« GRATUITÉ » DES TRANSPORTS : UNE USINE À GAZ VERRA-T-ELLE LE JOUR ?

Il y a 10 jours, nous revenions sur la charge du président du SMMAG Sylvain Laval fustigeant la "posture médiatique" des Verts/LFI grenoblois à propos de la promesse solitaire de gratuité ciblée des transports en commun. Nouveau rebondissement dans le Dauphiné Libéré du 24/07/24.

"DISCUSSIONS" PAR PRESSE INTERPOSÉE

En résumé : le compte administratif du budget 2023 a révélé en juin que sur les 1,1 millions annoncés pour les mobilités, seulement 95 000 euros ont été dépensés et rien pour la gratuité ciblée promise par les Verts. Le Président du SMMAG avait alors réagi dans le DL en rappelant qu'il s'agit d'une initiative solitaire à laquelle l'autorité compétence pour les transports n'a pas été associée. Dernier épisode en date : l'adjointe Margot Belair (Verts), qui siège aussi au SMMAG, et l'adjoint au social, Vice-Président du CCAS Nicolas Kada (Verts/LFI) répondent pour le compte des Piollistes, toujours dans le Dauphiné. 

Au coeur de l'été, les "tacles" par voie de presse se poursuivent au sein de la majorité métropolitaine...

LA GRATUITÉ POUR CET AUTOMNE ?

Et ils persistent et signent. Les deux adjoints, fidèles piliers du système Piolle, réitèrent la promesse de gratuité répétée depuis 2014 (d'abord elle devait concerner les jeunes, ensuite les week-ends, maintenant elle sera destiné aux plus précaires...). Jusqu'ici ils n'ont tenu aucun engagement mais cette fois-ci ils l'assurent : ce sera "opérationnel pour cet automne". Nous pourrons donc juger sur pièce dans quelques semaines.

RIEN N'EST DÉFINI À CE STADE

Juger quoi exactement ? On ne sait pas encore car ils n'ont pas plus de détails à apporter. "Le dispositif sera précisé ces prochaines semaines", expliquent-ils au DL. C'est le CCAS de la ville qui devrait porter la mesure et c'est à peu près tout ce que l'on sait, car pour l'instant, c'est le flou le plus complet : on ne sait pas comment devront s'y prendre les bénéficiaires, vers qui et où ils devront se tourner, quel justificatif il faudra présenter...

LE SMMAG NE VEUT PAS DE DISTORSION ENTRE LES USAGERS

Seule (quasi) certitude : ce n'est pas au niveau du SMMAG que l'organisation de cette gratuité s'effectuera. Sylvain Laval avait en effet rappelé les raisons de son refus du principe de gratuité réservée à une poignée de grenoblois, arguant que cela entrainerait une "distorsion entre les usagers". Le syndicat des mobilités, qui couvre près de 100 communes, se retrouverait en effet à mettre en place une mesure qui ne concerne qu'une seule d'entre elle.

EN ROUTE POUR UNE NOUVELLE USINE À GAZ 

Résultat des courses : si la municipalité va, seule, au bout de sa lubie, on se dirige tout droit vers un fonctionnement infernal pour les usagers. Le fait que Belair et Kada promettent qu'ils feront tout pour "simplifier au maximum les démarches" nous promet une formidable usine à gaz (on a affaire à des spécialistes en la matière). Le média Alpes1 résume le grand bazar qui s'annonce : "il se pourrait bien que les usagers précaires qui prendront un bus à Grenoble n'auront pas besoin de prendre un ticket. Mais s'ils descendent à Echirolles, alors le contrôleur pourrait être en mesure de les verbaliser…" ! Bonjour la gratuité !

TOUT LE MONDE PAYE POUR UNE POIGNÉE

Au passage, il convient toujours de rappeler que la gratuité n'existe pas. Si on ne paye pas directement pour un service public, c'est parce que ce même service est financé par tous ceux qui payent des impôts. On passerait donc ici d'un système où l'usager seul paye son utilisation des transports (dans la plus juste mesure de ses moyens, puisque le SMMAG a des tarifs aujourd'hui plus sociaux qu'à l'époque où les Verts le présidait...), à un système où l'intégralité des contribuables se retrouveraient à financer l'utilisation des transports d'une poignée d'utilisateurs. 

LE NOMBRE DE BÉNÉFICIAIRES S'ANNONCE TRÈS RESTREINT...

On ne sait d'ailleurs pas qui bénéficiera réellement de la mesure puisque là aussi le flou règne. En janvier dernier, à l'occasion de ses voeux, Eric Piolle avançait que la gratuité serait mise en place pour les 10% de Grenoblois les moins aisés. Si on s'en tient à cette annonce (qui n'est pas reprise par Kada et Belair).., environ 16 000 Grenoblois pourraient donc bénéficier de cette gratuité. Un peu de chiffres théoriques : avec 1 million prévus au budget pour la mesure, cela fait environ 62 euros par an et par personne. Cela serait suffisant pour la 1ère tranche de tarifs du réseau (abonnement à 30 euros pour les quotients familiaux entre 0 et 565 euros) mais déjà largement insuffisant pour la deuxième tranche (abonnement à 180 euros dès 566 euros de quotient familial). 

... COMME POUR LES AUTRES TARIFICATIONS SOLIDAIRES

Rappelons qu'avec un revenu de moins de 800 euros (RSA + APL), une personne seule avoisine déjà les 400 de quotient familial. Le nombre de bénéficiaires effectifs sera donc très minoritaire et loin des 16 000 usagers annoncés par Piolle. Voilà qui n'est pas sans rappeler les fameux tarifs solidaires tant vantés par les Verts pour le conservatoire, le périscolaire etc. : pour un très faible nombre de bénéficiaires, ce sont les classes moyennes qui subissent les coûts plein pot, voire les augmentations de tarifs. 

Capture d'écran tag.fr. Tarifs solidaires pour les transports en commun : la somme budgétée par la ville ne permettrait de financer que l'abonnement des plus petits barêmes qui ne sont évidemment pas les plus nombreux.

LE CULOT DES VERTS QUI REPROCHENT AU SMMAG LEUR PROPRE COMPORTEMENT

Relevons que les élus grenoblois refont l'histoire en accusant le SMMAG de leurs propres turpitudes. À les lire, c'est lui qui refuserait la discussion et avancerait en solitaire. C'est pourtant bien eux qui ont accouché de cette idée de manière tout à fait unilatérale alors que le SMMAG, surendetté par la gestion Piolle/Mongaburu passée, est très clair de longue date quant au fait qu'il ne peut pas financer de gratuité. Ils osent même parler "d'approche dogmatique" (des spécialistes !) et dénoncer ce qu'ils voient comme des "invectives"... alors qu'à chaque fois, ils lancent les premiers les hostilités car ils n'ont jamais su digérer la défaite de Yann Mongaburu face à Christophe Ferrari pour la présidence. Mais plus c'est gros...

LA DÉMAGOGIE COMME BOUSSOLE DE FIN DE MANDAT

Verdict d'ici la fin d'année pour tirer un premier bilan de la réalisation (ou non) de la promesse. Avec le faible nombre d'usagers qui pourront en bénéficier et la complexité annoncée du dispositif, on peut d'ores et déjà prévoir que la montagne promise depuis belle lurette accouchera d'une souris. Mais on peut faire confiance aux Piollistes pour en faire des tonnes, et ceci sans doute encore plus qu'à leur habitude puisque la fin du mandat s'annonce décidément sous le signe de la démagogie. 

2 Comments

Laisser un commentaire

"LES INFORMÉS" : LES COULISSES DE LA VIE GRENOBLOISE !

X