ZFE À GRENOBLE : L’HYPOCRISIE DES VERTS

Alors que la mise en place de la ZFE (zone à faibles émissions) pourrait légalement être reportée à Grenoble, la majorité métropolitaine ne l'entend pas ainsi.

LE MINISTÈRE ASSOUPLIT LES CONDITIONS 

En début de semaine, le Ministère de la transition écologique a assoupli les obligations relatives à la mise en place des ZFE, conscient de la catastrophe sociale à venir en imposant une telle mesure au forceps. Pour Grenoble, la Métropole n'est ainsi plus obligée d'interdire les véhicules crit'air 4 en 2024 et crit'air 3 en 2025, comme prévu actuellement.

LES MARCHANDS DE PEUR DÉSAVOUÉS

C''est un cuisant échec pour les Verts qui ont fait de l'agitation des peurs leur fonds de commerce électoral. Cet assouplissement est rendu possible par le fait que Grenoble ne dépasse pas les seuils réglementaires des normes de qualité de l'air. Leurs discours anxiogènes et alarmistes à souhait s'en trouvent invalidés. Ils ont en réalité fait de la ZFE un prétexte à communiquer et à développer leur discours anti-voitures, alors qu'elle concerne 2 % de la pollution automobile qui représente 15 % de la pollution. Et alors qu'ils ne font pendant ce temps preuve d'aucune ambition pour lutter contre la pollution au chauffage au bois, première source des particules fines les plus dangereuses pour la santé bien loin devant la circulation automobile.

zfe grenoble
Une bonne illustration de ce à quoi mène le "toujours plus" des Verts.

LA PROPOSITION DE REPORT DE L’OPPOSITION VALIDÉE

Le département de l'Isère et le groupe d'opposition présidé par Alain Carignon avaient demandé il y a plusieurs mois un report de trois ans de la mise en place de la ZFE, et ce afin de permettre de mieux se préparer. Une ZFE à marche forcée, sans développement des transports en communs et alternatives nécessaires et sans aides suffisantes au changement de véhicule pour ceux qui ne peuvent s'en passer serait en effet synonyme de zone à forte exclusion, qui pénaliserait en premier lieu les plus précaires. 

LES COMMUNISTES SE RANGENT EN FAVEUR DU REPORT

Au conseil métropolitain de mercredi, le groupe des communistes a proposé un voeu demandant également un report. Preuve s'il y avait besoin que la pertinence de ce raisonnement dépasse largement les clivages politiques et rassemble ceux qui daignent prendre en considération l'aspect socialement problématique de la ZFE, comparativement à son impact environnemental assez négligeable.

C. FERRARI EXCÉDÉ D'AVOIR UNE MARGE DE MANOEUVRE !

Christophe Ferrari et son groupe (PS et apparentés) ont voté contre cette demande de report. Très agacé, le Président s'est emporté contre cette proposition d'assouplissement du calendrier, visiblement très malheureux de ne pas être obligé d'appliquer sa ZFE. La Métropole n'étant plus obligée, elle doit désormais choisir si elle veut oui ou non continuer selon son calendrier initial. La décision a été reportée à la rentrée et promet de grands moments au sein de la majorité qui n'en a plus que le nom : C. Ferrari écoutera-t-il la raison et assouplira-t-il le calendrier ? Ou se couchera-t-il devant les Verts et leur matraquage idéologique pour aller toujours plus loin ?

LES PIOLLISTES VEULENT TOUJOURS PLUS MAIS S'ABSTIENNENT

Les élus Verts, fidèles à eux-même, se sont insurgés contre l'assouplissement proposé par l'État. Vincent Fristot, zélé adjoint d'Eric Piolle, a fait son traditionnel couplet des "135 décès prématurés, les enfants et personnes âgées touchées par des pathologies liées à la pollution". Comme si on ramassait 135 cadavres sur les trottoirs chaque année : en réalité, cela consiste en une perte d’espérance de vie de 4 à 7 mois comparativement aux 5 % d’habitants qui vivent dans les communes rurales les moins polluées... Mais ça fait évidemment moins peur dit comme ça. Sans surprise, Lionel Coiffard, co-président du groupe piolliste au conseil métropolitain, a expliqué être pour la ZFE car selon lui "on ne peut pas la différer"... Mais au final et à la surprise générale, son groupe n'a pas voté contre le voeu de report mais s'est abstenu. Une médiocre posture politicienne sur fond de guerre métropolitaine, au détriment de la cohérence des Verts. On commence à avoir l'habitude.

Eric Piolle envoie systématiquement Vincent Fristot au front pour faire de la surenchère sur la ZFE.

D. SPINI : "NOTRE ANALYSE A FAIT DU CHEMIN"

Dominique Spini a elle indiqué au nom du groupe d'opposition qu'ils voteraient ce voeu, en pleine cohérence avec le fait que le groupe avait lui-même proposé ce report. "Je me réjouis que certains collègues aient avancé sur ce sujet. Des députés insoumis à Montpellier avaient demandé un report. Marine Tondelier elle-même, la secrétaire Nationale des Verts, a jugé « injuste » la mise en place des ZFE rappelant que la qualité de l’air «  n’est pas qu’un sujet voiture ». C’est dire comme notre analyse initiale a fait du chemin. Nous soutiendrons donc bien ce vœu, fidèles à notre proposition de reporter de 3 ans la mise en place de la ZFE".

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Dominique Spini (groupe d'opposition) mercredi au conseil métropolitain.

UNE USINE À GAZ…

Mais le voeu de report a finalement été rejeté et la métropole semble donc se diriger vers une imposition à marche forcée de sa ZFE, qui a tout d'une usine à gaz. Il y a en effet des dérogations de toutes sortes qui rendent le dispositif incompréhensible pour le citoyen. Selon le jour, le type de véhicule, la destination, si on est un "gros rouleur" ou non, l'interdiction de circuler s'applique ou ne s'applique pas... 

… DE PLUS EN PLUS DÉCRIÉE

Elle est en outre de plus en plus décriée à mesure que chacun prend conscience de ce que cette ZFE implique. Associations et collectifs citoyens, unions de quartier, Automobile Club Dauphinois... Même le collectif pour la gratuité dans les transports en commun, l'association handi-moi tout et le collectif stop crit'air ont fait part de leur opposition. Ils fustigent une forme "d'écologie coloniale", faisant référence à l'obsolescence programmée du parc automobile que cela implique : envoyer au rebut (ou à la mise en vente dans des pays moins regardants) les voitures considérées comme trop polluantes ici va aboutir à polluer davantage dans les pays les plus pauvres fournisseurs des matériaux rares pour les batteries des voitures électriques. Et sont très pessimistes quant à l'impact social, conscient que ce sera "un vrai labyrinthe administratif pour les plus précaires".

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Il y a un mois, Le Dauphiné révélait que 6 métropolitains sur 10 rejettent la ZFE.

LE DOGMATISME A ENCORE DE BEAUX JOURS À GRENOBLE

En défendant coûte que coûte la ZFE maintenant, tout de suite, alors qu'ils ont la possibilité de prendre le temps de revoir leur copie, les élus métropolitains prouvent que seul compte pour eux l'affichage, l'inaltérabilité de leur dogme au détriment de l'efficacité réelle de la mesure pour la pollution et de son coût social pour les moins aisés qui vont payer les pots cassés. Une faute politique grave : dans quelques années, ce n'est pas la ZFE qui aura renversé la table et drastiquement amélioré la qualité de l'air. Mais nous pourrons compter par milliers les grenoblois et métropolitains qui, le couteau sous la gorge, se seront endettés pour acheter un véhicule neuf... jusqu'à ce que celui-ci soit probablement interdit aussi, puisque la logique politicienne des Verts les emmène à pousser le bouchon toujours plus loin pour garder leur pré carré électoral.

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