LA FRANCE INSOUMISE VISE LES MUNICIPALES… MALGRÉ LES AFFAIRES

Il n'aura pas fallu longtemps pour que les résultats des européennes aiguisent les appétits à Grenoble... ou plutôt un appétit : celui des Insoumis qui par la voix d'Alan Confesson tentent un pas vers les élections municipales.

LFI, LA "COMPOSANTE PRINCIPALE" À GRENOBLE ?

Dès 8h hier matin, l'adjoint en charge du commerce et du secteur 2 pondait une série de tweets pour expliquer que La France Insoumise domine à Grenoble. Quelques heures plus tard, interrogé par Le Dauphiné Libéré sur le scrutin, il remet le couvert : "à Grenoble, la composante principale aujourd'hui est indéniablement La France Insoumise".

Alan Confesson, adjoint LFI réputé pour son sectarisme, ici face aux habitants et commerçants de la rue de Strasbourg.

UN VOTE TRÈS LIÉ AU CONTEXTE

Si LFI est effectivement arrivée en tête à Grenoble, deux éléments devraient inciter l'adjoint insoumis à garder la tête froide. Premièrement, la participation a été élevée dans les bureaux grenoblois, y compris dans des secteurs ordinairement beaucoup plus abstentionnistes (en particulier les quartiers). Et les observateurs relèvent que cette percée de LFI a été très lié à la question palestinienne, dont le parti s'était particulièrement saisi, touchant un électorat qui y est sensible. C'est donc un vote de circonstance qu'on ne retrouvera pas aux prochaines municipales. 

LES PIOLLISTES EN BAISSE

Deuxième élément qui devraient encore davantage alarmer les Piollistes : ils sont désormais en baisse. Le fameux "arc humaniste" revendiqué par Piolle, qui va du PCF à EELV en passant par LFI, cumule 17 000 voix. À peine 1000 de plus que leur score aux dernières municipales... malgré une énorme hausse de la participation avec 13 000 votants supplémentaires entre les deux scrutins ! La percée circonstanciée insoumise compense simplement, avec beaucoup de peine, l'effondrement des Verts à Grenoble.

LA GAUCHE FACE À LA POSSIBILITÉ DE PERDRE GRENOBLE

Et ça, Alan Confesson l'a bien compris. Dans la même veine que les communistes qui dès décembre dernier s'alarmaient de la possibilité de perdre à Grenoble, il appelle à l'union de la gauche pour conserver une mairie dont ce camp se juge propriétaire : "ce rassemblement de la gauche, il faut qu'il se fasse. C'est absolument impératif aujourd'hui si on veut espérer être en capacité de conserver cette mairie dans une couleur politique de gauche".

LES PREMIERS JALONS POUR UNE TÊTE DE LISTE LFI

Mais sitôt cet appel à l'union, il ouvre le sujet qui fâche : celui de la tête de liste, en posant les premiers jalons qui indiquent que son camp la revendiquera. "Je pense que le débat doit être ouvert aujourd'hui et qu'à l'intérieur de ce débat, il est évident que l'hypothèse d'une tête de liste proche ou issue de La France Insoumise est quelque chose qui doit être considéré avec sérieux parce qu'il faut respecter les électeurs". 

Le Dauphiné ne s'y trompe pas sur les ambitions de LFI à Grenoble (vidéo interview de Confesson à retrouver en cliquant ici).

"PLUS AUCUNE RAISON" DE SUIVRE LES VERTS

Au passage, il ne manque pas d'étriller Eric Piolle et son parti : "notre Maire sortant, Eric Piolle, a annoncé qu'il ne briguerait pas de troisième mandat. Il n'y a plus aucune raison aujourd'hui d'imposer forcément une couleur politique de la tête de liste. Il faut correspondre à la volonté exprimée par les électeurs". Les Rouges s'émancipent des Verts et comptent bien affirmer leur domination.

LAURENCE RUFFIN OU ALAN CONFESSON ?

Reste à savoir qui à LFI pourrait revendiquer cette tête de liste. Alan Confesson lui-même ? L'hypothèse semble compliquée tant il est réputé comme sectaire et trop apparatchik lié à un parti. Ou bien... Laurence Ruffin ? Nous vous l'avions révélé en exclusivité : la soeur du célèbre Député de la France Insoumise est PDG d'une scop grenobloise et aurait les faveurs d'Eric Piolle. Hier, dans la foulée de ses déclarations sur le score de LFI et les municipales, Confesson a d'ailleurs apporté son soutien à un certain François Ruffin dans son initiative d'union de la gauche... 

LE POIDS DES AFFAIRES RATTRAPE LES VERTS/LFI

Reste un éléphant au milieu du couloir qui risque fort d'assombrir l'avenir des uns et des autres : le poids des affaires, avec évidemment la dernière en date sur le système occulte de rémunérations d'élus qui a explosé mercredi dernier et risque de causer beaucoup de dégâts. Dans ses révélations de la semaine dernière, Le Canard Enchainé parlait d'Eric Piolle, Elisa Martin, l'ex conseiller spécial Enzo Lesourt à l'origine des révélations, et la directrice de cabinet Odile Barnola. Mais d'autres élus auraient été au courant. Alors qu'un nouveau numéro de l'hebdomadaire parait demain, quel sort pour les ambitions municipales de LFI si Alan Confesson venait à être cité également ?  

ELISA MARTIN FORCÉE DE SORTIR DU BOIS

Au passage, la dissolution et les législatives anticipées ont fait sortir du bois une portée disparue  : Elisa Martin, qui s'était murée dans le silence depuis mercredi dernier et la découverte de ses enveloppes de 400 euros en cash aux frais du contribuable pour arrondir ses fins de mois. Elle qui pensait se planquer et attendre l'été que la tempête passe, la voilà contrainte de repartir en campagne : elle confirme au Dauphiné être candidate sur la 3ème circonscription pour conserver son mandat, et se refuse à commenter son affaire. Pas sûr que la posture soit tenable pour les trois semaines de campagne à venir, au cours desquelles ses concurrents ne manqueront pas de la rappeler à ses manquements. 

Martin forcée de répondre au téléphone...

PS ET PCF CONTRE MARTIN

Sa candidature s'annonce plus compliquée que la dernière fois : le PS et le PCF, pourtant liés par l'accord électoral d'union à gauche (anciennement baptisé NUPES, désormais appelé "Front Populaire"), feraient actuellement pression pour que Martin, trop démonétisée par les affaires, soit débranchée au profit d'un autre candidat plus propre pour la 3ème circonscription. De quoi déclencher une candidature dissidente à gauche si Martin est bien maintenue ?

BOMBE À RETARDEMENT POUR LA MAJORITÉ SORTANTE, SÉRÉNITÉ POUR L'OPPOSITION

Socle électoral qui se tarit, affaires en passe de faire exploser le système Vert/LFi à Grenoble, sociaux-démocrates divisés et pas tous d'accords pour faire union avec les Piollistes : l'équation parait de plus en plus intenable pour la majorité sortante. Les résultats en trompe-l'oeil des Insoumis aux européennes seront vite oubliés tandis que le mandat va se terminer en eau de boudin.

Pendant ce temps en face, le bloc d'opposition a renforcé son socle électoral et le travail de terrain mené par le groupe d'Alain Carignon contribue chaque jour à l'élargir davantage. Deux salles, deux ambiances. 

 

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