3ÈME CIRCONSCRIPTION : DU RIFIFI CHEZ LFI

Alors que la date limite du dépôt des candidatures pour les élections législatives du 30 juin est fixée à demain soir, Elisa Martin, la Députée sortante de la 3ème circonscription, a arraché l'investiture de l'union de la gauche/extrême-gauche... mais reste vivement contestée.

MARTIN DOIT MAUDIRE MACRON...

Malgré les bons résultats de La France Insoumise à Grenoble dimanche soir (en raison d'un contexte très particulier qui ne permet pas de tirer des conclusions pour les municipales), Elisa Martin n'a pas particulièrement dû se réjouir en découvrant la dissolution décidée par le Président de la République. Elle qui pensait passer l'été à se faire oublier alors qu'elle est mouillée dans les affaires, voilà qu'elle doit repartir en campagne pour sauver son fauteuil de Député dans des élections législatives anticipées.

Source "SaccageGrenoble"

... QUI MET EN DANGER SES CONFORTABLES REVENUS

Evidemment pas question pour elle d'abandonner son poste de Députée : ce serait synonyme de mort politique, alors qu'elle ne pèse plus grand chose au sein de la majorité municipale grenobloise... et financière (l'indemnité parlementaire de 7600 euros rend moins perméable aux enveloppes de 400 euros cash !). Mais sitôt le choc de l'annonce et des européennes passé, les couteaux se sont aiguisés à gauche pour la 3ème circonscription. 

UNE DÉCLARATION DE CANDIDATURE PRÉCIPITÉE

Elisa Martin l'a tout de suite compris : le fait qu'elle soit cernée par les affaires, avec une dissolution qui intervient juste après les révélations du Canard Enchainé, met son siège en danger... au sein même de son camp politique. Dès lundi soir, alors que les investitures de candidats à gauche n'étaient toujours pas faites, elle a donc déclaré être candidate à sa succession pour immédiatement couper l'herbe sous le pied des concurrents de son bord qui lorgneraient le siège alors qu'elle est affaiblie.  

MARTIN ÉLUDE LE SUJET QUI FÂCHE

Forcément, en annonçant sa candidature à la presse, elle a été interrogée sur l'affaire de rémunérations occultes d'élus dont elle est l'un des principaux protagonistes mis en cause. Mais dans le Dauphiné Libéré, alors que le sujet mériterait bien davantage d'explications, elle fait une pirouette : "je ne commenterai pas une enquête en cours, c’est un principe. J’ai pris un avocat, c’est tout ce que je peux vous dire". Une non réponse similaire à celle d'Eric Piolle qui lui avait donné une conférence de presse du désespoir la semaine dernière pour distiller ses éléments de langage... sans nier les faits pour autant.

Les commentaires sous la déclaration de candidature d'Elisa Martin dans Le Dauphiné.

UNE PÉTITION CONTRE LA CANDIDATURE DE LA SORTANTE

Mais presque immédiatement, une pétition a été lancée à gauche contre sa candidature... et relayée y compris par des insoumis isérois. Elle ne mâche pas ses mots : "Comment peut-on envisager d’être représentés par une candidate qui méprise autant les quartiers populaires de Grenoble ? (...) Elle n’a jamais pris la parole ni défendu les problématiques des quartiers populaires durant son mandat (...) elle est accusée de détournement d'argent public (...) Il est inadmissible qu'une personne avec un tel passif soit choisie pour nous représenter. Cette décision trahit les valeurs que nous défendons et méprise notre dignité".

"Elisa dégage" : le message est clair..

MAUDE WADELEC (LFI) CANDIDATE À LA CANDIDATURE

Dans la foulée, Maude Wadelec, élue LFI qui a récemment quitté la majorité de Piolle et siège désormais (parce qu'elle n'a pas eu le poste d'adjointe à l'égalité) en non-inscrit au conseil municipal a fait part de sa candidature pour remplacer Martin aux instances du parti. Mettant en en avant sa "spécialisation sur les discriminations ethno-culturelles", elle affiche son ambition : "se donner les moyens de faire face à l’extrême droite en renforçant le front populaire dans son axe antiraciste". Les wokes/indigénistes attaquent donc la sortante sur sa gauche. 

Maude Wadelec, qui a quitté la majorité récemment (une élue de plus qui part). Source photo : Instagram

ELISA MARTIN, ADRIEN QUATENNENS, MÊME COMBAT ?

Hier, France Bleu Isère rappelait que "Élisa Martin et Adrien Quatennens sont les deux députés sortants dont le PS ne voulait pas. Le député du Nord a été condamné pour violences conjugales. La députée de Grenoble est mise en cause dans une affaire de financement occulte à son profit". La France Insoumise dans toute sa splendeur : donner des leçons de féminisme et compter un Député qui a frappé sa femme dans ses rangs ; donner des leçons de probité des élus et revendiquer une baisse des indemnités mais avoir une autre Députée mise en cause dans une affaire de rémunérations d'élu dans le dos du fisc...

PLACE GRE'NET : "LE CAS ÉPINEUX D'ELISA MARTIN"

Dans un article à propos des candidats investis par les partis, Place Gre'net a de son côté évoqué "le cas épineux d’Élisa Martin (LFI)", puisque "sa possible mise en cause, dans l’enquête pour “concussion” et “recel de délit” ouverte par le parquet, rebat les cartes". Le média en ligne évoque bien sûr la candidature de Maude Wadelec, et ajoute : "la lutte n’est toutefois pas seulement interne à LFI puisque le PS revendique lui aussi la circonscription, songeant notamment à imposer le conseiller régional Stéphane Gemmani".

GEMMANI VA-T-IL Y ALLER ?

Stéphane Gemmani (girouette passé du RPR au PS en passant par le centre) n'aura pas réussi à imposer sa candidature aux instances d'union de la gauche. Hier soir tard, Elisa Martin a finalement été validée par l'union de gauche/extrême-gauche comme candidate officielle. Mais pourrait-il partir en candidat dissident ? En 2022, il l'avait fait, déjà face à Martin, et sans dynamique il avait obtenu 6% des suffrages. Avec les bons scores de Raphaël Glucksmann dimanche dernier et la relative embellie pour les sociaux-démocrates, il pourrait améliorer son score et être une épine dans le pied très embêtante pour Martin.

Stéphane Gemmani. Source photo : Twitter.

WADELEC MAINTIENT-ELLE SA CANDIDATURE ?

Plus à gauche encore, Maude Wadelec pourrait-elle aussi maintenir sa candidature malgré le rejet des instances insoumises ? Après tout, elle aussi peut espérer un report de voix d'électeurs de gauche radical dégoutés par les affaires Piolle/Martin. Elle a quitté la majorité municipale donc devrait moins craindre les pressions et pourrait y aller en toute liberté et indépendance pour proposer une alternative. Ira-t-elle au bout de sa démarche ? "Quant à savoir ce qu’elle fera si c’est Élisa Martin qui est investie : « On verra en temps voulu », dit-elle" explique le Dauphiné dans l'article sur sa volonté de candidature.

LES JEUX SONT OUVERTS

Le cas de la 3ème circonscription sera donc intéressant à suivre (nous aurons l'occasion de revenir sur les autres candidatures et sur l'évolution de la campagne). Les deux semaines à venir pourraient bien être semées d'embûches pour Elisa Martin, et avec elle pour la maison Piolle. La fracture de la gauche à Grenoble peut commencer ici : à moins de deux ans des municipales, ce serait un coup de semonce annonciateur de grands changements à venir.

 

 

 

 

 

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