTÉ D'UN DÉBIT DE BOISSONS

Sur un plan plus anecdotique, mais significatif également de quoi sont capables les élus Rouge/Verts, le commissaire enquêteur relève que le lieu de la permanence qui lui été affecté à l'hôtel de ville "à l’accueil de la mairie de Grenoble est particulièrement inapproprié. Placé à l’écart des guichets mais à côté d’un distributeur de boisson et d’un poste informatique en libre accès, ce lieu ouvert ne préservait pas la tranquillité des échanges et était inadapté à l’accueil des personnes dans le cadre d’une enquête publique".  C'est également à ces comportements qu'on les reconnait très bien.

"J'ÉMETS UN AVIS DÉFAVORABLE"

Au final, ayant considéré "la faiblesse du dossier (!) encombré d’informations inutiles et, d’autre part insuffisamment détaillé sur des points importants, Qu’aucune démarche de concertation n’a été engagée avec les habitants ; Qu’aucun projet conciliant stationnement et parc urbain n’a été proposé à l’avis des habitants ou même envisagé ; Que le projet divise la population au lieu de susciter la forte adhésion qu’on aurait pu attendre. J’émets un avis défavorable au projet de désaffectation du parking Mallifaud".

LE STATIONNEMENT PAYANT EST-IL JURIDIQUEMENT VALIDE ?

Dans cet imbroglio la question de savoir pourquoi cet avis rendu le 22 mai dernier n'a été rendu public qu'en août reste posée ? Mais cette douche froide contraint la Métropole à recommencer. Malgré le fait que la majorité grenobloise voudrait s'affranchir du droit pour "imposer" son dogme décrit par le Commissaire enquêteur. De plus qu'en est-il de la validité juridique du stationnement payant déjà mis en place ?

LA MAJORITÉ MUNICIPALE LE DOS AU MUR

Cette nouvelle déculottée ne va pas améliorer le climat très morose de la majorité municipale le dos au mur de l'insécurité malgré  le "classement pétaradant" de la ville moqué aussi par "le Canard Enchainé". Dossier par dossier, de Berriat à l'avenue Jeanne d'Arc en passant par Washington la pression monte. Elle a provisoirement reculé rue de Strasbourg pour les raisons que tout le monde sait.

ELLE ÉLOIGNE LE CITOYEN DE LA PARTICIPATION PUBLIQUE

Son refus de toute étude d'impact, de toute enquête publique préalables pour les projets qu'elle conduit a pour objet de les imposer en interdisant tout débat public. Outre que cela ne garantit pas leur succès comme on le voit, cette méthode affaiblit fortement la démocratie et éloigne de plus en plus le citoyen de la participation publique.

Pourquoi, si elle était si certaine de la justesse de ses dogmes, la municipalité n'accepte-telle pas de les confronter loyalement, dans les cadres réglementaires transparents qui existent ? Poser la question, c'est y répondre.

 

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