LA MÉTRO SE MOBILISE POUR DÉFENDRE SON SIÈGE HORS DE PRIX

Ces dernières semaines, on assiste à une grosse mobilisation des moyens de la métropole pour défendre son projet de siège hors de prix. Tous les moyens sont bons pour faire avaler la pilule de cette lubie à 108 millions d'euros.

LE PROJET PASSE DE 46 À 108 MILLIONS D'EUROS

Les citoyens attentifs à l'utilisation des deniers publics ont dû tiquer en voyant la pleine page du Dauphiné Libéré consacrée au lancement du chantier du siège. Et pour cause : budgété à 46 millions d'euros en 2017, il était déjà passé à 86 millions en 2019 avant de s'envoler à 108 millions aujourd'hui. À chaque étape, nos élus phares de l'humanité assurant bien que tout était prévu et bordé. Au cas où vous en doutiez encore, un exemple supplémentaire du crédit qu'on peut accorder à leurs promesses. 

Le siège de la métropole, rue Malakoff.

134% D'EXPLOSION DU COÛT CONTRE 20% D'INFLATION

Un indicateur permet de bien mesurer les médiocres capacités de gestion de projet de ces élus qui semblent aujourd'hui si fiers de leur coup en lançant le chantier en grande pompe. Il avait été relevé par Jean-Benoit Vigny dans un précédent article du Dauphiné : "le projet initial subit une hausse, en sept ans, de 134 % (contre 20 % d’inflation dans le même laps de temps)". Voilà qui permet de jeter aux oubliettes l'argument bien trop facile d'une prétendue hausse des coûts qui justifierait tous les dérapages financiers.

UN DEMI-SIÈCLE POUR AMORTIR LE COÛT

Mais soyez rassurés : les économies de fonctionnement prévues par les élus sachants avec ce nouveau siège permettront d'amortir son coût... dans une cinquantaine d'années. Les économies prévues par rapport à aujourd'hui sont de l'ordre de 2 millions d'euros par an. D'une part il ne s'agit que d'une estimation et il faudra le vérifier dans les faits (on commence à avoir l'habitude des effets d'annonce qui ne se réalisent pas). D'autre part, dans 50 ans, une fois que ces économies compenseront l'investissement faramineux, il sera à nouveau temps de dépenser massivement pour rénover le bâtiment vétuste d'un demi-siècle... 

Le président Christophe Ferrari (PS repenti) et Cécile Cénatiempo (PS) posent fièrement pour le lancement des travaux.

PLUS DE 800 MILLIONS DE DETTE 

Rappelons que pendant ce temps, la métropole se traine plus de 800 millions de dette qui pèsent sur les générations futures comme une épée de Damoclès. La majorité métropolitaine de Christophe Ferrari a déjà augmenté la CFE (cotisation foncière des entreprises) cette année. Et les élus d'Eric Piolle voulaient aller plus loin que le seul matraquage des entreprises en augmentant aussi la part métropolitaine de taxe foncière, comme ils l'ont fait à Grenoble ! Une hypothèse que n'écarte pas Ferrari dans les prochaines années... pendant qu'il balance de l'argent par les fenêtres pour sa lubie de méga siège. C'est pas cher, c'est le contribuable qui paye.

DE LA PUBLICITÉ SPONSORISÉE SUR LES RÉSEAUX

Comme si le coût du chantier ne se suffisait pas à lui-même, la métropole a également sponsorisé une publication Facebook pour inviter à visiter le chantier. C'est-à-dire que la collectivité a payé pour mettre en avant la publication dans le fil des utilisateurs. Une dépense de comm' supplémentaire, sur un sujet pourtant très loin des préoccupations des habitants. Y'a-t-il un seul métropolitain qui considère que la priorité de la métro doit être d'investir pour un siège ?

Le post publicitaire qui a été sponsorisé par la métropole sur Facebook.

DES INVESTISSEMENTS URGENTS AU POINT MORT

Des investissements autrement plus urgents que 108 millions dans un siège sont pourtant attendus par les habitants. En matière de voirie, alors qu'on ne compte plus le nombre de chaussées défoncées et qui restent tel quel en l'absence de crédits métropolitains suffisants. En matière d'aménagements, alors que le carrefour Vallier-Libération (le plus accidentogène de Grenoble) attend depuis des années (et plusieurs drames) des travaux. En matière de logement aussi, alors que le conseil métropolitain de vendredi prochain parlera à nouveau de la prise de participation de la métro au sein de Grenoble-Habitat.

UN PROJET D'UN AUTRE TEMPS

Au-delà du coût, le projet lui-même est d'un autre temps. Les méthodes de travail ont évolué, avec l'essor du télétravail, des visioconférences... L'heure devrait être à la proximité plutôt qu'à l'hyper concentration des services dans un seul méga bâtiment. Devant la presse, Christophe Ferrari bombe le torse : "c’est une des plus grandes rénovation de bâtiments tertiaires de France, la plus grande pour un bâtiment de collectivité". Il s'inscrit ainsi dans la droite lignée des projets mégalomanes d'il y a 50 ans, fier de faire plus gros et plus clinquant que le voisin. Un élu d'un autre temps pour un projet anachronique.

Intervention du président du groupe société civile Alain Carignon en juillet dernier à propos de l'explosion des coûts du siège.

LES LOCAUX VIDES AURAIENT PU ÊTRE UTILISÉS

Cette gabegie est d'autant plus contestable que la pléthore de locaux vides propriétés de la ville et de la métropole auraient pu être utilisés pour accueillir les services plutôt que de les concentrer. Et ce pour un coût de réhabilitation qui aurait été de l'ordre de 50% moins cher que le projet actuel. En revendant le siège en l'état, la métropole aurait en plus pu réaliser une dizaine de millions d'euros de recette. Il aurait fallu pour tout cela des élus qui sachent faire preuve de davantage de souplesse dans leurs raisonnements et de pondération dans leur utilisation de l'argent public.

LA GABEGIE DU SIÈGE PROVISOIRE DANS LES EX LOCAUX DE LA CCI

Mais on comprend bien que ce n'est pas leur qualité première avec le sujet de l'ex siège de la CCI, place André Malraux. Refusant un projet privé de centre de santé et maison de retraite, la métropole avait préempté pour 8 millions d'euros. Elle en a fait son siège provisoire le temps que le projet à 108 millions aboutisse en 2027. Ensuite, à la place de l'ex CCI, "on aura un mélange de tertiaire, un peu de logement" annonce désormais Christophe Ferrari. Tout ça pour ça. Nous aurions pu améliorer l'offre de santé dans le centre ; puis nous aurions pu éviter la gabegie de 108 millions en pérenisant le siège de la métropole à Malraux ; nous aurons finalement des logements en plus dans un secteur déjà promis à la densification massive avec le projet pour la tour de La Poste juste en face, dans un quartier Hoche très difficile... 

UNE GESTION DE MOINS EN MOINS SOUTENABLE

Cette gestion dispendieuse va être de moins en moins soutenable. On retrouve le même schéma à la ville et à la métropole : investissements déraisonnables dans des projets dont on pourrait se passer, endettement massif, et hausse des impôts lorsque ça ne suffit plus. Toute la publicité du monde pour vanter des débauches d'argent public n'y changera rien : cette spirale risque de se payer très cher par les générations futures si les solutions proposées par le groupe société civile d'Alain Carignon (une très forte mutualisation ville centre - métropole) ne sont pas mises en place.

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