CHANTAGE MAFIEUX POUR LES CHANTIERS À GRENOBLE : MAIS QUE FONT LES ÉLUS ?

Alors que l'affaire des rackets sur les chantiers de Grenoble est de plus en plus médiatisée, quelles suites peut-on espérer désormais ?

"GRENOBLE LE CHANGEMENT" RÉVÈLE L'INFORMATION

Le 27 novembre dernier, "Grenoble le Changement" jetait un pavé dans la mare en révélant le fait que les chantiers de voirie au sud de la ville, pour le projet GrandAlpe, étaient stoppés, les entreprises étant menacées et rackettées par des bandes délinquantes qui exigent le paiement de "sociétés de sécurité" de leur choix pour que cesse le harcèlement (allant parfois jusqu'au molestage d'employé !). Un vrai système mafieux exposé au grand jour.

Les chantiers à GrandAlpe sont à l'arrêt, comme nous le révélions le 27 novembre dernier.

"LE DAUPHINÉ" SE PENCHE SUR L'AFFAIRE

Le 6 décembre dernier, après nos révélations, au tour du Dauphiné Libéré de se saisir du sujet. Le quotidien explique que "ce système s’est imposé de façon quasi généralisée en quelques années dans la région grenobloise, et pas seulement dans les quartiers sensibles." "L'omerta" qui règne est pointée, et le fait que bien souvent, des entreprises préfèrent payer que de voir leur matériel détruit... quand d'autres ne répondent tout simplement plus aux appels d'offres grenoblois, conscientes du système.

La une du Dauphiné le 7 décembre dernier.

"UNE SPÉCIFICITÉ GRENOBLOISE"

Les acteurs du BTP interrogés expliquent clairement que "c’est vraiment une spécificité grenobloise", qui concerne toute l'agglomération. Une autre spécificité dont on se serait bien passé. Mais les journalistes Denis Masliah et Laure Mamet noient quelque peu le poisson en martelant l'exemple de Marseille, deuxième ville de France qui connait des bandes mafieuses similaires. Il serait pourtant intéressant de donner des clés d'explication sur le fait que Grenoble, ville intermédiaire, ait à subir un tel système quand toutes les autres villes comparables sont épargnées.

LE PROCUREUR CONFIRME L'EXISTENCE DE CE SYSTÈME

Le 8 décembre, invité d'Europe 1, le Procureur de Grenoble Eric Vaillant confirme l'existence de ce "système tout à fait mafieux (...) comme dans les films américains sur la mafia : soit tu payes soit tu ne peux plus travailler". Des méthodes qui durent depuis des années, selon le Procureur, qui explique qu'il a une enquête en cours et invite à médiatiser le sujet pour générer des témoignages qui permettraient de briser l'omerta. On se demande pourquoi ça n'a pas été fait plus tôt et pourquoi il aura fallu attendre notre article pour déclencher la médiatisation. 

LA CURIEUSE COMPLAISANCE AVEC LES ÉLUS

Le Procureur insiste sur son appel aux témoignages des entreprises, avant de se livrer à un curieux manège. Il affirme que "ceux qui sont courageux dans cette affaire pour l'instant c'est les élus", citant nommément Eric Piolle, Christophe Ferrari et l'ex maire d'Echirolles Renzo Sulli qui "dénoncent les faits au parquet". "Eux sont courageux", insiste-t-il. Faisant comprendre en creux à l'auditeur que les entreprises, non. Elles ne manqueront pas d'apprécier, elles qui sont en première ligne et subissent les dégâts matériels, financiers, psychologiques pour les employés de ce système.

MAIS QU'ONT-ILS FAIT ?

La raison d'une telle complaisance avec les élus interroge. Car à part "dénoncer les faits au parquet", soit une obligation qui leur incombe au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, qu'ont-ils fait ? Qu'ont-ils entrepris pour démanteler ces bandes, implantées dans les quartiers, souvent également liées au trafic de drogue, dont des noms sont bien connus ? Eux qui sont à l'origine de ces quartiers devenus des nasses, eux qui ont la possibilité de contrôler les attributions de logements pour cesser de loger la délinquance et des pouvoirs étendus pour mener une vraie politique de sécurité ? 

LE SILENCE ASSOURDISSANT DE PIOLLE / FERRARI

Qu'ont-ils entrepris pour alerter sur ce système, le médiatiser, trouver des témoignages, eux qui n'en ont pas parlé une seconde et semblent refuser de le faire même depuis les révélations ? Renzo Sulli, sans doute plus à l'aise pour le faire depuis qu'il n'est plus Maire d'Echirolles, a bien répondu au Dauphiné Libéré et à France 2 hier soir. Mais comment expliquer le silence assourdissant du Maire de Grenoble et du Président de la Métropole, premiers concernés ?

France 2 a également consacré un reportage sur l'emprise de ces filières mafieuses à Grenoble, diffusé hier soir.

PIOLLE EST EN STAGE, PLAGIE DES BLAGUES ET REMUE DES FESSES

Pas un mot des élus grenoblois et particulièrement d'Eric Piolle. Alors que l'affaire éclatait ces derniers jours, il a encore fait le choix de la fuite, communiquant plutôt sur son stage d'immersion en EHPAD qui lui permet de s'éloigner de Grenoble. Ou sur son prix d'humour en politique pour avoir qualifié le Président de Région Laurent Wauquiez de "Fou du Puy" (une formule qui date de plusieurs années, utilisée à l'origine pour qualifier Philippe de Villiers. Même lorsqu'il s'agit d'humour, Eric Piolle est une fraude qui n'invente rien !)... Clou du spectacle, il a également préféré se mettre en scène à la fameuse "danse des fesses" au meeting des Verts. On voit bien le sens des priorités et des responsabilités qui l'anime. 

Les bandes mafieuses se gavent sur les chantiers grenoblois pendant qu'Eric Piolle twerke.

FERRARI EST OCCUPÉ PAR SA GARDE À VUE

Même mutisme du côté de Christophe Ferrari. La communication de la métropole a semble-t-il balayé les demandes de réaction des médias. Le Président lui-même avait sans doute d'autres chats à fouetter : le Dauphiné Libéré de ce dimanche révèle ainsi qu'il était en garde à vue la semaine dernière dans le cadre de l'enquête sur l'utilisation de son chauffeur... Une affaire qui résulte d'une dénonciation de Yann Mongaburu (EELV) et de l'ex chef de cabinet Vert de la métropole

Le Dauphiné Libéré du jour.

ALAIN CARIGNON : "LA DÉLINQUANCE PREND LE POUVOIR"

Seul Alain Carignon, Président du groupe d'opposition, a réagi et ce dès le 30 novembre sur ses réseaux sociaux : "la délinquance prend le pouvoir dans l'indifférence des élus locaux qui laissent faire. Par milliers, les Grenoblois en sont victimes. Nos propositions sont connues : vidéoprotection, PC opérationnel 24h sur 24, armement de la police municipale, expulsion des logements des locataires condamnés pour trafic, critères de tranquillité publique pour l'attribution de logement, assermentation large pour dresser procès-verbal, fin du "bétonnage" de la ville qui créé des nasses, actions massives de prévention socioculturelle afin que chaque adolescent ou pré-adolescent puisse avoir accès à une activité périscolaire... La dérive atteint de telles proportions qu'il faudra bien qu'elles soient entendues de la municipalité".

UNE CONSTANCE : LA POLITIQUE DE L'AUTRUCHE

Trafic de drogue qui mine de plus en plus de quartiers, violence du quotidien contre laquelle personne n'est à l'abri, délinquants qui vont jusqu'à privatiser une salle municipale pour leur usage à Mistral, et maintenant système mafieux qui fait la loi sur les chantiers grenoblois... Le pire étant que malgré la situation qui s'aggrave, cette délinquance qui s'étend comme une pieuvre et dont les ramifications pourrissent la vie de plus en plus d'habitants, rien n'indique que la politique de l'autruche du système Piolle cessera. À deux ans de la fin de son mandat, on ne peut que souhaiter une chose : que l'on tourne rapidement la page pour enfin retrouver des élus responsables.

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