« BAR RADIS » : NOUVEAU FLOP POUR L’AGRICULTURE À GRENOBLE

Un an après son inauguration, le média en ligne Place Gre'net se penche sur la situation du "bar radis" installé à Flaubert.

UN HAUT LIEU DE RETROUVAILLES DES ROUGES/VERTS...

L'établissement avait été inauguré en grandes pompes par toute la nomenklatura rouge/verte locale, qui en a rapidement fait un de leurs repères, y donnant des conférences et ne manquant pas une occasion de promouvoir ce qui se présente comme "un restaurant, un bar, un café associatif, une serre et un jardin de près de 1000 m² de surfaces cultivables pour alimenter le restaurant" qui a "la volonté de sensibiliser les habitants aux questions de l’alimentation saine et aux enjeux de l’agriculture durable".

bar radis grenoble
La NUPES a rapidement fait du bar radis un repère.

... EN PLEIN COEUR D'UNE FUTURE VILLENEUVE

Il se situe en plein coeur de Flaubert, ce "nouvel Arlequin" pour reprendre une formule du Dauphiné Libéré suite aux interventions du groupe d'opposition d'Alain Carignon à ce sujet. Un quartier ultra dense sans nouveaux espaces verts, avec la moitié de logements sociaux et des appartements mis en vente qui ne trouvent pas d'acheteurs, une qualité de vie déjà dégradée...

Lors du dernier conseil municipal, Alain Carignon a interpellé Eric Piolle sur ce que vivent les habitants du quartier Flaubert.

LE PARTI D'ÉRIC PIOLLE À LA RESCOUSSE D'UN QUARTIER DÉJÀ SINISTRÉ

Évidemment, les commerces ne veulent pas s'installer dans un tel secteur, bien conscients du désastre programmé. Résultat : le parti du Maire, EELV, y a installé son siège dans un local commercial vide depuis le début pour faire mine qu'il n'y a pas de problème de vacances commerciale ! On retrouve là la grande arnaque des "éco quartiers" où curieusement aucun élu qui les promeut ne daignerait vivre, dans la droite lignée de l'urbanisme mortifère des idéologues de gauche depuis plus de 40 ans

bar radis grenoble
Inauguration en grande pompe de la permanence d'EELV à Flaubert : un pathétique cache-misère.

UNE VUE IMPRENABLE... SUR LE BÉTON

Le bar radis est finalement le seul commerce du quartier, car il fallait qu'il soit situé en haut d'un immeuble qui s'y prête et il n'a été trouvé qu'ici.. et qu'il a été grassement subventionné comme nous le verrons plus bas. Son argument massue : le fameux roof top et sa vue supposément imprenable sur les montagnes. Sauf que toute une partie de la terrasse n'est pas accessible en raison du potager... et que la partie où les client peuvent aller offre surtout une vue imprenable sur le béton des immeubles alentours, dans un formidable vis-à-vis avec les voisins.

bar radis grenoble
La vue depuis le rooftop...

UN PROJET VANTÉ POUR L'AGRICULTURE URBAINE

Si nous nous penchons sur ce sujet, ce n'est pas pour fustiger le travail des bénévoles et salariés qui tâchent de faire vivre ce lieu. Mais bien parce qu'il est beaucoup mis en avant par les élus d'Eric Piolle dans le cadre de leur fameuse "stratégie pour le développement de l'agriculture urbaine", que nous avons déjà démystifiée. Or, les résultats de cette ferme urbaine après un an ne justifient d'en faire une quasi figure de proue.

20% DES BESOINS DU RESTAURANT DANS 5 ANS

Objectif du bar radis : atteindre avec le potager 20% des besoins en fruits et légumes du restaurant. Voilà qui permet de relativiser l'envergure de la contribution de ce projet à l'alimentation grenobloise et ridiculise d'autant plus les envolées des élus Piollistes qui en font un exemple pour les fermes urbaines. Cet objectif est en plus très loin d'être atteint, et le maraicher interrogé par Place Gre'net estime qu'il sera rempli dans... 5 ans.

LA CONCEPTION DU JARDIN COMPLIQUE LA TÂCHE

L'année écoulée a été compliquée pour le jardin, avec forcément des problèmes climatiques : la grêle qui a saccagé des récoltes, et le vent. À propos de ce dernier, le maraicher avoue que « nous n’avons appris qu’une fois installés que le vent tournait »... Mais l'autre facteur qui explique qu'on est loin des 20% de production tient à la conception même du potager : la volonté d'en faire une vitrine pour attirer du monde conduit à des aberrations, comme planter les tomates de manière à ce qu'elles soient bien visibles car identifiables par le grand public... mais en les soumettant aux rafales de vent à l'emplacement choisi. 

UNE HAUSSE DES PRIX

Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, les prix des plats vont augmenter d'1 ou 2 euros prochainement. Une décision compréhensible vue l'inflation, mais qui ne manquera pas de tenir à l'écart les publics les plus précaires. Place Gre'net relève par ailleurs que dès l'inauguration, les critiques avaient fusé sur les réseaux sociaux pour fustiger les prix et un endroit "non accessible aux gens du quartier". Voilà qui ne devrait rien arranger et qui pose la question de la viabilité à long terme du lieu.

L'ARGENT PUBLIC COULE À FLOT

Le projet cochant toutes les cases à la mode avec le lexique adapté ("écologie", "transition", "durable"...), il a sans surprise bénéficié d'un très fort soutien des collectivités locales. La Métropole a ainsi attribué une subvention de 15 000 euros, et la ville de Grenoble... 60 000 euros, en plus d'un loyer très avantageux. On peut légitimement s'interroger sur la pertinence d'un tel montant d'argent public mobilisé quand, dans le même temps, des commerçants sont exclus des dispositifs d'aide. À Diderot par exemple, la Métropole qui fait des travaux et ferme le secteur condamne à une mort certaine l'unique commerce de la rue, pourtant viable jusqu'ici. Les élus donneurs de leçons sont incapables de trouver une manière d'aider la commerçante à surmonter financièrement cette situation qu'ils ont créé.

La rue Diderot, fermée pour deux ans. On peut mobiliser 75 000 euros pour le bar radis mais 0 pour sauver la seule commerçante de la rue qui devra mettre la clé sous la porte à cause de ces travaux ?

COMME UN SYMBOLE DE LA MÉTHODE PIOLLE

Le maraicher résume finalement le problème du potager par une formule très simple : "l'esthétique prime sur l'utilité". La boucle est bouclée et on ne peut que comprendre l'engouement des Piollistes, tant ce constat résume à merveille près de 10 ans de mandat où la communication l'aura systématiquement emporté sur la recherche de résultats, que ce soit pour l'agriculture urbaine comme pour n'importe quel sujet.  Mais cette politique de l'affichage ne sauvera pas la planète, tout comme elle n'a en rien amélioré le sort des Grenoblois.

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