« BRIGADE DE L’ESPACE PUBLIC » : UN NUMÉRO D’ESBROUFFE

Les annonces se suivent et se ressemblent dans la méthode. Après la pseudo "gratuité" pour certains sur le dos du contribuable, la municipalité annonce la mise en place d'une "brigade de l'espace public"... avec une présentation fallacieuse censée nous faire croire que la police municipale est renforcée.

UNE BRIGADE DE VERBALISATION DES VOITURES

La brigade a pour missions principales de s'occuper du forfait post stationnement, du stationnement gênant et de la mise en fourrière, ou encore du contrôle des panneaux pour les interdictions provisoires de stationner. Il s'agit donc très concrètement d'une nouvelle équipe dédiée à la verbalisation de tout ce qui concerne les automobilistes, dans la droite lignée de l'utilisation des nos quelques caméras quasi uniquement pour la vidéo verbalisation des voitures mal garées.

À propos de l'utilisation des caméras, Maud Tavel se vantait l'an dernier : "en 9 mois nous avons dressé près de 1000 PV".. On voit leurs priorités.

DÉJÀ 25 AGENTS EN PLUS POUR METTRE DES PV...

En fin d'année dernière, la municipalité avait pourtant déjà lancé le recrutement de 25 ASVP supplémentaires spécifiquement dédiés à mettre des PV aux véhicules mal stationnés. Avec la quinzaine d'agents à nouveau annoncés, il devient de plus en plus clair que la chasse à la voiture est devenue une obsession idéologique. Comme s'il s'agissait de la priorité en matière de recrutement, dans une ville qui étouffe sous les dépenses de fonctionnement. 

L'EFFICACITÉ DOUTEUSE DE LA LUTTE CONTRE LES DÉPÔTS SAUVAGES 

L'autre mission de la brigade est censée concerner "la salubrité publique et environnementale (dépôts sauvages, application du règlement des parcs et jardins, déjections canines, obligations de débroussaillage...)". L'ambition est belle mais il faut être réaliste : l'effectif n'est pas suffisant pour vraiment assurer des flagrants délits et donc la verbalisation en cas de dépôt sauvage de déchets. Les agents ne pourront, en la matière, pas faire grand chose d'autre que ce que font déjà les Grenoblois excédés par ces insalubrités récurrentes : le signaler au service propreté urbaine.

LE MÊME PROBLÈME QU'AVEC LES MÉDIATEURS

En ce qui concerne "l'application du règlement des parcs et jardins", ça ne risque d'être guère mieux quand il s'agira de faire face aux bandes qui s'installent et génèrent nombre de nuisances notamment l'été. Les agents de la brigade risquent d'être confrontés au même problème que les médiateurs, dont la prestation a d'ailleurs été stoppée avant son terme. Comme eux, ils sont censés se rendre sans armes là où la police municipale ne va pas (à partir de 19h la municipale ne va pas dans le 38100 mais les ASVP peuvent rester sur l'espace public jusqu'à 23h30 !). Comme les médiateurs, ils seront dénués de moyens face aux bandes potentiellement violentes et aux délinquants qu'ils croiseraient. 

UN DÉCALAGE TERRIBLE AVEC LA RÉALITÉ

Il y a un décalage cruel entre cette annonce qui consiste à mettre sur la voie publique des agents désarmés censés réprimander, et le niveau de violence qui ronge Grenoble. Bomber le torse et jouer les gros bras en expliquant qu'on va verbaliser les automobilistes, après le meurtre de Lilian Dejean, après un été marqué par les fusillades, après que la ville voisine d'Echirolles en soit venue à ordonner l'évacuation d'un immeuble rongé par les dealers, après qu'à Grenoble ce soient ces mêmes dealers qui mettent dehors des associations, relève d'un aveuglement idéologique et d'un entêtement graves.

10 À 12 POLICIERS SUR LE TERRAIN...

Mais le plus choquant reste la présentation fallacieuse de la mesure. La comm' municipale fait passer ce recrutement comme portant à 169 le nombre de policiers municipaux à Grenoble, comme si cela améliorer les choses en matière de sécurité. Une tromperie de plus : l'effectif réel tourne autour de 70 qui disposent de l'habilitation judiciaire seulement. Soit 10 à 12 policiers par jour sur le terrain. Et deux le soir, qui ne vont pas dans le 38100... Bien loin des besoins d'une ville comme la nôtre donc. Et ce ne sont pas des agents verbalisateurs en plus qui compenseront.

MAIS QU'ATTENDENT DONC LES VERTS DE LA POLICE MUNICIPALE ?

Le média Place Gre'net rapporte que l'objectif de cette brigade est de "décharger la police municipale « qui a bien d’autres choses à faire que traiter toutes ces incivilités, a expliqué Gilles Namur, adjoint aux Espaces publics". De son côté Eric Piolle expliquait sur BFM qu'il ne souhaite pas l'armer pour ne pas "l'exposer à des risques" pour des "missions qui ne sont pas les leurs". On commence sérieusement à se demander quelle est la vision des Verts du rôle de leur police municipale, si ils ont ne serait-ce que pris le temps d'y penser pour en avoir une ?

LE DÉSESPOIR DES POLICIERS

Comme nous vous le rapportions dans notre article de dimanche, après qu'Eric Piolle et l'adjointe à la "tranquillité" Maud Tavel leur aient rendu visite, les policiers les ont également interrogés à ce sujet : "Est-ce que vous connaissez notre travail ? C'est quoi nos missions ?". Ils ont été incapables de répondre, s'enfonçant dans un discours hors-sol bien loin des attentes des agents. L'un d'eux leur rappelant à propos de leur refus de l'armement : "si je me fais tirer dessus et que je n'ai pas les moyens de me défendre, je vous tiendrai pour responsable de non assistance à personne en danger".

A. CARIGNON : "LA MUNICIPALITÉ MULTIPLIE LES FAKES TROMPEUSES"

Le groupe société civile présidé par Alain Carignon a rapidement réagi à l'annonce de la nouvelle brigade : "comme avec tous les sujets la municipalité multiplie les fakes trompeuses. (...) L’effectif réel de la police municipale est l’un des plus faibles des grandes villes (...) Cette situation qu’elle tente de cacher, cumulée avec l’absence de son armement, du développement de la vidéo protection et d’un PC opérationnel, est l’une des explications de la progression insoutenable de la délinquance dans la ville".

LUNDI, LA SÉCURITÉ PAS À L'ORDRE DU JOUR DU CONSEIL

Lundi, pour le premier conseil municipal depuis la rentrée après plusieurs semaines de violences qui ont profondément ébranlé Grenoble, il n'y aura d'ailleurs rien à l'ordre du jour qui concerne la sécurité. La réalité est là et l'esbrouffe que constitue cette brigade espace public faussement assimilée à un renforcement de la police ne trompera personne.

Malgré la main tendue du président de l'opposition Alain Carignon qui a adressé un courrier appelant à un dialogue pour avancer et mettre en oeuvre des solutions, l'équipe Piolle persiste pour l'instant dans une posture politicienne de rejet dogmatique du sujet, comme ils le font depuis 10 ans. Il y a malheureusement peu de chances qu'ils n'infléchissent leur position à 18 mois des municipales désormais. 

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