AFFAIRES : NOUVEAUX ÉLÉMENTS SUR LE SYSTÈME PIOLLE/MARTIN

Dans la foulée de la parution d'un nouvel article du Canard Enchainé, et comme d'autres médias, notre collectif a été destinataire hier matin d'un enregistrement qui apporte de nouveaux éléments dans l'affaire Piolle/Martin de rémunérations occultes à la ville de Grenoble.

"COMMENT IL A FAIT POUR ME DONNER AUTANT D'ARGENT ?"

Dans l'enregistrement à priori daté du 8 mai, Elisa Martin discute en tête à tête avec son collègue adjoint insoumis Alan Confesson. Elle s'interroge : "comment il a fait pour me donner autant d’argent ? Il a été augmenté de combien le garçon ?". Interrogation qui renvoie directement aux précédentes révélations du Canard sur le système de reversion d'une partie du salaire de l'ex collaborateur Enzo Lesourt à Martin. Ceci étant d'autant plus clair que Confesson évoque le fait qu'"Enzo est très déterminé" et parle de son nouvel avocat (Me Jérémie Assous qui s'est précédemment exprimé dans le Dauphiné).

DE 16 800 À 36 000 EUROS ?

Mais l'hebdomadaire évoquait alors la somme de 16 800 euros (400 euros par mois reversés par Enzo Lesourt en cash entre janvier 2017 et juin 2020). Dans l'enregistrement, Martin parle d'un tout autre montant : "Ça se voit 36 000 balles sur un compte. Ca se voit 36 000 euros sur un compte" lance-t-elle à plusieurs reprises. Le fait qu'il soit question pour elle de 36 000 euros signifierait donc que le système est plus large que les seules reversions de Lesourt entre 2017 et 2020 ?

PLUSIEURS ÉLUS AU COURANT SELON CONFESSON

Le média en ligne Place Gre'net, qui a également reçu l'enregistrement, relève que l'affaire s'élargit à de nouveaux protagonistes... tous issus de la majorité municipale : "reste que l’adjoint de Grenoble cite les noms des élus qui pourraient être « au courant » si les révélations du Canard s’avéraient exactes. Pêle-mêle : Annabelle Bretton, Pierre-André Juven, Nicolas Kada, Pierre Mériaux, Vincent Fristot, Chloé Pantel, Isabelle Peters, Laura Pfister, Lucille Lheureux…". 

"LE POTENTIEL EXPLOSIF DU TRUC"

Place Gre'net poursuit : "et Alan Confesson d’exprimer une certaine inquiétude : « Je te laisse imaginer le potentiel explosif du truc quand des gens comme Juven ou Yann Mongaburu sont au courant ». Sous-entendu, deux élus qui seraient susceptibles de dénoncer à la justice des faits délictueux potentiels… contrairement aux autres cités précédemment ?". 

Montage "SaccageGrenoble".

PAS D'ARTICLE 40 ?

Si tout ce beau monde était en effet au courant, se posera la question de savoir pourquoi personne n'aurait alors engagé d'article 40 (c'est à dire signaler les faits potentiellement délictueux dont ils ont connaissance au procureur) ? Yann Mongaburu, si prompt à le faire pour la voiture de Christophe Ferrari, ou un donneur de leçons comme Pierre Mériaux auraient donc couvert leur collègue de la majorité ? La bombe à fragmentation qui explose au nez de la majorité pourrait encore produire de fortes secousses.

LE CANARD DÉMENT ALAN CONFESSON...

Le Canard évoque aussi dans son article d'hier la version d'Alan Confesson à propos de cette discussion avec Elisa Martin... et dément l'adjoint : "Je voulais clarifier les choses avec Elisa", reconnaît Confesson, qui assure que son interlocutrice - qui n'a pas donné suite aux sollicitations du Palmipède - lui a « certifié que tout [était] faux ». Ce n'est pas ce qu'on entend sur la bande, où la députée parle bien des sommes qu'elle a reçues". 

L'article du Canard Enchainé d'hier.

... QUI AVAIT DÉMENTI À GLC TOUT RAPPORT AVEC CETTE HISTOIRE

En réaction à l'un de nos articles la semaine dernière, Alan Confesson nous avait écrit : "Je n'ai jamais été impliqué, de près ou de loin, dans des faits liés aux accusations que porte aujourd'hui Enzo Lesourt à l'encontre d'Eric Piolle et d'Elisa Martin. Je n'ai absolument aucun rapport avec toute cette histoire". On ne peut que constater en écoutant l'enregistrement qu'il est pourtant bel et bien au courant de cette "histoire". Reste à savoir si cela va au-delà de la simple information et à quel point il aurait alors pu être impliqué ?

"DÉJÀ QUE JE POUVAIS PLUS LES BLAIRER..."

Au passage, Elisa Martin nous confirme, avec sa manière bien à elle de s'exprimer tout en finesse, le sale climat qui règne au sein de ce qu'il reste de la majorité municipale minée par les mésententes : "et beh. Bah déjà que je pouvais plus les blairer" lâche-t-elle après l'énumération par Confesson de la liste d'élus au courant. Elle considère se faire "sniper dans leurs histoires". Ambiance. 

Détournement par "SaccageGrenoble".

L'ENREGISTREMENT VERSÉ À L'ENQUÊTE

Le célèbre avocat grenoblois Maitre Thierry Aldeguer nous a par ailleurs informé avoir été destinataire par courrier anonyme d’une clé USB contenant les mêmes éléments que ceux transmis aux médias et à notre collectif. Il a fait attester l'enregistrement retranscrit par huissier, et l'a transmis au procureur suite à l'article du Canard. Ce que confirme le Dauphiné : "contacté, le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, a indiqué dans l'après-midi ce mercredi qu’il avait désormais reçu l’enregistrement et qu’il le joignait à l’enquête en cours".

L'AFFAIRE S'ÉPAISSIT...

Il appartient désormais aux enquêteurs de faire toute la lumière sur cette affaire, alors que le dossier s'épaissit encore pour des faits passibles, rappelons-le, d’une peine de 5 ans d’emprisonnement et 500 000 € d’amende. Le Dauphiné conclut dans son article : "à ce stade, on peut supposer (...) que tous les protagonistes de cette affaire vont être convoqués pour être auditionnés". Nul doute que certains des élus cités précédemment doivent désormais mal dormir la nuit. 

... ET LES INSOUMIS SONT PLUS QUE JAMAIS DISQUALIFIÉS

La procédure judiciaire ne fait que commencer mais les Insoumis sont déjà disqualifiés. Alors qu'Elisa Martin se présente à sa succession sur la 3ème circonscription pour les législatives anticipées de fin juin, sa candidature est déjà contestée de toutes parts. Une pétition a été lancée par des "acteurs de l'antiracisme et de la diversité des quartiers populaires de Grenoble" contre Elisa Martin. Extraits : "Comment peut-on envisager d’être représentés par une candidate qui méprise autant les quartiers populaires de Grenoble ? (...) Elle n’a jamais pris la parole ni défendu les problématiques des quartiers populaires durant son mandat (...) elle est accusée de détournement d'argent public (...) Il est inadmissible qu'une personne avec un tel passif soit choisie pour nous représenter. Cette décision trahit les valeurs que nous défendons et méprise notre dignité".

La pétition est à retrouver ici.

L'ÉTAU SE RESSERRE

L'étau se resserre aussi sur Eric Piolle, qui avait balayé les accusations et tenté d'imposer son langage pour atténuer les faits (la justice qui ouvre "un espace" plutôt qu'une enquête...). Il multiplie les interventions médiatiques à propos de la riche actualité politique nationale, pour tenter de faire oublier ses déboires. Mais le retentissement des européennes, la dissolution de l'assemblée n'accapareront pas l'actualité éternellement et le climat des affaires reviendra inéluctablement torpiller l'ambiance de sa fin de mandat. Et, si la justice fait son travail, pas seulement l'ambiance.

 

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