BIBLIOTHÈQUES À GRENOBLE : LES VERTS/LFI ENGAGENT LE TORPILLAGE DU RÉSEAU DE PROXIMITÉ

Lundi dernier, le conseil municipal de Grenoble réuni pour sa dernière session de l'année a débattu d'une délibération qui lance officiellement le "projet de grande bibliothèque de Grenoble". Une appellation pompeuse et trompeuse, alors que le dossier s'apparente plutôt à "l’arbre qui cache la forêt de futures suppressions" comme l'a expliqué la co-présidente du groupe d'opposition Brigitte Boer.

UN HISTORIQUE MARQUÉ PAR LES FERMETURES...

Déjà en 2017, les bibliothèques Hauquelin et Prémol ont fermé leurs portes, victimes du plan d’austérité brutal imposé par la municipalité Verts/LFI pour tenter de relever des finances exsangues. Ces fermetures, loin d’être anecdotiques, ont porté un coup dur aux quartiers populaires, privant des milliers de Grenoblois d’un accès essentiel à la culture et au savoir. Le mécontentement a été tel que des conseils municipaux se sont déroulés sous protection des CRS. Un choix purement comptable et sans vision sociale, qui illustre parfaitement l’abandon des services publics de proximité.

Manifestation contre les suppressions de bibliothèques en 2016.

... ET LA FRÉQUENTATION EN CHUTE LIBRE

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2008 et 2017, le nombre d'entrées dans les bibliothèques grenobloises avait déjà chuté de 11 %. Après l'arrivée des Piollistes, entre 2017 et 2021, la chute est de 50% ! Une hécatombe. La fameuse gratuité instaurée en 2019 n'a pas enrayé cette hémorragie. Très alarmant : les jeunes, pourtant cible prioritaire, désertent massivement les bibliothèques. Cette désaffection traduit aussi l’échec des élus Verts/LFI à moderniser le réseau.

GRANDE BIBLIOTHÈQUE : UN PROJET À 18 MILLIONS D'EUROS...

Mais plutôt que de se pencher sur les causes de ce désastre, la municipalité a une nouvelle lubie qui risque d'aggraver le problème : une extension de la bibliothèque d'étude et du patrimoine (à Chavant) sur la place Valentin-Haüy, projet pharaonique au coût estimé à déjà 18 millions d'euros hors taxes. Quand on connait la manie du dérapage financier qu'ont les projets municipaux et métropolitains, on peut s'attendre raisonnablement à bien plus. 

L'extension de la bibliothèque se fera au détriment des places de stationnement (un grand classique pour les Verts/LFI)... et des grands arbres anciens de la place Valentin Haüy.

... DANS UNE VILLE AUX FINANCES EXSANGUES

Lancer un tel projet dans une ville où les finances municipales sont au bord de l’asphyxie relève de l’inconscience. La gestion Verts/LFI a déjà conduit à un endettement record, avec des hausses d’impôts historiques qui étranglent les Grenoblois. Alors que les priorités devraient se concentrer sur les services et infrastructures de proximité, un tel choix dispendieux et déconnecté des besoins ne peut qu'aggraver la trajectoire financière de la ville. Parce que les Verts/LFI sont pris à la gorge, la majeure partie du financement du projet (plusieurs dizaines de millions par an) est d'ailleurs repoussée à 2028 et 2029. Après les municipales donc. 

BRIGITTE BOER : "CONTINUEZ COMME ÇA EN PIRE !"

Brigitte Boer, coprésidente du groupe d'opposition avec Alain Carignon, a rappelé en conseil le canard sans tête qu'est la gestion grenobloise : "Grenoble dépense plus que les autres villes et un pourcentage bien moindre de ses habitants fréquentent les bibliothèques de Grenoble (...) Je vous avais déjà suggéré d’aller voir dans les villes où ça fonctionne mieux en dépensant moins ce que vous pourriez apprendre d’eux… mais, visiblement  vous savez mieux que tout le monde et vous persévérez au point que même le personnel des bibliothèques se plaint ! Alors surtout ne changez rien, continuez comme ça en pire !". 

L'intervention de Brigitte Boer en conseil municipal de Grenoble.

L'ABANDON DE LA PROXIMITÉ

L'extension de la bibliothèque à Chavant va par ailleurs se faire au détriment des équipements de proximité. Elle s'accompagnera de la fermeture des bibliothèques jardin de ville, centre-ville, et d'une partie de Kateb Yacine (Grand Place). La municipalité se cache derrière l'idée que ce serait un "transfert", pas une fermeture. Au-delà de cette novlangue ridicule, dans les faits, c'est une centralisation du réseau au mépris de la logique d'aller au plus près des utilisateurs. Un coup de poignard pour l'accès direct à la lecture et au savoir.

ALAN CONFESSON (LFI) : "PAS D'ALTERNATIVE"

Comme pour tous les grands projets, l'avis des principaux concernés (les habitants, usagers, salariés) est balayé d'un revers de main méprisant par les élus sachants. Ainsi un collectif s'est-il constitué pour défendre la bibliothèque du centre-ville (très populaire et fréquentée car bien placée et identifiée). Sa demande de préserver ce point de lecture est restée lettre morte pour l'instant. L'adjoint Alan Confesson (LFi) prenant même des accents thatchériens au cours d'une réunion publique, affirmant : "il n'y a pas de réalité alternative. La réalité, ce sera ça". La "démocratie participative" comme on l'aime. 

LES BIBLIOTHÉCAIRES VENT DEBOUT

Pour autant, le collectif "gardons nos bibliothèques" ne lâche rien et était venu tracter devant le conseil lundi. Ils ne sont pas les seuls à se mobiliser sur le sujet : samedi, alors que l'adjointe "aux cultures" Lucille Lheureux entourée d'un quarteron d'élus Verts/LFI tentait d'inaugurer la bibliothèque Chantal Mauduit (celle des Eaux Claires transférée au Plateau), des bibliothécaires sont venus en nombre manifester pour dénoncer leurs conditions de travail au sein de la ville "humaniste". Devant Pierre Mériaux, l'adjoint au personnel qui n'a pas un début d'empathie pour leur situation, ils ont fustigé "la centralisation excessive", "les échanges compliqués", "le manque d'anticipation"... et expliquent qu'ils "refusent d'incarner et de cautionner un service public dégradé".

PIOLLE NE PENSE QU'À LA PRÉSIDENCE DE LA MÉTRO

Les débats de lundi ont également dérivé sur l'opportunité ou non d'implanter une grande bibliothèque au sud de la ville, et pourquoi pas de faire porter ce type d'équipement par la métropole. Une idée à laquelle ne s'est pas opposé Piolle... seulement s'il y a changement de majorité à la métro. Il assume à demi mots être bloquant pour les projets qui font avancer notre territoire uniquement pour des raisons de guerre d'ego, purement politicienne, avec Christophe Ferrari ! Le média Place Gre'net ne s'y trompe pas en concluant son article consacré au sujet ainsi : "Et le maire de Grenoble de rappeler son souhait d’une élection de l’exécutif métropolitain au suffrage direct. Pour mieux favoriser sa propre candidature en 2026 ?". Le futur ex Maire de Grenoble n'a plus que cette idée en tête. 

LA TORPILLAGE DE LA CULTURE SE POURSUIT

En 12 ans de mandat, tous les champs de la culture auront subi avec les Verts/LFI. Ils ont touché à tout, imposé leur agenda idéologique partout, pour quels résultats ? Chute de la fréquentation des bibliothèques, chute de la fréquentation du théâtre, baisse des subventions aux acteurs culturels pour des raisons de bisbilles purement politiciennes avec la métropole, festival de street-art pourtant icône des années Piolle menacé, modèle de la MJC/théâtre Prémol qui met la clé sous la porte en cette fin d'année alors que c'était un exemple de porte d'entrée vers la culture qui fonctionne... Mais qui donc pourrait avoir envie d'en reprendre pour 6 ans avec le (la) poulain de Piolle à la Mairie et lui-même à la métropole ?

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