LA VENTE DE GRENOBLE HABITAT ANNULÉE ?

Posted On 16 mars 2023

Outre le budget et la hausse d'impôts qui en découlent, le conseil municipal de lundi a été marqué par la vente de Grenoble Habitat.

UNE VENTE À UN MASTODONTE...

C'est Margot Belair, zélée adjointe à l'urbanisme, qui s'est chargée de la présentation de la délibération actant cette vente. Une vente pour 37 millions d'euros à Adestia, filiale de la CDC Habitat, groupe mastodonte du secteur avec 191 000 logements en France. Une vente à rebours de la logique de proximité qui prévalait chez ce bailleur historique, et qui laisse craindre le pire pour les locataires tant la CDC est reconnue comme l'un des pires bailleurs en matière d'écoute et de qualité du service. Les ex locataires du 10/20 galerie de l'arlequin peuvent en témoigner.

... POUR RIEN

Pour la ville, le pire restera que cette vente pour 37 millions d'euros (chiffre sorti d'on ne sait où puisqu'Eric Piolle attendait 45 millions de cette vente il y a moins d'un an encore) ne sert... à rien. Ces recettes exceptionnelles, fruit de décennies de montée en puissance de la société, fruit du travail de générations de Grenoblois, sont absorbées en un an. Un outil stratégique majeur, historique du territoire, mis en pièces uniquement pour équilibrer le budget d'Eric Piolle. Un "one shot" pathétique.

UN AUTRE RENIEMENT D'UN ENGAGEMENT DE CAMPAGNE 

Cette vente constitue en outre un autre reniement pour le Maire, qui expliquait en 2020 que “attaqués par le Gouvernement, nos bailleurs risquent d’être absorbés par de grands groupes nationaux. Pour faire vivre notre modèle de logement social, nous ferons marcher l’intelligence collective dès 2020 en réunissant les acteurs du logement lors d’une convention citoyenne”. Un engagement de plus non respecté.

A. CARIGNON : "UNE ERREUR HISTORIQUE"

"Vous avez cramé la caisse tant et si bien que la dette et l’impôt record ne suffisent pas à garder la tête hors de l’eau, vous en venez à vendre Grenoble Habitat pour 37 millions d’euros. Elle est là, la réalité : les locataires sont la variable d'ajustement d’un raisonnement bêtement comptable [...] L’erreur est historique car au-delà des conséquences immédiates pour les locataires, vous privez les générations futures de Grenoblois d’un outil majeur pour maîtriser la stratégie d’habitat et de logement sur notre territoire. C’est une autre de vos incohérences majeures : pendant que vous prétendez penser et adapter la ville à l’horizon 2050 ou 2100, vous vous amputez d’un levier exceptionnel de pilotage de l’urbanisme" a ainsi dénoncé Alain Carignon, Président du Groupe d'Opposition.

N. PINEL : "UNE OPÉRATION DE SPÉCULATION POUR ENTERRER GH"

"Chers collègues, membre de la majorité, j’en appelle à votre bon sens et à vos valeurs dites "de gauche". Mme la Présidente de Grenoble Habitat, vous resterez dans l’histoire comme ayant été le pion d’Eric Piolle pour réaliser une opération de spéculation et enterrer GH… De grâce, rappelez-vous ce qui donne sens à votre engagement, à notre engagement sincère dans cette enceinte. Chers collègues de la majorité, ne vous laissez pas avoir par l’attrait de l’argent et de la spéculation, vous ne pouvez pas vous associer à la mise à mort de cet acteur historique et original du logement social à Grenoble !" a de son côté lancé Nicolas Pinel, conseiller d'opposition.

ERIC PIOLLE N'ÉCOUTE PERSONNE

Mais la majorité a voté d'un bloc, comme pour le budget, tenue par la terreur que le système Piolle fait régner. Avant le conseil, salariés et locataires de Grenoble Habitat manifestaient pour protester contre cette vente. L'opposition a demandé une suspension de séance pour les rencontrer. Ceux-ci avaient demandé à intervenir en préambule du conseil pour défendre leur point de vue et appeler à voter contre la vente. Rejet clair et net d'Eric Piolle.

LA DÉLIBÉRATION ILLÉGALE ?

Mais enfermé dans sa tour d'ivoire, Eric Piolle a potentiellement commis un impair qui met en péril son ambition. Se cachant derrière une procédure qui n’est pas soumise au code de la commande publique il n'a pas communiqué aux oppositions les documents relatifs à la consultation pour la vente. Qui n'ont pu les consulter qu'en signant un accord de confidentialité et sans en faire de copie pour les étudier. Or, figuraient dans ces documents un certain nombre de clauses qui auraient dû être mentionnées dans la délibération actant la vente pour la bonne information de tous. Cécile Cénatiempo (socialiste) a ainsi annoncé un recours pour faire annuler la délibération.

QUID DE L'ACCORD DE LA MÉTROPOLE ?

Un autre loup a été soulevé par Lionel Picollet, ex membre de la majorité d'Eric Piolle. Alors que la Métropole est aussi actionnaire de Grenoble Habitat, il a interpellé Eric Piolle : « j'ai juste une question : est-ce que vous avez l'accord de la Métropole pour vendre Grenoble Habitat ? ». Le Maire a refusé de répondre, malgré son insistance. Chacun pourra en conclure ce qu'il veut quant à la réponse...

LE FEUILLETON DE CE CONSEIL N'EST PAS TERMINÉ

C'est la double lame pour Eric Piolle : le défaut de communication d'éléments majeurs pourrait faire annuler sa délibération, et la possibilité de l'existence d'une clause qui assortie la vente à l'accord des autres actionnaires, donc de la Métropole, pourrait également rebattre les cartes. Entre Grenoble Habitat, le 5, le budget, le feuilleton qu'a entamé ce conseil est loin d'être terminé. Et les décisions catastrophiques d'Eric Piolle n'en finissent pas de se retourner contre lui. À suivre...