LE PROJET DE RER EN PANNE À GRENOBLE

Le projet de RER métropolitain n'en finit plus d'être repoussé aux calendes grecques. Dernier évènement en date avec l'annonce des financements de l'État pour les projets de RER.

LE PROJET "CONFIRMÉ" FIN 2022

En novembre dernier, le Président de la République confirmait dans une vidéo des projets de RER pour les métropoles françaises, dont Grenoble. Une fausse "annonce", qui entérinait en fait ce que prévoyait la loi mobilités dès 2019, et ce qu'avait confirmé ensuite le schéma directeur de SNCF Réseau publié en 2020.

rer grenoble carte
Le projet de RER grenoblois. Qui n'est pour l'instant qu'à l'état de projet et n'est pas près d'avancer.

UN CONCERT DE SATISFACTION

Quel que soit le bord politique, les élus du territoire s'étaient néanmoins félicités de cette annonce, dans un concert d'autosatisfaction assez étonnant bien que le projet d'un train toutes les 15 minutes soit évidemment séduisant. Car d'une part, s'il devait voir le jour, le RER grenoblois serait opérationnel pour 2035 seulement (dans l'hypothèse prévue initialement). Et d'autre part, la question du financement était très loin d'être bouclée.

A. CARIGNON MET EN GARDE

Seule voix dissonante : celle d'Alain Carignon, coprésident du groupe d'opposition, qui avait appelé à la prudence dans une publication Facebook intitulée "pas de fausse joie". Déjà il pointait le risque d'une annonce qui n'engage que ceux qui y croient, l'aboutissement prévu en 2035 faisant peser le poids financier du projet sur les successeurs du Président de la République actuel.

En novembre dernier, Alain Carignon détonnait déjà en appelant à la prudence.

LE CALENDRIER RECULE

Premier signal problématique : en juin dernier, Sylvain Laval (Président du SMMAG) explique dans le Dauphiné que le projet prend du retard et que le calendrier n'est déjà plus tenable en raison d' « un dossier englué dans la lourdeur de son processus, de ses réglementations et du mur financier ». "Le Grésivaudan en 2027 ? Ce sera, au mieux, 2029. Le Voironnais ? La nouvelle hypothèse table sur… 2040" résume le journaliste. 

Le calendrier prévisionnel du RER grenoblois sur le site du SMMAG n'est plus à jour...

LE PROBLÈME FINANCIER SE PRÉCISE

Entretemps, de nouvelles annonces sont venues confirmer le bienfondé des doutes et rincer la satisfaction des élus de la métropole. Emmanuel Macron a en effet précisé, au cours de la présentation en septembre de sa feuille de route pour l'écologie, les crédits que l'État allouerait aux RER métropolitains : 700 millions d'euros pour... 13 projets.

53 MILLIONS D'EUROS SUR 1 MILLIARD À TROUVER !

Cela revient à environ 53 millions d'euros par projet. Or, le seul projet grenoblois était évalué à environ 1 milliard d'euros en 2019 (les coûts ont probablement explosé depuis, avec l'inflation) ! Même en s'associant et en faisant preuve du maximum d'ambition, il est évident que la Région, le Département, la Métropole et les communautés de communes ne pourront assurer à elles seules le financement des quelques 950 millions restants. Le projet est bel et bien au point mort avant même d'avoir quitté la gare.

LA MÉTROPOLE DANS LE MÊME ÉTAT FINANCIER QUE GRENOBLE

Et ce d'autant plus que la Métropole est dans un état financier comparable à Grenoble. Elle cumule 800 millions d'euros de dette cette année (une capacité de désendettement à 12 ans) et 1,1 milliard prévus en 2030, véritable épée de Damoclès qui pèsera sur les capacités d'investissement futures... pour le RER par exemple. Comme si ça ne suffisait pas, une augmentation d'impôts tôt ou tard est envisagée par la majorité de Christophe Ferrari. Au moins un point sur lequel lui et Eric Piolle se rejoignent. Le SMMAG, également partie prenante du RER, n'est pas en reste avec une dette qui a explosé à plus de 600 millions d'euros au sortir des années de gestion par Yann Mongaburu (idéologue Vert placé là par Eric Piolle).

L'INDIGNATION EST TOTALE

Forcément, du côté de la métropole et de ses partenaires (la communauté de communes du Grésivaudan, le pays Voironnais et le SMMAG), la pilule du financement ridicule de l'État ne passe pas. "Une plaisanterie de mauvais goût", "édifiant, consternant, désespérant"... Les qualificatifs ne manquent pas et l'amertume est là : "ce sont des décennies, pour ne pas dire des siècles, qu’il faudra pour réaliser des RER".

Sur TéléGrenoble, Alain Carignon résume en 2mn le retard pris par la métropole pour le ferroviaire et ses conséquences : si nous avions obtenu la LGV, une partie de ce que cherche à résoudre le RER serait déjà réglé !

A. CARIGNON : "LA FAUTE ORIGINELLE QUI PÉNALISE NOTRE TERRITOIRE"

Alain Carignon, qui avait le premier alerté sur le problème du financement, s'est fendu d'un tweet en réaction à l'annonce du très faible financement de l'État : "le projet de RER grenoblois en panne démontre que l’absence de ligne TGV St-Exupéry/Grenoble qui soulagerait les lignes actuelles est la faute originelle qui pénalise notre territoire. Les autres régions ont obtenu ce que nos élus locaux n’ont pas demandé".

20 ANS DE RETARD POUR LE FERROVIAIRE

Car nous n'en serions pas là, à être aussi déçus en attendant trop d'un projet aujourd'hui à l'état de fantasme, si nous n'avions pas raté le coche de toutes les avancées possibles pour le ferroviaire ces 20 dernières années. La gouvernance de la gauche PS et des Verts depuis 25 ans n'a permis aucun gain pour le territoire alors qu'ils ont longtemps eu toutes les commandes (ville, métro, département, région...). Résultat ? Un retard considérable, avec l'absence de voie à grande vitesse dédiée entre Lyon et Grenoble et un encombrement de la ligne existante qui nuit à l'offre de TER. Grenoble est à la traine après avoir pris de l'avance dans les années 80/90 : nous sommes à 3h de Paris en TGV quand une ville comme Bordeaux est désormais à 2h !

TOUT LE MONDE D'ACCORD MAIS RIEN NE BOUGE

Le site actu.fr résume à merveille où nous en sommes avec le RER à Grenoble : "un projet qui fait l’unanimité… mais qui n’avance pas". Une bonne leçon finalement : c'est très facile de s'extasier pour un hypothétique projet lointain dans le temps et dont la question du financement n'est pas résolue. Ça l'est moins d'anticiper les besoins de demain et d'assurer une bonne gestion des deniers publics afin de disposer des marges de manœuvre financières pour y faire face. Pas sûr que cela ne serve de leçons 

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