LA CORNÉRISATION D’ERIC PIOLLE ET DES VERTS

Le scrutin d'avant-hier confirme qu'au sein de la gauche, l'espace et le poids du Maire de Grenoble et des Verts se réduisent de plus en plus, pris en étau entre l'extrême-gauche et la gauche sociale-démocrate qui retrouve des couleurs.

LES DEUX CIRCONSCRIPTIONS BASCULENT LFI

Nous en parlions dans notre article d'hier : le plus notable réside dans le fait que les deux circonscriptions grenobloises sont désormais tenues par la France Insoumise (Elisa Martin sur la 3ème circonscription et le jeune Hugo Prévost sur la 1ère). La bascule de la 1ère circonscription aux mains de l'extrême-gauche alors qu'elle est pourtant sociologiquement défavorable à ce camp étant particulièrement spectaculaire. 

À QUOI A SERVI OLIVIER BERTRAND (Verts/ADES) ?

Comme en 2022, Eric Piolle a démontré qu'il ne pèse rien au niveau national en étant incapable de décrocher une circonscription pour un candidat Vert à Grenoble. LFI a tout raflé. Rappelons que son fidèle adjoint Olivier Bertrand, rouage des Verts/ADES locaux élu depuis plus de 20 ans, est pourtant délégué aux élections pour son parti EELV et qu'il faisait parti des négociateurs du Nouveau Front Populaire, comme il l'expliquait avec fierté dans Le Dauphiné il y a trois semaines. Il a donc été incapable de défendre les Verts à Grenoble et les intérêts de son chef Eric Piolle.

Olivier Bertrand, vieil apparatchik du système Verts/ADES ici aux côtés du parrain de la municipalité Raymond Avrillier, n'a de toute évidence pas servi à grand chose dans les négociations des Verts.

LFI AFFIRME SA DOMINATION À GAUCHE...

Quelques heures à peine après les résultats des européennes (qui confirmaient le recul des Verts, qui chutent de 10 points à Grenoble, remplacés à gauche par la France Insoumise), l'adjoint LFI Alan Confesson expliquait déjà que "à Grenoble, la composante principale aujourd'hui est indéniablement La France Insoumise". Avec désormais 2 Députés grenoblois sur les 2 circonscriptions, le parti de Mélenchon sort localement renforcé de la séquence électorale qui s'achève. 

... ET AIGUISE SON APPÉTIT 

La sortie de Confesson n'était évidemment pas anodine et envoyait un signal clair : celui que le rapport de force en vue des municipales a changé à gauche. Après avoir accepté que la liste soit portée par les Verts en 2014 et en 2020, et alors que la page Piolle se tourne, LFI compte bien profiter de la nouvelle donne qui lui est bien plus favorable qu'au parti du Maire sortant pour prendre la tête de la gauche à Grenoble aux prochaines municipales. Pas sûr que les tractations se passent avec douceur...

Alan Confesson, principal porte-drapeau de LFI au conseil municipal.

LES SOCIO-DÉMOCRATES SE SENTENT POUSSER DES AILES...

Pendant ce temps, de l'autre côté des Verts, c'est le PS et les socio-démocrates qui se sentent pousser des ailes. Suite au score de Raphaël Glucksmann aux européennes, et avec 34 sièges de députés supplémentaires suites aux élections de dimanche, la vieille gauche retrouve quelques couleurs et se sent pousser des ailes pour la suite, persuadée qu'elle peut exister sur un créneau de "gauche hors Mélenchon". 

... MAIS LE CRÉNEAU, TRÈS DISPUTÉ, PEINE À ÊTRE INCARNÉ

Cet espace existe évidemment à Grenoble (représentant de l'ordre de 10 000 voix aux dernières européennes), mais il peine à être incarné localement. Avec son score de 7% bien en-deça de ses espérances sur la 3ème circo, malgré les affaires Martin, la girouette (en ce moment PS) Stéphane Gemmani a ainsi montré que ces voix ne sont pas acquises. Et le créneau est très disputé : Maxence Alloto (autre girouette) en rêve aussi à haute voix, on ne sait pas encore ce que feront les élus "PS officiel" issus de la liste Noblecourt (présidés par Cécile Cénatiempo), l'ex élu de la majorité Pascal Clouaire se positionne également, ainsi que l'ex adjointe de Michel Destot Hakima Necib qui fait un gros travail de terrain à la tête d'un collectif citoyen...

L'ÉTAU SE RESSERRE

Les Verts d'Eric Piolle se retrouvent donc pris en étau entre LFI d'un côté et les socio-démocrates de l'autre. Étant entendu que les résultats des législatives à Grenoble montrent que dans notre ville, tout le camp de la gauche unie représente de l'ordre de 50% des voix. Les futures divisions inéluctables promettent donc un affaiblissement des sortants aux municipales, qui n'obtiendront pas une majorité de suffrage des grenoblois. 

UNE FIN DE MANDAT CHAOTIQUE

Affaiblissement d'autant plus inéluctable que 10 ans d'exercice du pouvoir les ont usé, que les promesses initiales se sont heurtées au mur de la réalité, que les projets municipaux imposés sont de plus en plus contestés, que le mandat se termine dans la division (avec la métropole, au sein même du conseil municipal) et dans les affaires (condamnation de Piolle, de Claus Habfast, affaire de rémunérations occultes avec Elisa Martin)... Autant de facteurs locaux qui contribueront à affaiblir le socle électoral théorique du camp Piolle/LFI. 

LE CHEMIN EXISTE POUR L'ALTERNANCE...

À l'inverse, les forces d'alternance représentent en cumulé l'autre 50% des voix à Grenoble. Le match sera donc serré et nécessitera que les différents opposants qui souhaitent le changement sachent s'accorder, étant entendu qu'il y a une différence de dynamique notable au sein de l'opposition. Le groupe société civile d'Alain Carignon représentait déjà 25% des grenoblois aux dernières municipales et de l'avis de tous les observateurs, il s'est depuis bien renforcé grâce à son solide travail depuis 4 ans. À l'inverse, le camp des soutiens d'Emmanuel Macron, qui réalisait déjà en 2020 un score de 11% bien inférieur à celui des européennes un an avant, s'est encore affaibli avec la compromission d'Emilie Chalas avec LFI et la défaite d'Olivier Véran.

Olivier Véran a été battu par un jeune étudiant manifestant professionnel de 24 ans. À Grenoble, il distance l'ancien ministre de plus de 25 points...

... SI CHACUN PREND SES RESPONSABILITÉS

Le chemin existe bel et bien pour que notre ville renoue avec des lendemains plus heureux dans moins de 20 mois. Mais il faudra que ceux qui ne peuvent prétendre être les locomotives de l'alternance prennent leurs responsabilités et acceptent simplement de tenir compte des réalités. Sans cet impératif, les Grenoblois payeront les pots cassés pour 6 années supplémentaires et pourront dire merci aux diviseurs.

 

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