LA TRAHISON D’ÉMILIE CHALAS QUI SE RANGE DERRIÈRE ÉLISA MARTIN

La défaite, et le déshonneur. Emilie Chalas (Renaissance) a annoncé hier qu'elle retirait sa candidature pour le deuxième tour sur la troisième circonscription de l'Isère dimanche prochain. Elle achève d'offrir la victoire sur un plateau à Elisa Martin (LFI).

LA "TROISIÈME VOIE" SE LANCE EN FANFARE

Il y a deux semaines à peine, malgré sa défaite cuisante en 2022, Emilie Chalas repartait en campagne en fanfare. En se lançant sur la circonscription qu'elle a perdu il y a deux ans, celle qui est aussi présidente du parti macroniste en Isère claironnait alors : « pour éviter un second tour RN/LFI, je propose une 3ème voie ». Au Dauphiné Libéré, elle expliquait : "je sais que les habitants n’ont pas voulu me reconduire en 2022, je l’entends. Je leur propose une autre possibilité que le RN et LFI, libre à eux de s’en saisir". 

Le Dauphiné du 14 juin dernier.

LA CAMPAGNE SUR LE THÈME DES AFFAIRES

La stratégie de campagne Chalas avait alors été très claire. En résumé : pour faire face aux deux candidatures populistes qu'elle dénonce, elle s'était elle-même lancée dans la surenchère sur le sujet de l'affaire de rémunérations occultes dans laquelle est mise en cause son adversaire Elisa Martin, accusée par un ex collaborateur d'Eric Piolle d'avoir perçu de l'argent en liquide pour arrondir ses fins de mois alors qu'en parallèle les Rouge/Verts communiquaient sur la (fausse) baisse des indemnités d'élus.

Juste avant le 1er tour, retweet d'Emilie Chalas apparemment fébrile au point de ne plus s'embarrasser de la présomption d'innocence pour Martin..

OBJECTIF : DEVENIR LA PREMIÈRE OPPOSANTE À MARTIN

Le sujet était alors devenu le seul argument de campagne de celle qui est aussi conseillère d'opposition à Grenoble. Elle avait utilisé cette dernière casquette pour organiser un rassemblement (qui a été un gros bide) sur le thème de "rends l'argent" devant le conseil municipal de lundi dernier, avant une intervention très violente, avec une forme et un vocabulaire contestables qui desservaient le fond. Mais qu'importe : l'objectif était de faire parler et de s'ériger en première opposante à Elisa Martin. 

La petite manifestation d'Emilie Chalas devant le conseil. Un signe qui ne trompe pas quant à sa capacité de mobilisation à Grenoble...

CHALAS EST RELÉGUÉE TROISIÈME ...

Pari raté puisque toute cette agitation ne lui aura pas permis de faire mieux que troisième dimanche dernier, avec 20% des suffrages exprimés (5 points de moins qu'en 2022). Derrière le RN (22%) et (très) loin derrière la sortante Elisa Martin (42%) : il faut croire que ne parler que des affaires de l'autre sans jamais exposer en quoi il serait plus pertinent de voter pour soi-même ne suffit pas. 

... MAIS ELLE SE QUALIFIE SUR LE FIL...

Mais Emilie Chalas s'est tout de même qualifiée in extrémis pour le second tour : avec la participation très forte à ce scrutin, 20% des suffrages équivalent à 13,5% des inscrits et il faut 12,5% pour se maintenir en triangulaire. Elle était alors en mesure de proposer aux électeurs qui ne veulent ni du RN ni de LFI un autre choix au second tour, cette fameuse "troisième voie" qu'elle a vanté. 

... PUIS SE DÉGONFLE

Sauf que le soufflet est vite retombé et de la pire des manières. Hier, elle a annoncé qu'elle se désistait et ne serait pas candidate dimanche prochain. Et ce au nom du "barrage à l'extrême-droite". "Sauvons la République" (rien que ça !) assène-t-elle dans son communiqué : sur la circonscription, le RN n'a pourtant aucune chance de l'emporter et la défaite d'Elisa Martin est impossible vu son avance. 

LA DOUBLE TRAHISON DES ÉLECTEURS

C'est une double trahison pour ceux qui ont fait confiance à Emilie Chalas au premier tour. D'abord parce qu'elle les prive de la troisième voie promise au second tour en ne leur laissant le choix qu'entre un bulletin LFI ou un bulletin RN. Une décision incompréhensible qui devrait conduire de nombreux électeurs à s'abstenir ou à voter blanc, privés d'un choix plus modéré. 

CHALAS DEVIENT UN SOUTIEN DE MARTIN

Et ensuite parce qu'après avoir passé sa campagne à taper sur Elisa Martin, elle se rallie à elle : en expliquant clairement "aucune voix ne doit aller au RN", l'ex candidate Renaissance devient rien de moins que la force d'appoint de la Députée sortante LFI. Emilie Chalas vient seconder celle qu'elle traitait presque de voleuse il y a encore quelques jours ! Comment être crédible aux yeux des citoyens quand on est capable d'un tel retournement de veste ? 

UN PAMPHLET INUTILE SUR L'EXTRÊME-DROITE

Sa décision aurait pu être comprise et débattue si le RN avait des chances de l'emporter sur la circonscription. Mais avec ses 42%, Elisa Martin a 20 points d'avance sur la candidate de Bardella ! Il est donc statistiquement impossible que la députée LFI perde, alors qu'elle a en plus en réserve de voix les 7% de la girouette inutile Stéphane Gemmani. Dès lors le pamphlet de Chalas sur l'extrême-droite apparait totalement anachronique et déconnecté des enjeux grenoblois. 

LE SUIVISME PERMANENT DE LA GAUCHE...

Ce ralliement vient en revanche confirmer qu'on ne peut décidément pas compter sur elle pour l'alternance à Grenoble, malgré ses velléités, car elle passe son temps à donner des gages aux Verts/LFI. Electoralement, la voilà qui se soumet de façon éclatante à La France Insoumise. Mais avant ça, elle marquait déjà sa proximité avec eux en se revendiquant dès qu'elle le peut comme étant "de gauche", en jouant la partition de la "sociale-démocrate" (un créneau très disputé à Grenoble). 

... ET LA PROXIMITÉ IDÉOLOGIQUE

Sur le fond, les observateurs avisés du conseil municipal ont d'ailleurs pu constater sa proximité idéologique avec la majorité municipale. Sur les sujets à l'origine de tous les maux grenoblois, l'urbanisme et le logement, elle pense comme les Verts/LFI et les suit dans leurs dogmes : densification massive, construction de logements sociaux à outrance... On se rappelle aussi qu'elle avait voté pour le "permis de louer", énième verrou pour les propriétaires grenoblois déjà pris à la gorge

LA FRACTURE AVEC OLIVIER VÉRAN

En se ralliant ainsi à LFI, Emilie Chalas braque aussi son ex collègue Olivier Véran qui est lui à la bataille sur la circonscription voisine face à ... un jeune candidat LFI qui le distance au premier tour ! Déjà que les relations entre les deux étaient très fraiches. Comment peut-il espérer être audible alors que la présidente de son parti en Isère vient de se soumettre au parti de Mélenchon ? Le camp présidentiel à Grenoble est un canard sans tête qui n'obéit plus qu'à des logiques personnelles bien éloignées des enjeux. 

LE PAYSAGE SE CLARIFIE

La décision d'Emilie Chalas a au moins le mérite de clarifier le paysage politique à l'approche des prochaines élections municipales. Elle confirme ce que nombre d'observateurs pressentaient. Outre son absence d'implantation auprès des grenoblois à cause d'un manque de travail qui l'handicape considérablement, on sait désormais qu'on ne pourra pas compter sur elle car trop matrixée par sa soumission à la doxa de la gauche municipale. 

DANS 1 AN ET DEMI, DEUX CHOIX TRÈS CLAIRS

Les Grenoblois auront deux choix très clairs à faire dans moins de vingt mois. Soit poursuivre avec l'équipe Verts/LFI en place, ou celles et ceux qui lui donnent des gages, pensant, agissant, votant comme eux. Soit rompre avec les méthodes actuelles en ayant le courage de renverser la table avec une équipe libre, indépendante, qui s'inscrit au-dessus des clivages et travaille au quotidien pour les grenoblois. C'est là tout le sens du travail du groupe d'Alain Carignon et de la société civile qui l'entoure. 

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