DÉMISSION D’ENZO LESOURT : LE SYSTÈME PIOLLE S’EFFONDRE

Le Dauphiné Libéré jette un sacré pavé dans la mare en dévoilant des extraits de la lettre de démission d'Enzo Lesourt, membre le plus éminent du cabinet d'Eric Piolle.

LE "DEUXIÈME CERVEAU" DE PIOLLE

Ce n'est pas le départ de n'importe quel collaborateur. Enzo Lesourt, conseiller en communication au cabinet, avait été encensé publiquement par Eric Piolle qui voyait en lui son "deuxième cerveau". En 2016, dans un portrait qui lui était consacré, Rue89 Lyon citait un collaborateur qui expliquait : « Ce n’est pas l’homme de l’ombre d’Eric Piolle. C’est son ombre tout court. Il l’accompagne du matin au soir dans ses déplacements publics ». Sa démission entérine l'hémiplégie politique du Maire.

Enzo Lesourt était une véritable vigie pour Piolle, veillant sur la presse et les élus.

L'ARCHITECTE DE LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE NE CROIT PLUS EN PIOLLE

Enzo Lesourt travaillait pour les écologistes à la ville de Grenoble depuis 2008. C'est l'un des plus anciens artisans du système Piolle, au coeur de sa galaxie. Il a naturellement été l'architecte des campagnes municipales mais aussi de sa campagne pour la primaire écologiste. Et cette campagne est justement le point de rupture : pour lui, pendant cette primaire, « le moment présent n’est plus “habité en direct” mais il est tout entier consacré à rentabiliser le passé et à déminer le futur ». Déjà, il ne croit plus en la capacité d'Éric Piolle à proposer quelque chose politiquement...

Le philosophe n'y croit plus.

LA "VIOLENCE ÉLOQUENTE" DU SYSTÈME PIOLLE

Enzo Lesourt évoque dans sa lettre la brutalité et les errements du système Piolle, que nous avons déjà dénoncé à de multiples reprises sur ce site. Il évoque "la violence éloquente du licenciement" de l'une de ses collègues, au moment des élections municipales. Ou encore les consignes de la directrice de cabinet, Odile Barnola, qui ont abouti à la destruction sans ménagement des tentes et objets personnels des réfugiés qui campaient dans le parc de l'Alliance en décembre dernier. Enfin, il dénonce les "mise à l'écart pour déloyauté" et "l’infantilisation de tout ce qui n’est pas proche du sommet de la pyramide". En Piollie, l'humanisme est un mot creux bon pour la communication : pas du tout un concept qu'on applique.

L'évacuation du parc de l'alliance, une belle leçon d'humanisme piollesque.

"JE REJOINS DONC LA LONGUE LISTE DE DÉPARTS VIOLENTS DU CABINET DU MAIRE"

Son propre départ, lui qui a tout donné pendant près de 15 ans pour les verts grenoblois, en dit long : il lui est proposé de partir "avec les droits d’un contractuel de la fonction publique de moins d’un an d’ancienneté". Enzo Lesourt énumère : "je rejoins donc la longue liste des départs violents du cabinet du maire de Grenoble, après Julien Zloch, chef de cabinet, en 2017, dont le deal professionnel post-mairie fut cassé à son insu, au lendemain de son départ, après Barthélémy Barcik, qui use avec dextérité de tous les synonymes possibles du mot harcèlement pour expliquer entre autres les raisons de son départ, après Emilie Oddos, cheffe de cabinet, en 2020, déjà citée, après Sarah Beratto, mal accueillie et mal « remerciée »: on lui expliqua froidement qu’ « une femme enceinte, on sait comment ça s’en va, on ne sait jamais comment ça revient". La manière dont Éric Piolle traite, ou laisse traiter, ses plus proches collaborateurs en dit long sur la reconnaissance et le sens de la loyauté du personnage. Une énumération choquante, à rebours complet de l'image de bienveillance qu'il essaye de se donner.

À quand une campagne de la ville de Grenoble contre le harcèlement... au sein du cabinet du Maire ?

SES PLUS PROCHES COLLABORATEURS DISPARAISSENT...

Lors du précèdent mandat, l'éphémère directeur de cabinet d'Eric Piolle (pendant 1 an et demi...), Gaël Roustan, avait aussi été limogé dans l'opacité la plus totale. Un départ qui n'était "pas à sa demande", avait-il laconiquement fait savoir, avant d'ensuite oser tacler Piolle comme le rapportait le Dauphiné du 21 avril 2017 : "au nom des valeurs défendues par son parti, l’écologiste a taclé, sans prononcer son nom, le maire de Grenoble Éric Piolle". Erwan Lecoeur, directeur de la communication, avait lui été exfiltré suite à la découverte des marchés sans appel d'offres de la fête des tuiles. Il est maintenant convoqué devant le tribunal correctionnel aux côtés d'Eric Piolle.

Eric Piolle et Erwan Lecoeur (photo : Le Dauphiné).

...ET SES ÉLUS LE LÂCHENT

Ses propres élus lâchent également Eric Piolle. Les premiers à avoir sonné l'alerte lors du précèdent mandat ont été Guy Tuscher et Bernadette Finot, qui avaient quitté le groupe majoritaire avec fracas suite au vote du plan d'austérité, en dénonçant les méthodes du système Piolle. Juste après les élections, Hosny Ben Redjeb et Sadok Bouzaiene avaient également quitté la majorité Piolle, le premier pour créer son propre groupe d'opposition car déçu lui aussi des méthodes, le second sur fond de désaccord autour du burkini. 

2 ans après sa démission, les raisons éclataient enfin au grand jour. Grenoble le Changement avait déjà flairé le sujet.

LE BURKINI ACCENTUE LA FRACTURE

En janvier, c'est Chloé Le Bret qui avait démissionné avec fracas : "si être élue à l’égalité à Grenoble, c’est seulement signer des chartes pas vraiment engageantes, distribuer des subventions... cela ne m'intéresse plus". Enfin, lors du conseil municipal de mai, l'impensable se produisait confirmant les tensions au sein même de la majorité : 13 élus s'opposaient publiquement à Eric Piolle et le mettaient en minorité dans son conseil conseil en votant contre le burkini. Cet épisode achevait d'exposer au grand jour les fractures qui traversent la majorité et le système municipal.

Elisa Martin, Première adjointe désormais Députée, votant fièrement contre le burkini. Camouflet de plus pour Piolle.

VERS LA FIN DU SYSTÈME

Aujourd'hui, le départ du "deuxième cerveau", celui censé l'accompagner dans son ascension politique, est loin d'être anodin et confirme toute la profondeur du mal. Ses plus proches ne croient plus en lui. Éric Piolle est bel et bien acculé et son déclin a commencé. Le compte-à-rebours est enclenché.

 

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