AUJOURD’HUI, LE CONSEIL LE PLUS SANGLANT DU MANDAT

Cet après-midi s'ouvrira un conseil municipal qui s'annonce sanglant. Et terriblement déconnecté des préoccupations des Grenoblois.

17 DÉLIBÉRATIONS POUR UN REGLEMENT DE COMPTE

Ce conseil comptera pas moins de 117 délibérations et est programmé pour finir à 3h du matin (ouverture à 15h). Une durée anormalement longue, qui s'explique par le fait que pas moins de 17 délibérations concernent la valse des adjoints et des représentants dans les différentes commissions et instances suite à l'exclusion de 7 élus de la majorité. 

Conseil municipal Grenoble
Source : groupe Facebook SaccageGrenoble.

1/4 DES ÉLUS D'ORIGINE ONT LÂCHÉ PIOLLE

Voilà à quoi va s'occuper le conseil. Une foire d'empoigne, un petit règlement de compte du système Piolle qui acte son rétrécissement. Depuis le début du mandat, 11 élus sont sortis de la majorité (et on ne compte même pas les collaborateurs comme l'ancien deuxième cerveau Enzo Lesourt). Soit à peu près un quart de la majorité Piolle. Sadok Bouzaiene (qui n'a pas digéré le positionnement pro burkini du Maire), Hosny Ben Redjeb (qui a refusé son autoritarisme), Chloé Le Bret (qui ne voulait pas être élue juste pour "signer des chartes"), Lionel Picollet (mis dehors en janvier pour avoir accepté une "mission transparence" confiée par Christophe Ferrari)... Et maintenant, ceux qui ont été virés pour avoir émis un doute, toussoté sur le budget avant de le voter : Pascal Clouaire, Maxence Alloto, Hakim Sabri, Amel Zenati, Anouche Agobian, Laure Masson, Barbara Schuman. Comme le rappelait le président du groupe d'opposition Alain Carignon sur Télégrenoble : “Eric Piolle a la majorité la plus faible qu’un Maire n’ait jamais eu à Grenoble, et il a été élu avec l’abstention la plus forte qu’un Maire n’ait jamais eu”.

conseil municipal grenoble
Yann Mongaburu (EELV) nous apprend que ce qu'il reste des élus de la majorité suivait la semaine dernière un séminaire pour "écrire collectivement la suite". C'est plus certainement pour se préparer à un conseil qui s'annonce sanglant pour eux.

LES EXCLUS OUVRENT LES HOSTILITÉS

Le groupe d'exclus a d'ailleurs déjà ouvert les hostilités en donnant une conférence de presse avant le conseil. Pas pour défendre les Grenoblois sur des sujets en particulier. Mais pour annoncer qu'ils attaquent en justice le retrait de leurs délégations. Avec 5 recours gracieux, avant 5 recours contentieux qui seront déposés après le conseils, ils attaquent Eric Piolle pour "excès de pouvoir". Ambiance.

LA QUÊTE DES POSTES

La quasi intégralité du conseil devrait être sous le prisme de la quête désespérée des postes, entre les retraits de délégations et les places au sein de 50 organismes, institutions, écoles, associations. La question orale que posera Maxence Alloto en fin de conseil réclame d'ailleurs pour son groupe un siège au CCAS et la présidence de la commission ressources. Habituellement, celle-ci est dévolue à l'opposition. Ce qu'Eric Piolle a toujours refusé, reniant la charte Anticor qu'il a signé, car il ne supportait pas l'idée que la place revienne au groupe d'opposition d'Alain Carignon. Confiera-t-il cette présidence au groupe des 7 exclus ? Rien ne le laisse penser : il devrait s'en sortir par une pirouette en contestant leur légitimité politique puisqu'ils ne sont jamais passés devant les urnes et ne seraient ainsi pas un groupe représentatif des Grenoblois. 

L'EX ADJOINT AUX FINANCES VEUT DÉCERNER LA "PASTÈQUE D'OR"

Les ex Piollistes n'y vont pas de main morte à propos de leur ancien patron comme on le découvre sur Place Gre'net. Très remonté, Hakim Sabri explique que "Le Canard enchaîné lui avait décerné le Melon d’or, moi je veux carrément lui donner la Pastèque d’or". Il va plus loin, affirmant qu'Eric Piolle "gère la Ville comme il gérait HP". Une « dérive antidémocratique » pour Amel Zenati. Et Maxence Alloto enfonce le clou : "on a un président qui est brutal et vertical, et ici, on a un peu le même, ce “Jupiter local” qui décide de tout et qui ne met pas les citoyens dans la décision".

LA FARCE DES IMPÔTS

Bien qu'il soit savoureux de les voir se lâcher après avoir vécu dans l'ombre du piollisme, on apprend également quelques informations un peu plus importantes. Hakim Sabri, ex adjoint aux finances, explique ainsi qu'il a préconisé dès le début du mandat d'augmenter légèrement les impôts. Fin de non recevoir d'Eric Piolle. "Était-ce par ce qu’il visait la présidentielle, je vous laisse juge… Le sujet est revenu après la primaire écolo" lâche Sabri au Dauphiné. Et alors que certains souhaitaient 15%, un sondage interne a finalement tranché en faveur de 25% mais assorti de la gratuité des transports (cette promesse irréalisable, et Eric Piolle et Yann Mongaburu le savent parfaitement !). "Finalement, quelques jours après, pas de gratuité, mais un bouclier social totalement vide. Mais ce bouclier social, Éric Piolle peut le ressortir à la télé pour soigner son image au national !" conclut Hakim Sabri. Une vaste blague dont on pourrait rire si ça ne se passait pas sur le dos des Grenoblois. 

PENDANT CE TEMPS, L'ÉPÉE DE DAMOCLÈS DU BUDGET

Il y a quelque chose d'invraisemblable à réunir ce conseil pour ces petits meurtres entre amis alors que le tribunal se réunit dans deux jours pour décider de la légalité ou non de la délibération qui emporte vente des actions de la ville au sein de Grenoble-Habitat. Si les juges venaient à annuler cette vente, les projets que lance la Municipalité seraient à revoir car le budget ne tiendrait plus. Il faudrait trouver 37 millions d'euros d'économies, encore augmenter les impôts (de 20% supplémentaires) ou une nouvelle fois avoir recours à l'emprunt alors que la dette atteint des records. 

PENDANT CE TEMPS, LES NUISANCES

Il y a également quelque chose de déconnecté à passer des heures sur ces sujets, alors que les problèmes très concrets des Grenoblois ne sont pas traités. Encore ce week-end, les habitants de l'esplanade ont souffert des nuisances sonores jusqu'à tard la nuit par le festival "Magic Bus" installé sous leurs fenêtres, comme nous le relations hier. Ils seront ravis d'apprendre qu'une délibération prévoit l'adhésion de la ville de Grenoble au "centre d'information sur le bruit". Une énième adhésion qui ne changera évidemment rien à ce qu'il subisse. 

La vie des nouveaux habitants de l'esplanade, presque continuellement soumis au bruit puisque la majorité Piolle veut garder le lieu pour y installer les animations. Evidemment aucun élu n'habite ces immeubles et n'y est soumis.

PENDANT CE TEMPS, LE FAR-WEST À SAINT-BRUNO

Le conseil se réunira tranquillement alors que hier, le quartier Saint-Bruno a encore connu une scène pire que le far-west, comme d'habitude sur fond de trafic de drogue. Attaque au gaz lacrymo, fuite en trottinettes, coups de feu, bagarre et même un sabre... Nous aurons l'occasion de revenir cette semaine sur ce qu'il s'est passé. 

Alain Carignon soulèvera cet après-midi le sujet de la sécurité après cette énième scène de violence invraisemblable. Ce ne sont évidemment pas les élus de la majorité qui en parleront.

DES QUESTIONS EN SUSPENS

Plusieurs questions restent néanmoins en suspens et trouveront des réponses, ou des débuts de réponse, au cours du conseil tout à l'heure. La première et non des moindres : qui seront les nouveaux adjoints remplaçants ?

QUI SORTIRA GAGNANT DES CHAISES MUSICALES ?

La délégation de feu Maxence Alloto serait ainsi divisée en plusieurs petites délégations : le commerce se verrait confier au roquet insoumis en chef Alan Confesson (on plaint déjà les commerçants si ça devait être le cas), et la partie évènementielle se verrait confier au vieux pilier du système Verts/ADES Olivier Bertrand (il avait cette délégation en charge lors du précèdent mandat et avait donc notamment comme dossier... l'attribution du marché de la fête des tuiles qui vaut à Piolle de comparaitre en appel dans un mois). Le secteur 4, délégation retirée à Hakim Sabri, aurait à priori pu être confié à Khadija Ezzarouali, élue rentrée en cours de mandat et très discrète. Mais les hautes autorités Piollesques l'auraient jugé pas assez "fiable politiquement". C'est donc Sandra Krief, actuelle élue à la condition animale, qui en hériterait (pour être sûr qu'elle reste, elle qui s'est déjà plaint de ne pas être assez considérée par les piollistes). Ces bruits de couloir seront confirmés ou infirmés dans quelques heures.

QUI PRENDRA LE LEAD DES "PIOLLISTES SANS PIOLLE" ?

On devrait également assister à une bataille de coqs entre le groupe socialiste (Cécile Cénatiempo, Hassen Bouzeghoub et Romain Gentil) et le groupe des exclus. Ceux-ci entendent désormais se partager le même créneau : celui de la gauche qui ferait presque tout comme Piolle mais sans Piolle (les exclus donnent d'ailleurs le ton en affirmant dans le Dauphiné : "nous allons voter la plupart des délibérations. On reste de gauche et écologistes"). Une position qu'avait tenté d'occuper Olivier Noblecourt aux précédentes municipales. Seul, il avait récolté 11% des suffrages. Et ils sont désormais au moins 3 groupes à vouloir se partager ce petit gâteau, si on ajoute l'initiative d'Hakima Necib (ex PS). 

COMBIEN DE TEMPS L'ATTELAGE DES EXCLUS TIENDRA-T-IL ?

Au sein même de l'attelage des exclus, pas sûr que ça tienne jusqu'aux municipales. Maxence Alloto et Pascal Clouaire sont tous les deux rongés par la même ambition : prendre la place du Maire. On imagine difficilement que le groupe restera le même jusqu'au bout du mandat avec deux Iznogoud pour un seul poste de vizir. Difficile de dire qui a l'avantage pour le moment. Mais Pascal Clouaire ferait bien de se méfier de son "allié" Maxence Alloto, qui n'est constant que dans la trahison (il a trahi l'UMP pour le parti radical de gauche qu'il a trahi pour le PS qu'il a trahi pour Piolle qu'il trahit désormais pour ses propres ambitions). 

Maxence Alloto et Pascal Clouaire s'étaient déjà écharpés en novembre dernier par voie de presse à propos de la gestion du palais des sports, pour laquelle ils n'étaient pas d'accords.

LA POLITIQUE POLITICIENNE À SON PAROXYSME

Voilà qui nous promet de belles heures d'un spectacle pathétique, à mesure que la majorité s'étiole et que les couteaux des ambitieux avides de postes s'aiguisent. Loin de cette agitation presque immorale eu égard aux réponses qu'attendent les habitants et qui arriveront d'autant moins que ce beau monde est occupé à s'écharper, le Groupe d'opposition compte lui parler des problématiques de la ville et des solutions qu'il conviendrait d'apporter pour le quotidien des Grenoblois. Son Président Alain Carignon sera d'ailleurs l'invité en direct du JT de France 3 Alpes ce midi pour parler de ce conseil qui aura au moins le mérite de faire tomber les masques. 

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