BAR-RADIS : L’ÉCONOMIE VERTE SOUS PERFUSION D’AIDES PUBLIQUES

2 ans après son inauguration, où en est-on pour le fameux "bar-radis", quartier Flaubert à Grenoble ? Une délibération passée lors du dernier conseil municipal a permis de constater les difficultés d'une structure sous perfusion de subventions.

UN APRÈS, UN BILAN DÉJÀ COMPLIQUÉ

En août dernier, le média en ligne Place Gre'net avait déjà tiré un premier bilan un an après l'inauguration qui révélait un certain nombre de problèmes entre faibles récoltes car les cultures sont exposées au vent (ce qui n'avait pas été prévu..) et hausse des prix programmée. L'objectif affiché : atteindre 20% de la production du restaurant grâce au jardin d'ici 5 ans.

Le "rooftop" du bar-radis, entre les nouveaux immeubles de Flaubert..

OBJECTIF : NOURRIR 15 PERSONNES D'ICI 5 ANS...

Pour donner un ordre d'idée concret, avec 70-75 couverts par jour, l'ambition est donc de nourrir 15 personnes grâce aux produits cultivés sur la terrasse du "rooftop". À l'heure où la municipalité vante son usine à gaz de "sécurité sociale alimentaire" (qui n'est qu'un "groupe de travail" n'ayant encore rien créé) et parle d'alimentation durable à toutes les sauces en utilisant en particulier l'exemple du bar-radis, on voit qu'on est très loin de l'autonomie alimentaire...

... GRÂCE AUX SUBVENTIONS QUI COULENT À FLOT

Pour arriver à ces 15 personnes par an, l'activité du bar-radis dépend... des subventions publiques. On atteint les 155 000 euros de subventions au titre de la ville et de la métropole ! L'argent du contribuable ne serait-il pas mieux employé pour des actions de promotion de l'alimentation locale plus large que pour les seuls clients d'un restaurant ?

LE BAR-RADIS N'ARRIVE PAS À L'ÉQUILIBRE

Malgré ces aides généreuses, le bar-radis n'est pas viable. En mai dernier, le journal Les Echos se penchait sur le bilan de 2023. Avec 700 000 euros de chiffre d'affaires (et il faut compter 45 000 euros de subventions...), l'objectif de 750 000 euros pour atteindre l'équilibre n'est pas atteint. En conséquence, la masse salariale a été réduite de deux personnes. L'un des associés expliquait alors que les subventions "sont amenées à se tarir et il nous faut un modèle économique viable"...

DES DISCUSSIONS POUR LE LOYER...

Le fait est qu'il n'est toujours trouvé puisqu'au conseil municipal du 24 juin dernier, au détour d'une délibération, on découvrait que "l’association Bar Radis a dû revoir son modèle économique et est notamment en cours de discussion avec la SPL sur le montant de son loyer et une adaptation de celui-ci pour l’année 2024".

... DÉJÀ REVU À LA BAISSE

Celui-ci était pourtant déjà particulièrement avantageux. À l'origine en 2019, il était prévu qu'il atteigne 70 000 euros hors taxes. En 2022, au lancement du bar-radis, le loyer avait finalement été réduit à 50 000 euros hors taxes. Et celui-ci est donc à nouveau amené à baisser puisque des "discussions" sont engagées. En plus des subventions, il faudrait comptabiliser ces ristournes qui constituent un manque à gagner pour la collectivité.

UNE DÉLIBÉRATION POUR QUE LE LOYER NE SOIT PLUS DISCUTÉ EN CONSEIL

La délibération en question visait à "déléguer à la SPL SAGES (ndlr : la société publique qui gère l'aménagement du quartier Flaubert) la gestion du bail et de l’autoriser à prendre toute mesure révisant les conditions du bail et le loyer". Et ce pour "éviter que la ville ne délibère à chaque révision de loyer". C'est limpide : les Verts/LFI font en sorte que les générosités de loyer avec l'argent public ne passent plus devant le conseil mais se gèrent dans l'opacité au sein de la SPL SAGES... qui est présidée par le Maire de Meylan Philippe Cardin (gauche), allié des piollistes à la métro. Circulez y'a rien à voir.

CHÉRIF BOUTAFA : "VOUS VOULEZ CRÉER L'OPACITÉ"

C'est ce que la délibération, dans la novlangue habituelle des Verts, appelle "proposer un cadre contractuel plus souple". Évidemment la pilule n'est pas passée pour le groupe société civile d'Alain Carignon. Chérif Boutafa, élu d'opposition, a ainsi mis en garde : "nous refusons que vos opérations politiques et d’images soient financées par le contribuable. On  ne peut pas laisser couvrir par les mots de la transition, de l’écologie, du durable, la dilapidation de l’argent public. Toute proportion gardée on retrouve là les mêmes dérives qu’avec l’immeuble ABC de la presqu'île. (...) Vous voulez créer l’opacité  afin que les subventions n’apparaissent plus au conseil, mais nous demanderons des comptes à la SPL Sages".

L'immeuble ABC sur la Presqu'île. 2,4 millions de subventions publiques pour 62 logements supposés être à la pointe de la transition... mais rien ne fonctionne dans l'immeuble ! Un cas d'école de la gabegie verte.

CEUX QUE LA MUNICIPALITÉ A LAISSÉ TOMBER APPRÉCIERONT

Notons aussi la différence de traitement entre cette structure proche des Verts et d'autres qui n'ont pas bénéficié des mêmes aides ou de la même mansuétude pour le loyer. La papothèque, structure d'insertion et d'accompagnement social au Lys Rouge, n'avait ainsi besoin que de quelques milliers d'euros pour survivre mais ACTIS présidé par Eric Piolle puis Elisa Martin lui a envoyé les huissiers ! Le restaurant "le 5", à côté du musée, n'a lui non plus pas bénéficié de la même compréhension quand la ville lui a imposé un calendrier de travaux infernal conduisant le restaurateur Pierre Pavy à jeter l'éponge. Notons d'ailleurs que le restaurant du musée a été repris par des proches de la municipalité...

L'intervention de Chérif Boutafa en conseil municipal.

L'ÉCONOMIE VERTE SUBVENTIONNÉE

Nous sommes ici en plein dans "l'économie" par les Verts, pour les Verts et subventionnée par les Verts. Le vernis "transition écologique" ne tient pas car la débauche d'argent public est sans commune mesure avec l'impact pour l'environnement, vu le peu de personnes touchées. De telles sommes pourraient être employées bien plus utilement. À la place, la collectivité créé une forme de concurrence déloyale en aidant certains opérateurs économiques pendant que d'autres ne bénéficient de rien. Combien de temps ces derniers et les contribuables sur-pressurisés supporteront-ils de telles méthodes ?

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