LE CIMETIÈRE ST-ROCH COUVERT DE PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES?

Posted On 20 janvier 2024

« Pourquoi cette idée ? Parce que le cimetière est très grand, qu’il ne changera pas d’usage et qu’il n’a pas d’ombrage immédiat. C’est un foncier idéal pour le solaire ». Augustin Gamot, "porteur de projet" à 1 million d'euros qui a obtenu le plus de suffrages dans le cadre des "budgets participatifs", explique ainsi son idée : installer des panneaux photovoltaïques sur le cimetière St-Roch.

LA MUNICIPALITÉ UTILISE DES LEURRES

Comme à son habitude, la municipalité utilise des leurres pour faire avancer ce qu'elle veut faire. En l'occurrence, Augustin Gamot est chargé de projets partenariaux et de transition énergétique et développement durable à l'ALEC, l'Agence locale de l'énergie et du climat, très dépendante et liée à la ville et à la métropole. 

L'UNION DE QUARTIER DU CENTRE VILLE : LA VILLE EST ACTIONNAIRE

L'Union de Quartier Centre Ville (UHCV) a adressé une lettre ouverte à Eric Piolle s'étonnant que "le porteur du projet soit lié à la Ville de par la structure qui l’emploie, l’ALEC dont la ville de Grenoble est actionnaire et membre du conseil d’administration". Ajoutant : "le projet apparaît dans la rubrique «Nature en ville ». Quel est le lien avec l’installation de panneaux solaires ? Le projet ne relève-t-il pas plutôt d’un budget d’investissement mettant en œuvre la stratégie de la municipalité en matière de transition énergétique ?".

A. BRETTON (Verts/LFI) : "C'EST BIEN DE L'INVESTISSEMENT MUNICIPAL"

Annabelle Bretton, l'adjointe (Verts/LFI) ne s'en cache pas, répondant à Jean-Benoit Vigny (DL du 19/9/23) que « c’est bien de l’investissement municipal. Gilles Namur (adjoint à la nature en ville, NDLR), répète souvent qu’il aime bien le budget participatif car ça nous fait aller plus vite dans la politique publique ». La farce est totale.

PENDANT CE TEMPS : ABANDON DU SOCIAL

Bien entendu les porteurs de projets ignorent que la municipalité ferme le Plateau à Mistral, qu'elle ne peut plus entretenir les trottoirs sur lesquels chutent les personnes âgées et à mobilité réduite, que des quartiers entiers sont dans l'abandon, vivent dans la crasse, que les structures d'éducation populaire sont démantelées.

SORTIR D'UN ENTRE SOI CONFORTABLE ET COUTEUX

En portant des projets à 1 million d'euros, ils permettent au Rouge/Verts de se dédouaner : si les citoyens étaient respectés, on leur présenterait un choix entre les urgences et ces projets. Si la municipalité était responsable, elle alignerait la liste des attentes sociales dans la liste des projets pour lesquels voter. On peut être certain que la poignée de participants aux "budgets participatifs" les prendraient évidemment en compte. Car personne ne peut douter de la sensibilité des Grenoblois aux questions de solidarité. Cette information permettrait de sortir d'un entre-soi très confortable et coûteux entre salariés de la transition et élus Rouge/Verts qui sont parfois les mêmes.

UN CIRCUIT FERMÉ QUI RAPPORTE AUX MÊMES

D'ailleurs ce photovoltaïque est un bon exemple de ce circuit fermé dans lequel les cadres et les candidats Verts vivent confortablement sur la bête écologique. Les marchés vont à Energ’y citoyennes, une entreprise dont Fabienne Mahrez (Verts) est la Vice-Présidente. Elle est aussi liée à Alternatiba, logée par la municipalité, qui démultiplie sa com'.

UNE MUNICIPALITÉ SANS ÂME

Mais ce qui frappe le plus dans ces projets est l'absence d'âme de la municipalité. Les cimetières grenoblois sont dans un état de grande misère, mal entretenus, un crève-coeur pour tous ceux qui veulent honorer un être cher. Des plaintes récurrentes, en particulier de personnes âgées, qui laissent de marbre Gilles Namur et Kheira Capdepon, les élus de la ville "amie des ainés" (!). Des cimetières à propos desquels Alain Carignon, Président du groupe d'opposition, qui avait réalisé en son temps le cimetière intercommunal de Poisat, dénonce la saturation. Un domaine où la prévision est pourtant la plus aisée. Mais il ne se passe rien.

UN LIEU DE MÉMOIRE ET DE RECUEILLEMENT

On imagine la réaction de tous ceux pour qui ce lieu est d'abord un lieu de mémoire et de recueillement d'apprendre qu'on va peut être le couvrir de panneaux photovoltaïques et dépenser 1 million d'euros alors qu'on refuse aux morts toute dépense d'entretien ? Le groupe d'opposition a demandé que le Conseil Municipal soit saisi.

LE CIMETIÈRE : UN FONCIER IDÉAL POUR LE SOLAIRE !

Le cimetière n'est pas un "foncier idéal pour le solaire". Même si, effectivement, il ne changera pas d'usage". Des mots qui font froid dans le dos et montrent jusqu'où peut mener l'idéologie qui a quitté toute humanité pour ne voir plus que l'utilitaire, même chez les morts.

LE LIEU DU SOUVENIR LE PLUS INTIME

Le cimetière est d'abord un lieu du souvenir le plus intime et parfois le plus fort d'une existence. Un lieu de méditation personnel, celui où l'on est face à sa propre mort et à la disparition d'une part de soi-même avec celle d'un proche.

"ON NE RESPECTE PLUS RIEN"

“On ne respecte plus rien. Le repos éternel ne veut plus rien dire pour certains. Mettez vos panneaux ailleurs et laissez les morts reposer en paix” écrit un grenoblois selon les propos rapportés par Clémence Beyrie (DL du 18/1/24).

L'ESPRIT OUBLIÉ D'UNE VILLE, CE QUI LA REND HABITABLE

Cette annonce illustre la froideur d'une majorité municipale de plus en plus réduite, au sein de laquelle plus personne n'ose exprimer une sensibilité qui prenne en compte tout l'immatériel qui est aussi l'esprit d'une ville, ce qui la rend habitable. Parce qu'elle respecte autant un passé qu'elle prépare un avenir. Une municipalité qui nous prive des deux.