GRENOBLE : LES ESPACES DE RESPIRATION DISPARAISSENT UN PAR UN

Alors qu'ils sont un élément clef de la neutralité carbone à atteindre en 2050, les espaces de respiration disparaissent un à un à Grenoble. Le PLUI (plan local d'urbanisme) voulu par Eric Piolle et ses élus a entrepris d'urbaniser tous les tènements disponibles dans la ville, qu'ils soient végétalisés, arborés ou non, privés ou publics. Ainsi par exemple, même le très modeste jardin public de 3000m2, quartier Jean Macé - lui même hyper densifié - va être partiellement urbanisé.

LE CNRS CLASSE GRENOBLE RECORDMAN DE FRANCE DES ILOTS DE CHALEUR

Pourtant Grenoble vient d'être classée recordman de France (hors Paris) pour les ilots de chaleur par une étude conjointe du CNRS et de Météo France, ce qu'a révélé le DL (17/6/22). Ce résultat a été obtenu sous le mandat d'une municipalité prétendument "écologiste".

QUARTIER BERRIAT : PIOLLE POURSUIT LA DENSIFICATION MAXIMALE

Quartier Berriat, la densification se poursuit à marche forcée. Alors qu'Eric Piolle s'était engagé à revoir les projets Destot - dont celui-là - il a poursuivi sans vergogne l'urbanisation de l'ilot Raymond. Dans ce quartier, tous les espaces de respiration ont été créés par la municipalité Carignon, les parcs Valérien Perrin et Marliave. Mais alors qu'ils servaient à une population d'un quartier aéré, ils deviennent sur (et mal) fréquentés du fait d'apports excessifs de population sans espaces supplémentaires. 

COURS DE LA LIBÉRATION : UNE AVENUE CANYON OÙ LES JARDINS SONT SUPPRIMÉS

Le constat est le même cours de la Libération pour lequel l'ex Adjoint au Maire (Verts/LFI) chargé de l'urbanisme, le sociologue du laboratoire Pacte, temple du woquisme à Sciences Po Grenoble, Pierre-André Juven, avait annoncé avec fierté que tous les jardins sont voués à disparaitre. Après les villas-jardins qui bordaient le garage Galtier, tous les autres s'effacent un à un. Des milliers de M2 d'espaces végétalisés sont supprimés pour être remplacés par des immeubles de grande hauteur. Le cours de la LIbération va devenir une avenue "canyon" de Grenoble à Pont de Claix. La chasse est totalement ouverte puisque même un espace vert rue Vaujany, près de la Résidence Lesdiguières, a été sacrifié pour la construction.

PRESQU'ILE : 1m2 D'ESPACES VERTS PAR HABITANT

La Presqu'ile est un sommet de ce non sens. Au total le projet prévoit de l'ordre de 2000 logements familiaux dont 40 % sociaux et 2000 logements étudiants. Il bénéficie d'un seul jardin de 10 000m2, encadré d'immeubles de grande hauteur, soit de l'ordre de 1m2 d'espaces verts par habitant.  

UN MEMBRE DU GIEC : LES IMMEUBLES DE LA PRESQU'ILE, ABERRANTS 

Le jugement est venu de Thierry Lebel, hydro-climatologue, directeur de recherche à l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble, membre du GIEC et du conseil scientifique "Grenoble Capitale verte" (DL du 20/9/22) : "les édifices qui ont poussé sur la Presqu’île sont aberrants : construits sur du bitume, avec une mauvaise circulation d’air. Il existe tout un tas de préconisations au sujet de la ville durable. Ce sont des messages que nous avons déjà véhiculés, depuis 2003 au moins. Or, dans une ville comme Grenoble, qui est une cuvette, il n’y a pas eu de véritable politique de la part des collectivités territoriales" . 

L'ILOT DE CHALEUR: LA CONTRIBUTION DE L'URBANISATION À LA TEMPÉRATURE

Pourtant les données sont connues. La définition d'un ilot de chaleur a été rappelée par Julia Hidalgo (Dl du 17/6/22) chargée de recherches CNRS : « L’îlot de chaleur urbain c’est l’excès de température par rapport à la campagne. Tandis qu’en zone rurale, une grande partie de la chaleur est dégagée vers l’atmosphère pendant la nuit, en zone urbaine, les immeubles ou les routes rejettent dans l’air la chaleur emmagasinée en journée. L’îlot de chaleur urbain représente donc la contribution de l’urbanisation à la température de l’air. Plus la ville a une activité anthropique importante plus elle est minéralisée et plus l’intensité sera importante. À l’inverse, avec la présence de parcs, des zones d’eau ou des phénomènes de brise, l’îlot de chaleur sera plus hétérogène et moins intense ».

DEPUIS LES ANNÉES 70, LA DENSIFICATION AVEC DES ARGUMENTS DIFFÉRENTS

Depuis les années 70 avec Villeneuve, la gauche et les Verts inventent à chaque génération un alibi nouveau pour la bétonisation, appuyés par des "urbanistes" de même obédience qui répètent tous la même fable. Hier il fallait beaucoup de densité pour bénéficier d'un haut niveau de service public (on voit le résultat à Villeneuve qui était bâti sur cette thèse.... ) et maintenant il faut densifier pour "lutter contre l'étalement urbain". 

LA PARENTHÈSE CARIGNON : 20 HECTARES D'ESPACES DE RESPIRATION 

La ville a connu une parenthèse heureuse avec la municipalité Carignon qui a créé une vingtaine d'hectares de parcs et jardins en 12 ans, soit 10 % des espaces verts de la ville ! La seule extension de Bachelard et le parc Pompidou à Reyniès-Bayard représentent une dizaine d'hectares supplémentaires à eux seuls. Mais il y a eu les parcs à Berriat, le jardin du square Genin en plein centre ville, la création de la place Lavalette, du jardin de l'Evêché, du parc de l'Alliance, etc... Un vrai bilan de lutte contre l'empreinte carbone très en avance sur son temps. On comprend que les médias n'entrent pas dans le détail...

LA RESPIRATION VÉGÉTALE CONTRIBUE À ABAISSER LA TEMPÉRATURE

Car la neutralité carbone est l'équilibre entre les émissions et les puits d'absorption de carbone que sont notamment les arbres. Ceux-ci agissent en effet à plusieurs niveaux contre les îlots de chaleur urbains : leur ombre abaisse la température quand on est dessous ou à proximité ; la respiration végétale contribue à abaisser la température autour d'eux par le mécanisme de transpiration (la feuille expulse de l'eau qui s'évapore au contact de l'air en consommant de l'énergie, donc de la chaleur, et favorise le rafraîchissement) ; enfin, les surfaces ombragées (sol, murs) ne stockent pas ou peu d'énergie solaire en journée, et ne contribuent donc pas à l'effet d'ilot de chaleur urbain la nuit.

LA MORTALITÉ SERAIT RÉDUITE D'UN TIERS AVEC UNE DENSITÉ D'ARBRES DE 30 %

Sachant cela, des chercheurs de l'Institute for Global Health de Barcelone ont cherché à savoir combien de vies pourraient être sauvées si l'on augmentait la couverture boisée de 93 villes d'Europe pour atteindre 30%. Grenoble étant à 20%, ayant baissé avec Piolle.  

Présentant leurs conclusions dans The Lancet, ils estiment que si la densité d'arbres atteignait partout l'objectif fixé, la surmortalité liée aux îlots de chaleur urbains, estimée à 6700 décès (4% de la mortalité), serait réduite de plus d'un tiers (39%) grâce à une baisse moyenne des températures de 0,4°C. « Une faible réduction de température peut avoir un impact important lorsque la population concernée est grande» explique Mark Nieuwenhuijsen, coauteur de l'étude dans Le Figaro.  

LA DISPARITION DES PETITS JARDINS CONTRIBUE À L'ÉLÉVATION DES TEMPÉRATURES

Il serait donc pertinent de préserver les ressources existantes, préviennent les experts. Erwan Cordeau, chercheur à l'Institut Paris Région, s'inquiète ainsi de « la disparition programmée des petits jardins pavillonnaires, liée à la densification de la ville pour faire face aux besoins de logements en luttant contre l'étalement urbain». 

F. HALLÉ : IL FAUT CONSERVER LES ARBRES PLUTÔT QUE PLANTER

Le sacro-saint alibi est enfin remis en cause par des chercheurs qui constatent les dégâts. Il faut d'abord et surtout conserver les arbres existants, des sujets souvent anciens, très efficaces pour lutter contre l'élévation des températures. Plus efficace que de planter, avait expliqué aussi Francis Hallé, botaniste et biologiste : pour la photosynthèse qui permet le captage du CO2 et la production d'oxygène, ce n'est pas le nombre d'arbres qui compte mais le nombre de feuilles et la taille des racines. Pour compenser la coupe d'un seul vieil arbre il faudrait planter des dizaines voire des centaines de jeunes arbres. Imaginez le bilan carbone de l'abattage des 19 marronniers de la place Victor Hugo....

E. PIOLLE ÉLOIGNE GRENOBLE DE L'OBJECTIF DE NEUTRALITÉ CARBONE

Eric Piolle aggrave la difficulté d'atteindre la neutralité carbone par sa politique de bétonisation de la ville et d'abattage des arbres. Ce faisant il fait peser toute la charge de l'objectif sur les seuls Grenoblois. A eux l'écologie punitive pour compenser l'absurde politique municipale. Ainsi les interventions multiples d'Alain Carignon demandant de protéger les espaces, montrant les arbres abattus dans la ville, accueillies dans l'indifférence par Eric Piolle se trouvent totalement légitimées. 

Alain Carignon a montré au Conseil Municipal une partie des arbres abattus par Eric Piolle

DES CONSÉQUENCES MORTIFÉRES POUR LES GRENOBLOIS

Mais les études du CNRS, des chercheurs qui alertent sur la contradiction des politiques urbaines menées, avec les objectifs affichés, vont peser de plus en plus lourd. Après les finances catastrophiques de la ville, qu'il soit démontré que la municipalité a aussi tout faux sur son "coeur de métier" comme on dit, serait une humiliation supplémentaire insupportable pour Eric Piolle. C'est ce qui se produit sous nos yeux. Puisse-t-elle faire cesser ce bétonnage irréversible qui ferait de Grenoble - et pour longtemps - la recordman des ilots de chaleur avec ses conséquences mortifères, au sens littéral, pour ses habitants. 

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