ZFE À GRENOBLE : REPORT ENVISAGÉ… MAIS PAS POUR LES PARTICULIERS

La Métropole souhaite aujourd’hui de reporter à 2028 la ZFE pour les véhicules professionnels (fourgonnettes et camions) Crit’Air 2. Pendant ce temps, les particuliers sont, eux, soumis sans concession aux restrictions. Un deux poids, deux mesures bien hypocrite et qui arrive trop tard.

LA MÉTRO ENVISAGE LE REPORT… POUR LES PROS

Grenoble-Alpes Métropole vient de lancer une consultation publique sur le report à 2028 de l’interdiction des utilitaires et poids-lourds Crit’Air 2. Initialement prévue pour juillet 2025, la mesure est finalement jugée inapplicable en l’état, parce « qu’il existe une inadéquation trop importante entre l’offre de véhicules propres et les besoins des entreprises », reconnaît la métropole. Sans rire ! Il aura fallu des années pour que les élus promoteurs de la ZFE réalisent que les professionnels manquent d’alternative​ et qu'une interdiction des diesels d'après 2010 et essence d'après 2005 les pénaliserait fortement.

Vous pouvez participer à la consultation pour donner votre avis sur la ZFE

6 ANS POUR ENFIN ENTENDRE LES CRAINTES

Pourtant, cela fait depuis au moins 2019 et la mise en œuvre de cette ZFE utilitaires qu’ils alertent sur l’impossibilité de renouveler leurs véhicules si rapidement, entre coût exorbitant, autonomie insuffisante des modèles électriques sur le marché et absence de bornes de recharge adaptées. Autant de réalités qui n’étaient apparemment pas dignes d’intérêt jusqu’ici​, mais à un an des élections municipales et métropolitaines le problème est soudainement pris en compte. La ficelle est un peu grosse.

Le calendrier original d'application de la ZFE pour les professionnels va finalement être décalé... mais pas celui des particuliers.

LES PARTICULIERS TOUJOURS MÉPRISÉS

Contrecoup de ce rétropédalage en douce pour les pros : il met en exergue le fait que les particuliers ont eux été sacrifiés sans le moindre état d’âme. Depuis janvier dernier, 75 000 véhicules Crit’Air 3 de la région grenobloise sont désormais interdits de circulation​ dans les communes qui appliquent la ZFE. Une décision brutale, vivement dénoncée de toute part, qui frappe de plein fouet les ménages les plus modestes en premier lieu.

DES ALTERNATIVES INSUFFISANTES POUR TOUT LE MONDE

La Métropole justifie son report pour les professionnels par le manque d’alternatives viables​… mais le problème est le même pour les particuliers avec le développement des transports publics au point mort depuis 10 ans, 1500 places en parkings-relais manquantes aux entrées de Grenoble (sans compter la suppression du parking de l’esplanade dans quelques jours !),une pratique cyclable pas accessible à tout le monde et des aides au changement de véhicule largement insuffisantes​. Il faut résider dans la Métropole et gagner moins de 23 000 euros par an pour espérer 3 500 euros d’aide… sur trois ans.

À MONTPELLIER, LE BON SENS L’EMPORTE

Pendant ce temps, contrairement à Grenoble, d’autres villes ont su garder les pieds sur terre et nous serions bien inspirés d’en prendre exemple. À Montpellier (municipalité de gauche), les élus ont décidé de repousser les interdictions en instaurant un moratoire sur la verbalisation des véhicules Crit’Air 3 jusqu’aux élections municipales​. Une décision qui permet au moins de ne pas précipiter des milliers d’habitants dans l’impasse. La réalité l’emporte sur l’idéologie : tout l’inverse du modèle grenoblois.

L'exemple de Montpellier

« PAS D’EXCÈS DE ZÈLE » À LYON, REPORT À STRASBOURG

À Strasbourg, la maire écologiste Jeanne Barseghian a reculé de deux ans l’interdiction des Crit’Air 3, en reconnaissant que la pollution avait déjà significativement baissé​. À Lyon, même son de cloche : les élus Insoumis sont vent debout contre la verbalisation et les élus Verts assurent qu’il n’y aura "pas d’excès de zèle" dans l’application de la ZFE. Sur ce sujet comme sur d’autres (la sécurité, où des Maires écolos comme Pierre Hurmic à Bordeaux font preuve de bon sens), nous nous coltinons décidément à Grenoble les élus Rouge/Verts les plus dogmatiques qu’il soit.

PAS D’OBLIGATION LÉGALE ET UN GAIN ENVIRONNEMENTAL MINIME

Dogme d’autant moins justifiable que Grenoble n’était même plus contrainte d’interdire les Crit’Air 3 en 2025, les niveaux de pollution étant passés sous les seuils légaux​. Pire, cette interdiction n’a quasiment aucun impact sur la qualité de l’air alors que le trafic routier représente 16 % des émissions de particules fines, contre 61 % pour le chauffage au bois​. Mais l’acharnement anti-voitures fait plus « vert » pour la comm’ que de s’attaquer en profondeur aux causes de la majorité de la pollution.

Texte qui circule sur les réseaux sociaux.

UNE USINE À GAZ QUI FRISE L’ABSURDE

Pour tenter d’éteindre la grogne, Christophe Ferrari et sa majorité ont inventé un système kafkaïen : des dérogations selon l’heure, la distance, le type de véhicule, son activité… Une véritable usine à gaz où seuls les plus aguerris à la paperasse s’en sortiront​. Les autres, ceux qui ne maîtrisent pas l’outil numérique ou qui n’ont pas le privilège de pouvoir passer des heures à remplir des dossiers, sont laissés sur le carreau.

LA SUSPENSION DE LA ZFE REJETÉE POUR L’INSTANT…

Pour mettre fin à cette aberration, Alain Carignon a demandé il y a quelques semaines la suspension immédiate des interdictions de Crit’Air 3, qui pénalise trop de monde. Il a déposé un vœu en ce sens au dernier conseil municipal. Réponse malheureusement sans surprise de la majorité : un rejet catégorique. Il faut dire que les élus Verts/LFI de Grenoble, Piolle en tête, font depuis le début de la surenchère pour tenter d’imposer des restrictions plus rapides et plus étendues. Et ce malgré la bombe sociale que constitue déjà la ZFE dans sa forme actuelle.

Face au manque d'alternatives, Alain Carignon demande de longue date un report de la ZFE pour se préparer afin qu'elle soit le plus indolore possible.

… MAIS POSSIBLE APRÈS LES ÉLECTIONS MUNICIPALES

Suite au rejet de son voeu, le président du groupe d’opposition s’est tout de même engagé à suspendre immédiatement la ZFE pour les Crit’Air 3 dès juillet 2026 en cas d’élection de son équipe aux élections de mars prochain. Comme pour de nombreux sujets, à Grenoble, le changement ne viendra en réalité que par les urnes, dans un an. Les Grenoblois auront alors un choix clair entre la poursuite du bulldozer monomaniaque, cette politique punitive des Verts/LFI, ou une approche pragmatique, qui prend en compte les réalités économiques et sociales de la ville.

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