LES GRAFFEURS ANNONCENT DE PLUS EN PLUS DE TAGS EN CENTRE-VILLE

Alors que l’ancien Institut de géographie alpine (IGA) sur les côtes de la Bastille va être transformé en appartements comme son voisin, le Dauphiné Libéré est allé à la rencontre de graffeurs qui avaient fait de ce lieu leur QG.

L'IGA TRANSFORMÉ EN LOGEMENTS

L'entreprise à l'origine du projet de complexe immobilier haut de gamme dans le bâtiment Dolomieu (137 appartements pour "touristes et jeunes actifs", bar, salles de coworking..) a déposé un permis de construire pour l'IGA , juste à côté, afin d'y construire une centaine de logements supplémentaires qui complèteront son offre.

L'IGA, sur les pentes de la Bastille.

L'URBANISATION SE POURSUIT...

On ne peut évidemment pas reprocher au promoteur d'avoir saisi cette bonne opportunité. En revanche, on peut déplorer le renoncement municipal : plutôt que de préempter les bâtiments et d'élaborer un projet de préservation et de mise en valeur du patrimoine naturel de la Bastille, comme le proposait l'opposition, les élus "verts" ont préféré laissé les coteaux de ce site exceptionnel s'urbaniser. 

... ET LES VOITURES REVIENNENT À LA BASTILLE

Qui dit nouveaux logements dans un site aussi contraint dit forcément accès voitures. Elles sont plusieurs dizaines à s'y garer désormais, et la création de 100 nouveaux logements n'arrangera rien malgré les efforts du promoteur pour mettre en place une navette. Pendant que les Piollistes ont laissé fleurir de nouvelles places de stationnement dans ce qui aurait pu être un lieu de protection de la biodiversité, ils les suppriment partout ailleurs en ville... 

Rue Maurice Gignoux (stationnement gratuit !), les voitures prennent la Bastille. Le Dauphiné ne l'évoque pas dans son article sur le projet pour le second bâtiment, se contentant de parler d'un hypothétique développement d'une ligne de transport en commun. Les bagnoles, elles, sont pourtant bien là.

LES GRAFFEURS DÉPLORENT LA PERTE DE LEUR "DEUXIÈME MAISON"..

Les plus remontés contre la transformation prochaine de la friche IGA en logements sont... les graffeurs. Jusqu'ici, ils utilisaient le bâtiment à l'abandon pour s'exercer au tag. "Ma deuxième maison", "je le vis comme un deuil", expliquent certains au Dauphiné. "Tu vois ce machin tout tagué, ça donne envie d’y aller quand tu fais de la bombe" affirme un autre.. Et pour ceux qui ne font pas de la bombe (soit la majorité des grenoblois), c'est simplement une verrue urbaine.

"ON ANNIHILE LA CULTURE URBAINE"...

Plusieurs graffeurs sont interrogés en vidéo sur le site du Dauphiné. Floutés et avec la voix modifiée évidemment, comme le demandent toutes les honnêtes personnes qui n'ont rien à se reprocher. Le ton est alarmiste. Avec la disparition de l'IGA, "on nihile [NDLR : il veut probablement dire "annihile"] la culture urbaine" selon l'un des interviewés. Rien que ça. En 2022, le Dauphiné qui visitait le batiment et rendait compte de son utilisation par les "street-artistes" relevait dans les tags "une préoccupation visiblement majeure qu’ont certains pour les thématiques en dessous de la ceinture"... Vive la culture. 

Quelques exemples récents à Grenoble.

... DE LA "ZONE TOURISTIQUE" DU TAG !

Cette fameuse culture urbaine a pourtant de belles marges de manœuvre devant elle avant d'être "annihilée". Un ancien graffeur affirmait dans Le Dauphiné que Grenoble « est carrément devenue une zone touristique dans le milieu ». En 2020, 50 000m² de surfaces taguées ont en effet été nettoyées dans la ville ; à Rennes, qui compte 50 000 habitants de plus, ce sont près de moitié moins. Une vraie spécificité grenobloise.

G. NAMUR : "UNE CULTURE DU TAG QUI NOUS DÉPASSE"

Certains sont plus touchés que d'autres, mais pas un quartier n'est épargné. Aux graffeurs vandales s'ajoute l'écosystème d'extrême-gauche locale qui bénéficie de la complaisance municipale, et qui tague ses slogans parfois extrêmement violents sur les façades (le conflit palestinien, les manifestations contre la tech étant prétexte à de sordides appels à la violence). Et la situation ne va pas en s'arrangeant. En 2023, pas moins de 18 000 tags ont été effacés... mais reviennent inlassablement. L'adjoint aux espaces publics, le tartuffe Gilles Namur (Verts/LFI) parlant même, lors de la réunion des habitants du centre-ville, de "culture du tag à Grenoble qui nous dépasse"...

"DE PLUS EN PLUS DE GRAFFEURS QUI VONT DESCENDRE DANS LE CENTRE"

La "culture" qu'on voudrait "annihiler" se porte donc merveilleusement bien à Grenoble. Avec la disparition de l'IGA qui leur servait de repère, un graffeur annonce la couleur au Dauphiné : "on va voir de plus en plus d'artistes graffeurs qui vont redescendre dans le centre-ville". Ils ne se privaient déjà pas de défigurer la ville mais sont donc capables de faire pire. Et inutile de compter sur la municipalité, déjà loin de lutter actuellement. 

L'INEFFICACITÉ MUNICIPALE...

"Est-ce que c’est suffisant ce qu’on fait ? Non." avouait lui-même Gilles Namur lors de la réunion publique du centre-ville. Sans pour autant proposer de faire mieux. Auparavant, il se vantait de "monter des dossiers" mais de ne parvenir à des suites judiciaires que pour 2/3 dossiers par an. Quelle efficacité. Malgré la police municipale en sous-effectif qui n'a pas reçu mission de dresser procès-verbal sur le fait, malgré l'absence de vidéoprotection développée avec PC opérationnel pour prendre sur le fait, de nombreux tagueurs locaux sont parfaitement identifiés et pourraient donc être appréhendés s'il avait volonté de le faire.

... ET LA CAPITULATION

Mais Gilles Namur met en scène sa capitulation en rase campagne : il a expliqué aux habitants du centre qu'il ne souhaite pas "porter plainte pour porter plainte" et fait passer l'idée qu'il faudrait même mieux s'abstenir de parler du problème puisqu'il retrouve ses citations taguées sur les murs lorsqu'il en parle dans la presse... La boucle est bouclée : après nous avoir habitué à son inefficacité, la majorité municipale admet baisser les bras. Les tagueurs vandales peuvent être rassurés : même sans IGA, c'est comme si la ville était à eux. Les Grenoblois déjà excédés de la dégradation permanente de leur cadre de vie peuvent dire merci.

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