COMMERCE EN DÉCLIN : LA FAUTE AUX COMMERÇANTS ?

Dans son édition d’hier, le Dauphiné Libéré consacre un dossier à la situation des commerces du centre-ville à Grenoble. Avec à chaque fois le même constat, celui des locaux commerciaux vides de plus en plus nombreux, des commerçants plus désabusés que jamais... et des élus qui nient, font semblant de se réveiller ou portent carrément la faute sur... les commerçants !

« LA BOULE AU VENTRE EN PASSANT DEVANT LES VITRINES À LOUER »

Les témoignages se suivent et se ressemblent depuis des mois. Une commerçante de la Rue Lafayette explique ainsi à la journaliste Juliette Courcoul : « le centre-ville se vide... Chaque matin, en venant à vélo, j’ai la boule au ventre en passant devant toutes ces vitrines “à louer”. On se demande quand ce sera notre tour… ». Place Notre-Dame, le responsable du restaurant Le Liban Vert confirme que la situation s’est aggravée depuis 4 mois avec l’ouverture du centre-commercial Neyrpic. « Dans sa liste des difficultés, le manque de stationnement arrive en tête » relève la journaliste. Problème confirmé par un autre commerçant de la place interrogé.

ALAN CONFESSON (LFI) FIDÈLE À LUI-MÊME

Pas de quoi faire changer de braquet l’adjoint au commerce, Alan Confesson (LFI). Celui qui se verrait bien mener une liste France Insoumise aux élections municipales reste campé sur ses positions et ne compte aucunement prendre en compte la problématique : « l’accessibilité en voiture n’est pas le sujet principal ». Il tente de déporter le débat sur la notion de « convivialité » pour attirer, invitant les commerçants à être « acteurs de cette attractivité » (comme s’ils l’avaient attendu pour se mobiliser). Bien sûr il n’évoque pas à un seul moment la propre responsabilité de la municipalité en matière d’attractivité avec son incapacité chronique à traiter les problèmes de propreté, incivilités, insécurité, occupation de l’espace public dérangeante qui sont les premiers freins à l’attractivité.

CYCLISTES : LES VERTS/LFI MARQUENT CONTRE LEUR CAMP

Il persiste ensuite avec la traditionnelle défense d’une politique de mobilités monomaniaque, uniquement orientée vers le vélo au détriment de tous les autres modes de déplacements. En la matière son affirmation selon laquelle « les cyclistes ne sont pas des extraterrestres, ils consomment comme les autres Grenoblois » est une contrevérité démentie très facilement par les faits. Si c’était vrai, comment expliquer qu’il y a de plus en plus de vélos à Grenoble mais que les commerces se portent de plus en plus mal, chiffres de fréquentation et chiffres d’affaires à l’appui ? Ce bobard même répété inlassablement par la majorité municipale ne devient pas pour autant une vérité.

Le chiffre d'affaires du commerce grenoblois décroche alors que nous comptons plus de cyclistes que jamais mais ils consomment autant que les autres pour Alan Confesson

LÉGER CHANGEMENT DE DOCTRINE À LA MÉTROPOLE…

La conseillère métropolitaine déléguée au commerce, Barbara Schuman (ex Verts/LFI) est également interrogée. Le ton est différent. Pour elle, il y a « un vrai sujet d’accessibilité à Grenoble ». Et elle estime que « la pose systématique d’arceaux à vélo n’est pas une solution », se déclarant même « extrêmement solidaire des commerçants qui ont refusé la pose devant leur commerce ». Le revirement est total : jusqu’ici Barbara Schuman niait ce problème, accusant même Alain Carignon de fakes lorsque celui-ci le soulève à longueur de conseils métropolitains. Bien sûr la prise de conscience de celle qui siège aux côtés de la girouette Maxence Alloto (lui-même adjoint au commerce avant Confesson...) n’est pas anodine et est sans aucun doute liée aux élections municipales qui approchent…

En conseil métropolitain, Alain Carignon rappelant quelques vérités à Barbara Schuman sur le commerce grenoblois. À l'époque (juillet dernier), elle niait encore le problème d'accessibilité...

… MAIS ÇA NE CHANGE RIEN

Car ce nouveau positionnement politique n’est que de la poudre aux yeux, du vent électoraliste. Il ne changera rien à ce que vivent les commerçants. D’abord parce que depuis 10 ans, la métropole a voté toutes les politiques de fermeture de Grenoble qui nuisent au commerce du centre-ville, en plus de soutenir la création de Neyrpic. Schuman se réveille après la bataille : elle a accompagné toutes ces politiques néfastes et se plaint désormais des conséquences de ce qu’elle a voté, y compris au sein de la majorité municipale à laquelle elle appartenait encore il y a un an et demi ! En outre il ne reste qu’un an de mandat : même si elle en avait vraiment la volonté, la majorité métropolitaine ne pourrait pas réparer les dégâts qu’ils ont causés dans ce laps de temps.

BARBARA SCHUMAN (EX VERTS/LFI) ACCUSE… LES COMMERÇANTS !

Mais non contente de retourner sa veste sans aucune gêne, Barbara Schuman se permet également une sortie qui rejoint celle de Confesson invitant les commerçants à s’occuper de la convivialité du centre quand les élus eux-mêmes n’assument pas leurs devoirs élémentaires à ce propos : la conseillère métropolitaine fustige le « manque d’adaptation de certains commerçants qui « ne prennent pas les bons virages » face aux changements de comportements ». Comme si tous ne se démenaient pas pour sauver leur affaire. La leçon est culottée et témoigne de toute sa tartufferie : ce ne sont pas les commerçants qui ont, comme elle, fermé les accès de la ville, supprimé 1200 places de stationnement en ville, accompagné la création de Neyrpic et l’agrandissement de Grand Place…

OLIVIER CURTO (TPMC) : « SCHUMAN DÉRAPE, CONFESSON DANS LES NUAGES »

Olivier Curto, commerçant bien connu du secteur Notre-Dame, qui anime le collectif « Touche pas à mon Commerce », très mobilisé sur le terrain pour porter les revendications des commerçants, a vivement réagi sur les réseaux sociaux à la sortie des deux élus : « Barbara Schuman dérape, elle déclare que les commerçants n'ont pas pris le bon virage... Alan Confesson quand à lui toujours dans les nuages veut plus d'épicerie en vrac bio (malgré la fermeture de carrefour city rue des clercs, la fermeture de l’épicerie bio place aux herbes, et nos marchés qui coulent) et moins de bars et restaurants sauf ceux qu'ils financent. En conclusion leur dogmatisme continue, et la descente aux enfers des commerçants qui sont unanime sur les solutions. Nos élus continuent de mettre Grenoble en faillite, à bon entendeur ».

Mobilisation de "Touche pas à mon commerce" Place Notre-Dame.

11 ANS DE MANDAT ET ON LANCE DES ÉTUDES

Ce serait en effet être naïf que d’accorder la moindre crédibilité aux élus chefs d’orchestre du déclin commercial de Grenoble depuis plus d’une décennie pour réparer ce qu’ils ont cassé. Il est très clair que le revirement tardif de Schuman ne permettra aucun changement palpable. D’ailleurs, la seule véritable action qu’elle annonce engager dans le Dauphiné, c’est le lancement d’études, attendues au mieux pour cet automne… soit quelques mois à peine avant les élections municipales. Autant dire que rien de concret ne pourra être engagé d’ici là.

LES SOLUTIONS SONT SUR LA TABLE

Les maux sont clairement identifiés : problème d’attractivité et problème d’accessibilité. Les commerçants les pointent à longueur de journée, le groupe d’opposition mené par Alain Carignon prêche dans le désert en conseil municipal et métropolitain en le relayant sur tous les tons depuis des années, propositions à l’appui pour sauver nos commerces. Après 11 ans et une timide prise de conscience, la majorité métropolitaine en est au lancement d’études aux arrières-pensées électorales quand la majorité municipale continue de nier les problèmes.

Pour les commerçants fatigués de ces jeux de dupes, la seule véritable voie consiste si ce n’est déjà fait à s’inscrire sur les listes électorales à l’adresse de leur commerce pour pouvoir voter pour le changement en mars 2026.

11 Comments

Laisser un commentaire

"LES INFORMÉS" : LES COULISSES DE LA VIE GRENOBLOISE !

X