LA MUNICIPALITÉ DIVISÉE PAR LA GUERRE CONTRE MÉLENCHON

"Le candidat (de la gauche et des Verts) ne sera pas Mélenchon, il ne fait pas consensus, c'est le moins qu'on puisse dire" lâche Eric Piolle dans son interview à la rédaction "d'Actu Grenoble" recueillie par Nicolas Zaugra et Ugo Maillard. C'est peu dire également que son entrée officielle en guerre contre le leader de la Nupes a produit une onde de choc dans la majorité municipale. "La Nupes est une alliance électorale datant de 2022 et puis voilà. Une alliance est faite pour une élection précise" poursuit Eric Piolle en prononçant son acte de décès.

Le problème pour lui : la majorité municipale est une Nupes en petit. Dont l'axe est constitué des Rouge/Verts mais qui comprend les mêmes ingrédients : LFI , PCF et PS repentis.

LE GROUPE LFI A L'ESTOMAC SATURÉ

Le groupe LFI du Conseil Municipal a avalé pas mal de couleuvres par discipline depuis le fameux "plan de sauvegarde" (!) de 2016 avec la fermeture de bibliothèques dans les quartiers populaires ou la diminution des moyens de la santé scolaire. Puis l'augmentation massive des impôts. À entendre leurs réflexions, il semble que l'estomac d'Elisa Martin, Alan Confesson, Antoine Back et quelques autres est saturé. D'autant qu'ils ont même consenti à se fondre dans un groupe unique qui dissout leur identité.

LE PS ET LE PC AUSSI DANS LE VISEUR DE PIOLLE

De plus, non content de se séparer de cette gauche extrême, Eric Piolle charge aussi "toute une partie de la gauche du Parti Socialiste qui défend le productivisme depuis 30 ans" à laquelle il associe Fabien Roussel  qui a rejoint "depuis peu" cette position. Isabelle Peters, officiellement Première Adjointe (PCF) et Nicolas Béron-Perez, l'élu communiste au logement, devraient continuer à un peu moins "coller" à Piolle comme ils ont commencé à le faire à la Métropole en se faisant porter pâles lors du vote sur Grenoble-Habitat, faisant ainsi défaut au Guide.

LES ÉLUS PS : UN RÔLE DE SUPPLÉTIFS RENIANT TOUTE LEUR HISTOIRE

Il fustige donc aussi la social démocratie incarnée par le PS, ce qui le coupe d'une force politique non négligeable. Les ex-PS qui l'ont rallié et qu'il a exclu sans ménagement cumulent le déshonneur politique et l'échec. Sa position fermée justifie le combat tardif de Maxence Alloto, Anouche Agobian et leurs amis auxquels Piolle a rappelé dans "l'Essor" qu'ils ont été vidés pour avoir osé parler en votant tout de même la hausse d'impôts. Les élus PS maintenus, Cécile Cénatiempo, Hassen Bouzeghoub, Romain Gentil qui devront choisir entre l'alliance avec le successeur de Piolle ou la liberté et la sincérité, sont avertis : ils devrons assumer leur rôle de supplétifs obéissants reniant aussi toute l'histoire du socialisme, de Mitterrand à Hollande, qui se confond avec la social-démocratie à la Française. Il faut vraiment vouloir être Adjoint au Maire...

E.PIOLLE CÈDE À LA PRESSION DU CRIF

Côté islamisme, sous la pression forte du Président du CRIF, Hervé Gerbi, et de son prédécesseur Yves Ganansia qui dispose d'une grande autorité, il a effectué un virage à 180° par rapport à sa position jusque-là, en acceptant de relancer le jumelage avec Réhovot après les attentats terroristes du Hamas. Ce que lui avait demandé Alain Carignon et le groupe d'opposition. Fallait-il que la pression soit forte pour effectuer un tel virage. Après le burkini, après sa condamnation de l'état d'urgence suite aux attentats, les campagnes en faveur du port du hijab, cette démarche erratique confirme le caractère "canard sans tête" qui l'affaiblit par tous les bouts.

IL OUBLIE SA CONDAMNATION POUR FAVORITISME

« Là où Attila a passé, l'herbe ne repousse plus » selon l'adage qu'Eric Piolle semble avoir fait sien. Sur cette terre brûlée, il pense toujours à sa candidature présidentielle : "nous sommes un certain nombre à être en capacité de gouverner, à avoir envie de travailler ensemble et de proposer une candidature commune" répète-t-il à "Actu Grenoble". Il ne voit rien du désert créé autour de lui, même pas sa condamnation pour favoritisme qui le plombe pendant le temps du sursis qui dure 5 ans !

SA DÉTESTATION DU LEADER MAXIMO EST ANCIENNE

Sa nouvelle charge contre Mélenchon fait des dégâts dans la majorité. Sa détestation du leader de la France Insoumise, camouflée, est ancienne : ses références à l'histoire, son talent oratoire, sa capacité d'entrainement que personne fondamentalement opposé à ce qu'il porte ne peut nier, est aux antipodes du vide Piollesque et de son absence de toute incarnation. Son tir rapide contre lui pourrait être également trop rapide : au moment des perquisitions au siège de LFI, la réaction anti-justice de Mélenchon l'avait déjà disqualifié. On sait ce qu'il en est advenu après. Un come-back du leader Maximo qui reste de toute façon populaire dans une frange de la population essentielle pour les municipales serait une catastrophe supplémentaire pour lui. Ses "alliés" grenoblois ont tout ça en tête.

PIOLLE VOUDRAIT ÉLOIGNER LA MITRAILLE DE LUI

La division s'aggrave donc et devrait se manifester d'une façon ou d'une autre. Eric Piolle tente dans "l'Essor" d'éloigner la mitraille sur lui en rappelant à l'opposition qu'il ne sera plus candidat à la Mairie : "ils me tapent dessus avec énergie mais ils ne se rendent pas compte que ça m'est égal et que ce n'est pas intéressant car je ne serai pas candidat en 2026". Il n'est évidemment pas indifférent puisqu'il ressent fortement la colère des grenoblois et voudrait éloigner l'orage de lui. Car devenu un boulet, il ne pourrait même pas envisager de figurer sur la liste pour briguer la présidence de la Métropole. La situation est de toute façon inextricable sans clarification : celle qu'il aura choisie pour lui succéder devra ou bien assumer ou bien rompre avec l'héritage de Piolle.

UN RAI DE LUMIÈRE : LA GARDE À VUE DE PROCHES DE FERRARI

Le seul rai de lumière vient de la Métropole : il s'est murmuré hier avec insistance la mise en garde à vue de proches de Christophe Ferrari. Elle démontrerait que l'étau judiciaire se resserre sur lui aussi. Le Président de la Métropole devrait passer à la casserole pour utilisation abusive de sa voiture et ses notes de restaurant. Condamné à son tour, il serait à égalité avec Piolle. Ce dernier en profiterait pour accentuer la guerre contre lui avec ce qui lui reste de fidèles.

UNE CHUTE BRUTALE DES TEMPÉRATURES ?

Ce triple pugilat - dans la majorité grenobloise, dans la majorité métropolitaine et entre elles - devrait produire beaucoup de sang sur les murs. Sur fond de série judiciaire passant de marchés sans appel d'offres impliquant condamnation pour favoritisme (Piolle) à abus de voiture individuelle pour les chantres des modes doux de déplacements (Ferrari). De quoi rire d'abord et s'offusquer ensuite profondément de tant de cynisme de ces donneurs de leçons.

L'été indien grenoblois pourrait bien s'achever par une chute brutale des températures.

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