Le Lion c'est Grenoble et les grenoblois, la tête du Serpent c'est le Drac (nom ancien qui signifiait Dragon), le corps du Serpent c'est l'Isère dont il représente les méandres.
Le 8 juillet 1843, la Fontaine du Lion et du Serpent marque la victoire de Grenoble et des grenoblois sur leur environnement, au terme d'un combat de plusieurs siècles contre deux rivières dont les 150 inondations avaient causé tant de mort et de désolation.
L'endroit choisi pour ce monument est symbolique, c'est celui où en 43 avant Jésus Christ les hommes avaient jeté le premier pont sur l'Isère, marquant le début de leur lutte contre une nature hostile qu'ils n'avaient d'autre choix que de devoir domestiquer.
Il fallut d'abord canaliser le Drac en une seule rivière rectiligne, alors qu'il était constitué de deux bras aux parcours versatiles qui pouvaient s'étendre jusqu'à la place Grenette. Il fallut endiguer l'Isère qui en celte (Isara) signifiait l'Impétueuse, un nom qui vient de loin pour nous rappeler ce qui fut la réalité. On a du mal à l'imaginer mais la jonction du Drac et de l'Isère à l'extrémité de la Presqu'île est le résultat d'efforts humains qui ne virent leur aboutissement qu'en 1748. Avant cela, le confluent des deux rivières se situait à la porte de France !
VICTOR SAPPEY, SCULPTEUR GRENOBLOIS
Grenoble doit deux de ses emblèmes au grand sculpteur Victor Sappey : la Fontaine du Lion et du Serpent, la Fontaine des Dauphins.
Victor Sappey (1801 - 1856), un pur grenoblois, fut fondateur et directeur jusqu'à sa mort de l'école de sculpture architecturale de Grenoble.
C'est 20 ans avant la fontaine du Lion et du Serpent qu'il érigea le monument devenu le plus emblématique de Grenoble : la superbe fontaine des Dauphins de la place Grenette.
Il s'agissait déjà de marquer la domestication de la nature et de l'eau, suite à la construction du premier réseau de canalisations à Grenoble. Un réseau mis en oeuvre pour alimenter les fontaines, sous l'impulsion du Marquis de Lavalette dont le nom est gravé dans la pierre du château d'eau.
UN GRENOBLOIS À CHAMBERY
Chez nos voisins savoyards, c'est aussi au grenoblois Victor Sappey que Chambéry doit son monument le plus emblématique.
Il s'agit de la Fontaine des Éléphants, érigée en 1838 à la gloire de Benoît de Boigne, un Chambérien dont la vie est un incroyable roman d'aventures. Ayant débuté comme simple soldat dans un régiment de Louis XV constitué d'irlandais rebelles aux anglais, il devint aux Indes le Général d'un Maharadja pour lequel il mit sur pied une armée de 100 000 hommes. Une force qui fut la dernière en Inde à résister aux anglais.
RÉSISTANCES, D'HIER ET D'AUJOURD'HUI
Un esprit de résistance qui caractérise aussi Grenoble, devenue un siècle plus tard la première ville française décorée de l'Ordre de la Libération.
Un esprit de résistance gravé dans la pierre et le bronze par Victor Sappey, à Grenoble comme à Chambery.
La résistance au Serpent, symbole à Grenoble de la nature hostile à l'homme. L'appel à la résistance de cette fontaine pavoisée de lumière bleu blanc rouge à Chambéry, contre la barbarie islamiste cette fois après les attentats de Paris.