LA MÉTROPOLE SUR LA MÊME TRAJECTOIRE FINANCIÈRE QUE GRENOBLE

Alors que la métropole annonce d'ores et déjà une hausse de la taxe d'enlèvement sur les ordures ménagères, le mur financier se rapproche puisque ville et métro ne sont pas parvenues à corriger leurs trajectoires faute de volonté des élus de la majorité. 

LES PANNES D'ATHANOR COÛTENT CHER

Le cas d'Athanor est ainsi assez symptomatique de cette incapacité à anticiper qui nous coûte des sommes astronomiques à la fin. L'actuel incinérateur de déchets a été construit en 1972. Il est aujourd'hui vieillissant, donc de plus en plus défaillant, et connait des pannes chaque fois plus régulières, qui coûtent très cher à la collectivité. Par exemple, en 2024, le changement des grilles de l'équipement a encore coûté plusieurs centaines de milliers d'euros à la métropole.

Le site d'Athanor à La Tronche.

LA LÉGENDAIRE FACULTÉ D'ANTICIPATION DES VERTS/LFI

Un projet de construction d'un nouvel incinérateur partagé avec d'autres intercommunalités est donc lancé. Mais celui-ci ne verra le jour qu'à l'horizon 2029 si tout se passe bien. D'ici là, les dysfonctionnements de l'actuel incinérateur de plus en plus vieux vont s'accentuer encore et coûter à chaque fois plus cher. On retrouve là encore la grande capacité d'anticipation des élus en poste : les derniers grands travaux d'Athanor datent de 1993, sous Alain Carignon, pour refaire les fours... Rappelons que les élus Verts/LFI et alliés sont aux manettes depuis 1995.

LE NOUVEL INCINÉRATEUR PASSÉ DE 100 À 300 MILLIONS

Le coût du nouvel incinérateur est lui aussi dans la droite lignée de cette gestion irresponsable. Il est passé de 100 millions d'euros à 300 millions d'euros, répartis au pro rata entre les intercommunalités. La métropole en aura pour environ 200 millions à sa charge, avec notamment un pic d'investissement de 115 millions d'euros en 2027 (juste après les élections municipales et métropolitaines) si le calendrier de livraison en 2029 tient toujours. 

UNE HAUSSE DE LA TAXE SUR LES ORDURES MÉNAGÈRES

Pour financer ce montant, le Vice-Président en charge des déchets Lionel Coiffard (Verts) confirme au Dauphiné Libéré avoir choisi la voie de l'augmentation d'impôts dès l'automne 2025, de 8,3% à 8,8%. Pour les particuliers et les petits commerces, l'augmentation devrait être relativement modeste (18 euros par an pour un particulier, une trentaine d'euros pour un petit commerce). Mais pour les entreprises et bailleurs sociaux, la note va être bien plus salée. Pour ACTIS, cela pourrait représenter 180 000 euros de plus par an ! Autant d'argent en moins pour la rénovation alors que plusieurs immeubles du bailleur présidé par les Verts/LFI (Pierre Bejjaji a succédé à Eric Piolle et Elisa Martin) menacent de s'effondrer

Lionel Coiffard, Vice-Président de la métropole en charge des déchets, siège dans le groupe des élus Verts/LFI Piollistes

L'IMPRÉVISION PERMANENTE

Avec cette nouvelle augmentation de la fiscalité (la métro a déjà augmenté la Cotisation Foncière des Entreprises l'an dernier) et cet investissement à 200 millions, Lionel Coiffard assure que l'on sera tranquille "pour les cinquantes prochaines années". Mais comment leur donner le moindre crédit alors que le coût a déjà explosé, multiplié par 3 ? Alors que c'est la même chose pour chaque projet, comme cette lubie de siège métropolitain à 110 millions d'euros ?

TOUT ÉTAIT CENSÉ ÊTRE PRÉVU AUSSI POUR LE SIÈGE... 

Les élus avaient fait le même coup que pour l'incinérateur. Le montant pour le siège était passé de 46 millions à 86 millions. La Vice-Président Michelle Veyret annonçait alors que cette fois tout était prévu et budgété... avant que le coût ne dérape à nouveau jusqu'à 110 millions aujourd'hui. Pour un projet de siège largement dispensable, qui grève durablement les capacités d'investissement de la métro et pour lequel les citoyens n'ont évidemment jamais été amenés à se prononcer.

LA TRAJECTOIRE BUDGÉTAIRE NE LAISSE PAS DE MARGES DE MANOEUVRES

Résultat de ces choix et de ces absences d'anticipation : la métropole n'a plus aucune marge de manoeuvre financière. Il n'y a plus d'argent pour les transports alors qu'un nouvel investissement à 300 millions se profile parce que dans sa brillante gestion du syndicat des transports, Yann Mongaburu (Verts) n'avait pas prévu le renouvellement du matériel roulant. Plus d'argent non plus pour l'entretien de la voirie dès 2026... La métro en est réduite à cette augmentation d'impôts pour financer l'incinérateur.

L'IMPÔT COMME RÉPONSE À TOUT

Le Président Ferrari (PS repenti) assume ce recours à la fiscalité comme unique méthode de fonctionnement. Après la CFE et la taxe sur les ordures, ce pourrait bien être au tour des transports d'être prétexte à un matraquage du porte-monnaie des contribuables. Ainsi en début d'année dernière, Christophe Ferrari expliquait que pour l'hypothétique projet de RER (qui ne verrait pas le jour avant 2040 et pour lequel il faut trouver un milliard d'euros), le financement pourrait être assuré par "une taxe foncière additionnelle". 

MÊME TRAJECTOIRE, MÊME CONSÉQUENCES...

En résumé : sous ce mandat, la ville aura augmenté la taxe foncière à un niveau record, tandis que la métropole aura augmenté la cotisation foncière des entreprises et la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. Tout ceci ne permet aux collectivités que de tenir à très court-terme en alignant les recettes sur les dépenses à un instant donné : la trajectoire mortifère de creusement des dépenses de fonctionnement se poursuit, la capacité d'endettement va à nouveau vite atteindre ses limites, et conduira obligatoirement à de nouvelles hausses d'impôts post élections municipales...

La trajectoire budgétaire de la ville. Les impôts n'ont pas résolu le problème structurel.

... SAUF SI LES GRENOBLOIS RENVERSENT LA TABLE

... à moins que les Grenoblois ne renversent la table en ne reconduisant pas la liste des Piollistes menés par Laurence Ruffin aux élections municipales. Voter Ruffin/Piolle reviendra à voter pour un nouveau matraquage fiscal en perspective. Tandis qu'en face, l'équipe d'Alain Carignon porte un ambitieux projet de fusions-mutualisations entre la ville-centre et la métropole pour enfin réaliser des économies de fonctionnement à même de desserrer l'étau et de redonner un nouveau souffle aux deux collectivités. La balle sera dans le camp des électeurs-contribuables. 

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