PARTICIPATION CITOYENNE : LA MÉTROPOLE VERROUILLE AUSSI

Malgré leur guéguerre d'ego, il y a finalement encore quelques points de convergence entre le système Piolle et la majorité Ferrari. Dernier exemple en date avec le sujet de la participation citoyenne.

UNE "PÉTITION CITOYENNE"...

L'Essor Isère rapporte ainsi le lancement de cette initiative "inédite en France" : un dispositif de "pétition citoyenne" de la métropole, présentée à la presse par le Président Christophe Ferrari, et les Vice-Présidents Pascal Clouaire et Eric Rossetti. 

Visiblement très fière de son dispositif, la majorité métropolitaine a aussi diffusé une vidéo youtube en parallèle de la conférence de presse pour le présenter. 

UN SYSTÈME DE SIGNATURES POUR SOULEVER UN SUJET

Il faudra ainsi réunir 50 signatures de métropolitains âgés de plus de 16 ans, habitants d'au moins 12 communes différentes, pour proposer un projet relevant des compétences de la commune. Et encore, il ne s'agit là que de la première étape : la pétition est ensuite publiée et celui qui l'a lancé a 4 mois pour trouver 800 autres signataires.

800 PÉTITIONNAIRES POUR... UN DÉBAT

Admettons que le pétitionnaire réunisse les 800 signatures requises dans le délai imparti, ce qui lui demanderait une mobilisation quasi à plein temps. Il gagne le droit que son idée soit débattue en conseil métropolitain. Et c'est tout : aucune garantie qu'elle ne soit retenue, rien. Un pauvre débat et on peut enterrer son sujet. Si il obtient 1500 signatures, on ajoute même de la réunionite à la réunionite : la métropole tirera 30 habitants au sort "pour enrichir le projet"...

LA MÉTHODE GRENOBLOISE DUPLIQUÉE

La méthode vous dit quelque chose ? C'est normal : elle ressemble à s'y méprendre au système grenoblois "d'interpellation citoyenne", déjà vanté comme une première en France. À la manoeuvre à la métropole, le Vice-Président Pascal Clouaire, en charge de la participation citoyenne. Avant d'être exclu par Eric Piolle, il appartenait à la majorité grenobloise où il exerçait les fonctions d'adjoint à la démocratie locale. Il a affiné son système grenoblois pour le rendre tout de même un peu moins hypocrite.

Le dispositif "d'interpellation citoyenne" à Grenoble. Admirez l'usine à gaz.

GRENOBLE : LE RÉFÉRENDUM IMPOSSIBLE

Côté ville de Grenoble, pour interpeller les élus, il faut 50 signatures de pétitions qui donnent droit à 3 réunions pour discuter. Avec 1000 signatures, les pétitionnaires ont droit à un atelier avec 25 tirés au sort. À 8000 signatures (évidemment impossibles à atteindre et d'ailleurs jamais atteintes), le Maire propose au conseil municipal l'organisation d'une "consultation citoyenne" (il peut donc faire refuser la demande par ses élus). Si le conseil l'autorise, la proposition des pétitionnaires soumise au vote des Grenoblois doit obtenir un vote favorable de 10% des habitants... soit 16 000 voix ! Des seuils complètement lunaires.

DES USINES À GAZ QUE PERSONNE NE NOUS ENVIE

Pour le citoyen, chaque étape est en fait un filtre supplémentaire pour l'empêcher de se faire entendre. Le processus cumule toutes les lourdeurs administratives possibles pour noyer les sujets de préoccupations des habitants. Il n'y a pas vraiment de quoi se vanter du fait que Grenoble soit première en France à lancer ces usines à gaz. Si personne ne nous copie, il y a bien une raison. Car dans à peu près n'importe quelle commune de France, nul besoin de 50 signatures pour soulever un sujet : en écrivant au Maire et avec des élus au contact des habitants, on obtient une réponse à ses problèmes ! 

14 ÉTAPES POUR POUVOIR VOTER !

Récemment, 3 Unions de quartier qui souhaitaient soumettre un projet différent pour l'autoroute à vélo du cours Berriat ont fait les frais de ces usines à gaz. D'abord leur projet d'interpellation citoyenne de la ville a été déclaré irrecevable car "de compétence métropolitaine", avant qu'il ne soit finalement accepté face au tollé, et renvoyé sur le site de pétitions mutualisé avec la métro. Pour voter, les citoyens devaient alors se créer un compte et passer par... 14 étapes de validation ! De quoi décourager le plus motivé. Et c'est bien le but. Excédées, les unions de quartier ont demandé un RDV au Maire dans une lettre ouverte. Là encore, ce que dans n'importe quelle ville des associations peuvent obtenir sans souci (rencontrer son Maire) relève à Grenoble de l'exploit. 

Le site de pétitions mutualisé avec la métro (pour les usine à gaz, on arrive à faire des mutualisations !). Il faut créer un compte et suivre des dizaines d'étapes pour pouvoir voter..

LE BILAN CONCLUT À L'ABSENCE DE RÉSULTATS DU DISPOSITIF GRENOBLOIS

Après un an de mise en place de l'interpellation citoyenne à Grenoble, le bilan concluait d'ailleurs à son absence de résultats. Avec à peine 10 demandes en un an, le système apparaissait boudé par les Grenoblois pas dupes de la supercherie ; le profil des pétitionnaires révélait qu'ils sont en majorité favorables politiquement à la municipalité ; et les participants déploraient tout de même l'absence de résultats : aucune des pétitions n'avait eu ne serait-ce qu'un seul débouché concret ! 

Des habitants désespérés de l'inaction des élus tentent d'utiliser le dispositif pour avoir des solutions à leurs problèmes quotidiens. Evidemment sans succès.

LA COMM' CONTRAIRE AUX OBJECTIFS

On se retrouve en fait avec un sujet, la participation citoyenne, prétexte aux grands discours (y compris à Rio pour donner des leçons à l'Observatoire International de la Démocratie Participative !). Mais dans les faits, on en est très loin avec des systèmes "inutilisables par le citoyen lambda", comme le rappelait les unions de quartier. L'idée est de créer des process pour donner l'illusion de l'écoute, mais dont la lourdeur assure à chaque fois qu'aucun sujet ne viendra perturber ce que les élus ont décidé de faire.

L'ALTERNANCE NÉCESSITE DE ROMPRE AVEC LES MÉTHODES PIOLLISTES

Ce n'est pas en dupliquant les méthodes d'enfumage à la grenobloise que la métropole se grandira. Le signal envoyé avec cette reprise de l'usine à gaz de "participation citoyenne" est alarmant, en ce qu'il semble indiquer que ceux de la majorité métropolitaine qui pensent aux municipales à Grenoble (et ils sont quelques uns, voir notre article à ce propos) entendent simplement ripoliner la façade en gardant les mêmes recettes derrière.

Or l'état de la ville appelle à une alternance franche et forte, qui suppose de rompre clairement avec les stratagèmes d'Eric Piolle et de sa majorité. Ceux qui se retrouvent dans cette nécessité de rupture peuvent rejoindre le travail de préparation du changement entamé de longue date par le groupe d'opposition d'Alain Carignon.

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