MÉTROCABLE À GRENOBLE : LE PROJET INSENSÉ

L'enquête publique pour le métrocâble à Grenoble a débuté cette semaine. Ce projet de transport par câble reliant Fontaine à Saint-Martin le Vinoux n'a aujourd'hui plus de sens et semble pour l'instant se poursuivre uniquement parce qu'il est déjà lancé. L'enquête contribuera-t-elle à l'enterrer ?

UN GADGET À 100 MILLIONS

Le coût du projet, initialement estimé à 65 millions d'euros, s'élève désormais à près de 100 millions en raison de l'augmentation des prix des matériaux. Et ce sans même prendre en compte les dernières données de l'inflation. Beaucoup trop onéreux pour le nombre restreint d'utilisateurs prévus (seulement 4000), son impact environnemental et les nuisances pour les riverains.

UN TRACÉ QUI NE CORRESPOND PAS AUX BESOINS

Le faible nombre d'usagers est lié à un tracé d'ouest en est (Fontaine, Presqu'île de Grenoble, Saint-Martin le Vinoux) qui ne correspond pas aux urgences en matière de mobilité. Ceux qui voudraient relier la presqu'île ou Saint-Martin le Vinoux depuis la rive gauche du drac gagneraient en effet moins de 5mn de temps de trajet en câble par rapport au tram existant. La métropole et le SMMAG, étouffés par la dette, peuvent-ils se permettre de lâcher 100 millions pour 5 minutes de trajet en moins ? Alors que d'autres axes (nord-sud, Grenoble-Grésivaudan) ont vraiment besoin de davantage d'investissements pour les transports ?

Le tracé prévu. Source : site du SMMAG.

RISQUE INONDATION : LE PROJET A DU PLOMB DANS L'AILE

En mars dernier, la décision préfectorale de retirer le classement de la ZAC Portes du Vercors en zone d'intérêt stratégique (ZIS) sur la commune de Sassenage, en raison de risques d'inondation trop élevés, a été un gros coup dur supplémentaire pour le projet de métrocable. Cela signifie que 550 logements prévus ne verront pas le jour dans le secteur : or, l'urbanisation prévue de la zone était l'un des arguments les plus importants pour justifier le tracé ! On peut raisonnablement estimer que le nombre d'usagers prévus, déjà faible, le sera encore plus.

L'AUTORITÉ ENVIRONNEMENTALE PLUS QUE SCEPTIQUE

Autre coup pour le projet : l'avis de l'autorité environnementale avait été rendu peu avant cette décision, et exprimait clairement son scepticisme. Elle recommandait une réévaluation approfondie des prévisions de trafic et de la possibilité de développer d'autres modes de transport, notamment en envisageant un bus à haut niveau de service. L'avis allait encore plus loin, expliquant que la concrétisation du projet devrait être conditionnée à l'ouverture à l'urbanisation de la zone Portes du Vercors. Autrement dit : pour l'autorité environnementale, le fait que la construction de 550 logements soit annulée induit que les conditions nécessaires à la réalisation du métrocâble ne sont pas remplies.

Visuel du projet de métrocable. Toujours ce même vert mis en avant sur les images de projet alors que la mise en oeuvre aboutirait à l'urbanisation de terres agricoles. Source : site de la métropole.

DES SOUTIENS RÉDUITS 

Au final, seuls une poignées d'élus proches de Christophe Ferrari, le maire de Saint-Martin le Vinoux et le maire de Fontaine soutiennent le projet. Les élus de Sassenage ont toujours été contre, défendant un autre projet de tracé nord-sud plus pertinent pour décongestionner la ville. Saint-Egreve et Seyssinet sont "réservés". L'ADTC (association de défense des transports en commun) juge le projet "non prioritaire" et a demandé son abandon, tandis que l'officine Alternatiba fait campagne contre. 

LE REVIREMENT DES PIOLLISTES...

En décembre dernier, seuls 52% des élus avaient finalement voté en faveur du métrocâble. Un désaveu faisant suite à un revirement des élus d'Eric Piolle, qui, mécontents de la défaite de leur candidat Yann Mongaburu (EELV) à la présidence de la métropole, ont soudainement jugé que ce métrocâble n'était plus une priorité. On se souvient pourtant d'Eric Piolle affirmant en 2016 que « le câble entre Fontaine et Saint-Martin-le-Vinoux est un moyen de transport en commun essentiel pour accueillir de nouveaux emplois sans augmenter le trafic automobile, se révélant être la meilleure solution ». À quoi ça tient les convictions.

... ALORS QU'ILS ONT IMPULSÉ LE PROJET !

Ce métrocâble était leur projet phare, qu'ils ont impulsé et promu dans le Plan de Déplacements Urbains (PDU). Mais Piolle et Mongaburu envisagent maintenant de l'abandonner, pour l'unique raison qu'ils ne digèrent pas que Sylvain Laval, nouveau Président du SMMAG qu'ils exècrent, ait repris le projet et le défende. Pendant que les Verts sont occupés à ces considérations de petite tambouille politicienne, il convient de rappeler que depuis leur passage à la tête du SMMAG la fréquentation dans les transports stagne, qu'ils n'ont pas été capables de construire un seul km de tram supplémentaire et que leur PDU censé organiser les déplacements à moyen et long terme n'était pas financé à 70% ! Un bilan qui met évidemment en position de force pour donner des leçons aux autres.

LA CONSTANCE DU GROUPE D'ALAIN CARIGNON

Dans ce dossier, seul le groupe d'opposition d'Alain Carignon a maintenu une position cohérente depuis le début, soutenant le principe du câble comme moyen de transport mais exprimant des réserves sur la nécessité de ce tracé qui ne correspond pas aux besoins urgents pour les déplacements. Il avait relevé lors du conseil métropolitain que les Verts en ont fait un enjeu politicien et nous détournent du sujet du développement des transports. 

Intervention d'Alain Carignon en conseil métropolitain à propos du projet de métrocable.

LE RETARD ACCUMULÉ

Tout semble donc se liguer contre un projet daté, qui a pris un retard fou et a été maintes fois reporté. Après l'enquête publique, nous ne passerions pas à une phase opérationnelle avant 2025... s'il n'y a pas de nouveau retard. Même s'il a changé de position par tactique politique, ce pourrait donc être le seul héritage des mandats Piolle en matière de transports en commun : 3,5km de câble à 100 millions péniblement sortis en plus de 10 ans et qui ne traitent aucune priorité en matière de mobilités. De quoi être optimiste pour le projet de RER à 1 milliard qu'ils fantasment pour dans 10 autres années !

UN PROJET À REQUESTIONNER

Face à l'opposition des élus, des habitants, des collectifs, à l'annulation de la moitié du projet Portes du Vercors, aux conclusions accablantes de l'enquête PPRI, à la situation financière de la métropole la question se pose : le métrocâble doit-il et peut-il encore voir le jour ? Des solutions alternatives moins coûteuses et tout aussi efficaces, si ce n'est plus, existent pour ce tracé, et les fonds économisés pourraient être réinvestis dans d'autres projets répondant à de réels besoins. Prochain épisode avec les résultats de l'enquête publique, à laquelle vous pouvez participer en vous rendant sur ce lien

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