POUR EN FINIR AVEC LE « GRENOBLE BASHING »

Ces derniers jours, les médias locaux consacrent de nombreux articles et émissions aux 10 ans de l'élection d'Eric Piolle comme Maire de Grenoble. Avant de nous-même décortiquer son bilan, revenons aujourd'hui sur une notion très problématique qui revient dans le débat : celle de "Grenoble bashing". 

"BASHING" ET IMAGE DE LA VILLE

Très concrètement, le "bashing", "dénigrer" en bon français, consiste à "attaquer la réputation". La notion de "Grenoble bashing" englobe donc tout ce qui va impacter négativement l'image de Grenoble. Vous sentez venir le problème : il est très facile de la manipuler et de l'utiliser pour balayer toute critique de la ville et ne pas avoir à y répondre.

L'entretien d'Eric Piolle avec le Dauphiné à propos du "Grenoble bashing" est à retrouver en cliquant ici.

LE DAUPHINÉ S'INTERROGE SUR LE "GRENOBLE BASHING"

Alors que cette semaine le quotidien consacre une série d'articles aux 10 ans d'Eric Piolle, le Dauphiné Libéré s'est penché, et c'est tout à son honneur, sur la part de responsabilité d'Eric Piolle dans ce "Grenoble bashing". Mais le choix sémantique comporte un biais dès le départ : les journalistes vont donc se pencher sur la réputation de la ville, et pas sur la véracité (ou non) des problèmes qui font cette réputation. 

SALETÉ, POLLUTION, INSÉCURITÉ : SIMPLE AFFAIRE DE RÉPUTATION ?

La journaliste qui interroge Eric Piolle résume le "bashing" en trois points : "Grenoble ville sale, ville polluée, ville d'insécurité". Au cours de l'entretien, elle demande ainsi au Maire si "ça vous agace un peu ces images qui collent à Grenoble ?". Les problèmes de saleté, de pollution, d'insécurité, relèveraient donc simplement de la réputation : ils ne sont pas envisagés comme de vrais sujets qui touchent Grenoble.

DES "IMAGES" BIEN RÉELLES

Des images, vraiment ? La comparaison de 7 catégories de délits classe Grenoble 7ème ville la plus dangereuse de France (et encore, les homicides ne sont pas comptabilisés) et les crimes et délits augmentent entre 2022 et 2023 (+98% de vols avec armes par exemple, 1ère ville de France !). Il suffit de sortir dans sa rue pour constater les problèmes de propreté, les tags sur toutes les façades, les déchets sauvages : ceux qui voyagent dans d'autres villes remarquent bien la triste spécificité grenobloise en la matière. Pour la pollution, nous restons au-dessus des normes de l'OMS, nous sommes dans le top 10 des pires métropoles pour les passoires thermiques, nous sommes devenus 1ère ville de France avec Paris pour les ilots de chaleur éloignant l'objectif de neutralité carbone...

ERIC PIOLLE ÉLUDE LES PROBLÈMES

Avec le choix de traiter ces problèmes bien réels sous l'angle de la réputation, Eric Piolle a ainsi une échappatoire toute trouvée pour esquiver des sujets qui pourrissent le quotidien des Grenoblois et sont une grosse tache de ses 10 années à la tête de Grenoble. Il s'engouffre dans la brèche avec toute sa mauvaise foi et au lieu de s'expliquer sur la saleté, l'insécurité, la pollution, il s'explique donc sur les problèmes d'image que cela renvoie. 

Source SaccageGrenoble.

RÉSEAUX SOCIAUX : LE GROS BOBARD

Et il commence très fort, avec un énorme bobard : "je ne regarde pas déjà parce que moi je ne suis pas sur les réseaux sociaux". L'entourloupe est facile : s'il ne voit pas les critiques des problèmes de Grenoble, c'est qu'il n'y a pas de problème... Mais surtout, Eric Piolle est présent sur tous les réseaux sociaux (il tweete et poste quasi quotidiennement, compulsivement, y compris pour faire des poissons d'avril...). Il démontre par là que la vérité n'a aucune prise sur lui et qu'il est prêt à raconter n'importe quoi, quel que soit le sujet, tant que cela le sert. Inquiétant, mais pas si étonnant venant du personnage.

En conseil municipal, Eric Piolle expliquait "rire tous les matins" devant les publications de "SaccageGrenoble" sur son voyage à Rio... Mais il ne "va pas sur les réseaux sociaux" !

LA FAUTE À ... CARIGNON !

La suite de l'explication est aussi gratinée : "deuxième chose, je ne regarde pas ce que font Carignon et ses sbires". Fermez le ban : les maux qui touchent Grenoble, attestés par les chiffres études après études, sont en fait des inventions d'Alain Carignon et du groupe d'opposition. Voilà qui devrait rassurer les Grenoblois qui saisissent quotidiennement le "fil de la ville" parce qu'excédés par l'état de leur rue, ceux qui ont peur pour leurs enfants parce qu'ils vivent au milieu des dealers, ou encore ceux sujets aux reports de trafic et de pollution sous leurs fenêtres à cause des plans de circulation.

LE MYTHE DU "C'EST PARTOUT PAREIL"

Dernière ficelle piollesque, tout aussi grossière : il agite la fable du "c'est partout pareil, ça a toujours été comme ça". Et d'expliquer que Nantes, Marseille souffrent des mêmes "images d'insécurité" (toujours l'image, la réputation, jamais les faits) : voilà qui rappelle cette réunion où les élus de la métropole prenaient exemple sur... Marseille et Naples pour comparer l'image de Grenoble. C'est dire où nous en sommes. Le Maire depuis 2014 fait également comme s'il n'y était pour rien : "quand je suis arrivé en 1993 c'était déjà la réputation de la ville". Les plus anciens grenoblois pourront témoigner qu'il s'agit d'une époque où on parlait pourtant d'une ville qui rivalisait avec le voisin lyonnais, de son avance pour la tech, la culture, l'accessibilité... Mais Piolle n'est plus à un bobard près. 

POUR PIOLLE, LA VILLE SE PORTE MIEUX...

Circulez y'a rien à voir. Il balaye donc tranquillement toute critique. Le Grenoble bashing ? "C'est malsain", voilà tout. D'ailleurs la ville "se porte mieux qu'en 2014" ! Ultime provocation du Maire en fin de règne : "Grenoble, dans 20 ans, je l'imagine florissante, avec une prospérité, sans victimes collatérales". Sans même parler du fait que tous les indicateurs montrent une précarisation de la ville à vitesse grand V (bonjour la "prospérité"), le choix de l'expression "victimes collatérales" est terriblement déplacé quand on a en tête tous ces Grenoblois qui vivent dans la peur d'une balle perdue sur fond de règlement de comptes pour le trafic de drogue (nous ne sommes pas passés loin de drames, encore récemment).

LE "GRENOBLE BASHING" OU COMMENT ENTERRER LES PROBLÈMES 

Nous serions donc collectivement inspirés de cesser de parler du "Grenoble bashing", qui revient à débattre de l'écume pour ne pas se pencher sur le fond des problèmes. Pendant qu'on débat de la réputation d'insécurité, on ne parle pas... de l'insécurité. En bon communiquant, le système Piolle l'a bien compris : il déplace le curseur des problèmes à "l'image" que renvoient ces problèmes, et il lui est alors très facile de balayer tout sujet négatif, en créant en plus un amalgame entre ce qui relève de la critique de Grenoble et ce qui relève de la critique de l'action de la municipalité. 

C'est justement parce que nous aimons notre ville et que nous souhaitons y vivre mieux que nous en déplorons les difficultés. Ceux qui sont véritablement attachés à "l'image" de la ville et ont peur de la voir se détériorer devraient comprendre que cette image s'améliorera d'elle-même en traitant le fond des problèmes. Pas en tentant (à chaque fois sans succès, car le réel revient au galop) de les mettre sous les tapis.

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