À GAUCHE, PANIQUE À BORD POUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES

Il reste un an avant les élections municipales. Et du côté de l'équipe sortante, c'est déjà la panique à bord face au spectre de la division alimenté par le bilan Piolle de plus en plus unanimement décrié... y compris par son camp politique.

UN ENJEU PERSONNEL POUR ERIC PIOLLE...

Les élections municipales sont d'abord un enjeu personnel pour Eric Piolle. Le Monde consacre un article au sujet, intitulé "à Grenoble, l’enjeu du passage de relais pour les écologistes". La journaliste Raphaëlle Lavorel ne s'y trompe pas et relève que les ambitions nationales (présidentielles !) du Maire de Grenoble passent obligatoirement par un succès local au printemps 2026. Si son camp perd, c'est une fin de carrière pour lui.

Il s'y voit toujours malgré sa défaite cuisante (avant-dernier) à la primaire des Verts en 2021..

... QUI A PLUS AFFAIBLI SON CAMP QUE JAMAIS

Or, après 12 ans de mandat, c'est bien ce dernier scénario qui apparait de plus en plus probable tant les Rouges/Verts sortants sont plus affaiblis que jamais. La journaliste du Monde rappelle que "les deux mandats de M. Piolle sont aussi marqués par des mesures qui divisent et des affaires judiciaires, engendrant parfois des polémiques au-delà des frontières grenobloises". C'est le moins qu'on puisse dire.

LE POIDS DES AFFAIRES...

Il y a d'abord ce climat des affaires, qui met à mal leurs engagements de transparence et leur story basée sur le fait qu'ils feraient de la politique autrement. 12 ans après, la note est salée : Piolle a lui-même été condamné pour favoritisme pour l'attribution de marchés de la fête des tuiles sans appels d'offres à une association proche ; l'élu de sa majorité Claus Habfast a aussi été condamné pour favoritisme ; des cessions de terrain ou de biens par la ville à des proches des Verts/LFI annulées par le tribunal ; l'enquête en cours sur les accusations de versement d'un sur salaire au black prélevé sur les deniers de la ville à l'ex première adjointe Elisa Martin (LFI)...

La députée LFI Elisa Martin huée aux cris de "rends l'argent" en marge d'un conseil municipal...

... ET LE PASSIF DU BILAN

À cette ambiance "petits arrangements entre amis", s'ajoute un bilan particulièrement clivant. Raphaëlle Lavorel relève les coupes dans les subventions culturelles, la tentative d'autoriser le burkini retoquée par le Conseil d'Etat, l'augmentation massive de la taxe foncière ou encore le refus d'Eric Piolle de mener une politique sécuritaire. On pourrait y ajouter l'absence de la co-construction pourtant promise aux grenoblois pour les grands projets et aménagements, le démantèlement des structures socioculturelles qui jouaient un rôle de prévention essentiel pour la jeunesse, une politique de mobilités monomaniaque qui a tout misé sur le vélo au détriment de tous les autres modes de transports (y compris des piétons et des transports en commun), ou encore une politique d'urbanisme densificateur qui nuit à la qualité de vie et à la résilience écologique de la ville. 

PIOLLE SE RADICALISE...

Non pas changer de braquet et adoucir ses positions confrontées au réel, Piolle a fait le choix... de la radicalisation en versant dans les propos outranciers. Son dernier tweet suite à la polémique qu'il a lui même lancé en déclarant qu'il s'en "fout un peu" des critiques sur la sécurité confirme qu'il est enfermé dans un déni idéologique indécrottable : "oui, je me fous des polémiques lancées par la droite, la fachosphere et autres charognards sur les faits divers et actes criminels à Grenoble". Tous ceux qui regrettent le manque de volontarisme municipal en matière de sécurité seront heureux de découvrir qu'ils sont au choix un facho ou un charognard. 

Laxisme : Piolle "persiste et signe"... mais voudrait désormais faire croire qu'il se préoccupe de la sécurité !

... ET DEVIENT UN REPOUSSOIR

Pas sûr que se confiner ainsi au dogmatisme le plus crasse soit la meilleure stratégie pour rassembler autour de ce qu'il reste des Piollistes. Raphaëlle Lavorel rappelle ainsi que "certains de ces épisodes ont poussé des soutiens de la première heure de M. Piolle à lui tourner le dos" (12 élus de sa majorité exclus ou démissionnaires au total !) et que la rupture avec Christophe Ferrari (PS repenti) et les socialistes métropolitains est "définitivement consommée". 

L'EFFONDREMENT ÉLECTORAL DE LA GAUCHE...

Avec tout ça, cumulé à un climat national d'aspiration à l'autorité avec les thèses de gauche forcément moins en vogue, la donne électorale a changé. On le vérifie dans les urnes. Que ce soit aux européennes de juin dernier ou aux législatives partielles sur la 1ère circonscription en janvier (où LFI perd 5 points à Grenoble par rapport aux précédentes législatives), on constate un tassement de la gauche. Sur ces deux scrutins, en cumulant tous les partis qui vont du PS à LFI, ce camp atteint péniblement 50% à peine. Pas brillant pour une ville que beaucoup croient pourtant sociologiquement acquise... 

... ET DES RÉSULTATS QUI "DOPENT" LA DROITE

C'est donc la panique à bord pour les sortants qui veulent conserver leurs postes. Les communistes s'agitent déjà, leur premier secrétaire en Isère Jérémie Giono relevant "les résultats serrés à Grenoble [qui] dopent une droite en quête d’un second souffle" (Place Gre'net), et appelant à l'union pour empêcher une victoire de l'opposition. Il est rejoint en ce sens par... l'inénarrable Maxence Alloto (Place Publique) : « il va falloir tourner la page, mettre son ego de côté. À chaque fois qu’on se clive, cela fait le jeu de la droite » (Le Monde). La girouette passée par à peu près tous les partis fait à nouveau la cour aux Piollistes pour une place. 

Dans un tract distribué à Grenoble, le PCF appelle à une vraie fausse "rupture"... pour faire tout pareil qu'avant avec les mêmes. Notons tout de même que cette composante de la majorité municipale (la 1ère adjointe Isabelle Peters est communiste) admet l'échec de la "co-construction citoyenne" qui était pourtant le premier engagement de la liste Piolle en 2014...

LA GAUCHE DIVISÉE

Pas sûr que ces appels à l'union soient entendus. Les Verts la jouent pour l'instant solitaires en tentant d'imposer la candidature de Laurence Ruffin, avec une story copiée collée de celle de Piolle en 2014 qui ne prend pas vraiment. Elle est contestée y compris dans le parti, par l'adjointe Lucille Lheureux qui s'y voit aussi. LFI s'en remet aux accords nationaux et n'exclut pas la possibilité d'une liste autonome ; le roquet adjoint au commerce Alan Confesson se taille déjà le costume de candidat persuadé qu'il a un créneau. Du côté du PS et des sociaux-démocrates, c'est la jungle : il y a à peu près autant d'élus que de prétendants à la candidature, revigorés par le bon résultat de Raphaël Glucksmann aux européennes à Grenoble. Là encore les accords nationaux seront importants, et ça semble très mal parti pour une grande union puisque le PS national a acté sa rupture avec LFI. 

DU CÔTÉ DE L'OPPOSITION, "EST-CE QU'IL FAUT S'ENTENDRE ?"

Un socle théorique de 50% qui va donc très certainement finir éclaté entre plusieurs listes de gauche, étant entendu que même au sein de ce camp certains ne veulent plus entendre parler des Verts/LFI après l'expérience Piolle et pourraient basculer en faveur de la liste la mieux placée pour battre ses successeurs. 

Pendant ce temps du côté de l'opposition, de l'avis général Alain Carignon qui avait emporté 24% des suffrages en 2020 a conforté son assise avec son groupe et est crédité par les observateurs d'un socle plutôt autour de 30% à lui seul aujourd'hui. Une assise solide qui le rend incontournable et ouvre la possibilité du changement aux municipales...

... si ceux qui souhaitent ce changement parviennent à un rassemblement. Interrogée par Place Gre'net, Emilie Chalas (Renaissance) soulève le sujet : "si notre ennemi c'est LFI, est-ce qu'il faut s'entendre?". C'est en tout cas ce que demandent les Grenoblois désireux de tourner la page de ces 12 ans. Affaire à suivre. 

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