Marcel CHION : L’HOMMAGE d’A. CARIGNON
Sur sa page Facebook Alain Carignon a rendu hommage à une figure grenobloise très connue décédée hier: Marcel Chion connu de milliers et des milliers de Grenoblois qu ont approché les Maires successifs : Albert Michallon, Hubert Dubedout , Alain Carignon et Michel Destot.
Compte tenu des circonstances pendant lesquelles il est rendu hommage aux héros du quotidien , nous publions les souvenirs d'Alain Carignon sur Marcel Chion qui sont une page de l'histoire grenobloise.
" LE COLLABORATEUR de QUATRE MAIRES"
« Sa fille m’a informé ce matin du décès de Marcel Chion que j’ai appris avec beaucoup d’émotion tant j’ai de respect et d’affection pour ce fonctionnaire municipal exceptionnel. D’autant qu’il paraissait indestructible. Il a été, comme chauffeur, le collaborateur de quatre maires de Grenoble au temps où le vélo n’était pas encore le Roi.
COMMENCÉ avec A.MICHALLON le MAIRE OLYMPIQUE
« Recruté dans les années 60 sous Albert Michallon le Maire Olympique, il a terminé sa carrière avec Michel Destot. De De Gaulle à Hollande il a croisé tous les présidents de la République et tant de Premiers Ministres et de Ministres, sans jamais être dupe.
CLASSE, PROFESSIONNALISME, PASSION du MÉTIER
« Des milliers de grenoblois connaissaient sa grande silhouette qui annonçait la présence du Maire. Il cumulait à la fois la classe, le professionnalisme et l’intelligence avec la passion inconditionnelle de son métier.
"IL A DÉRAPÉ UNE SEULE FOIS: UNE PLAQUE D'HUILE"
« Avec ces millions de kms accomplis il n’a dérapé qu’une seule fois sur une étendue d’huile en conduisant Hubert Dubedout à l’aéroport qui ne s’appelait pas encore Saint Exupéry. En ce temps-là il a parcouru l’Europe avec lui pour se rendre dans les villes jumelées. Il n’était jamais las de conduire. Avec lui aucun Maire n’a jamais manqué un train ou un avion.
" SEUL A SAVOIR SANS SE TROMPER... "
"Lorsque j’étais à la fois Maire, Président du Département et Ministre il participait aux réunions de cabinet ou sa présence était précieuse pour définir l’emploi du temps. Il était le seul à savoir sans jamais se tromper ce qui était possible entre Paris, les routes du département et Grenoble.
MINUIT PORTE D'ORLÉANS...
« Il nous est arrivé – comme Hubert Dubedout- de partir à minuit de la Porte d’Orléans à Paris pour être à Grenoble dans la nuit et accomplir notre journée du lendemain : Marcel Chion impeccable ayant beaucoup moins dormi que nous.
IL AIMAIT NOTRE TRAVAIL COMMUN
« Il chargeait inlassablement les dossiers et les parafeurs sur les sièges, dans le coffre de la voiture, en transportait partout et tout le temps car Marcel Chion aimait notre travail commun.
" UNE TRÉS GRANDE ACUITÉ ÉLECTORALE "
"Lui qui était si proche des Maires était d’une discrétion absolue et jamais je n’ai entendu de lui un mot sur mes prédécesseurs dont il était très proche. Il avait aussi une très grande acuité sur les situations politiques et électorales, car il entendait beaucoup lors des inaugurations et des cérémonies, se tenant à l’écart.
" IL NE S'EST PAS TROMPÉ DANS SES PRONOSTICS"
« Lorsque j’étais candidat en 1983 et que mes chances de l’emporter étaient considérées comme très faibles , il était d’une loyauté absolue à Hubert Dubedout qu’il conduisait partout à tous nos débats. Mais je lui avais toutefois demandé son avis de citoyen. Pour lui , ça ne faisait pas de doute, son patron qu’il respectait beaucoup serait battu. Ensuite il ne s'est pas beaucoup trompé dans chacun de ses pronostics électoraux.
" LE DON DE LA RECONNAISSANCE de la VOIX "
« Dans ces années ou le portable n’existait pas, des rendez-vous et des réunions avaient lieu aussi dans la voiture qui était aussi un bureau pour gagner du temps . Marcel Chion était concentré sur son volant. Mais comme les aveugles il avait développé pendant ces décennies de conduite le don de reconnaissance par la voix.
"FAUX-JETON, MÉFIEZ-VOUS..."
« Lors des épisodes de constitution de liste ou de majorité départementale toujours un peu politiciens, après qu’un homme politique soit descendu de voiture et si je lui disais « intéressant ce que M.X a dit » . Il pouvait répondre implacable : « faux jeton, méfiez-vous… » . Mais seulement si je lançais la question. Il n’avait pas suivi la conversation mais le son de la voix ne le trompait pas.
" COMME UN VIEUX COUPLE..."
« Il est devenu l’homme avec lequel j’ai passé le plus de temps pendant les 12 ans de mes mandats. Parfois sans parler. Nous nous connaissions comme un vieux couple. Il s’était coulé dans mes habitudes comme il l’avait fait avec mes prédécesseurs et successeur. Nous avons été évidemment solidaires de lui quand il a affronté son cancer et qu’il a dû interrompre son service. J'ai été heureux d'avoir pu le faire promouvoir Chevalier dans l'Ordre National du Mérite.
" UN AMOUREUX des VOITURES"
« Lorsqu’il fallait changer de voiture je ne donnais jamais mon avis et seul Marcel Chion choisissait le modèle suivant avec le directeur général. Je savais qu’il s’agissait de son instrument de travail et qu’il était amoureux des voitures. Alors que n’ayant eu dans ma vie d’abord qu’une 4L très longtemps, puis une R5 et enfin une Clio, je n’ai jamais été un intéressé, ce qui le faisait sourire.
" DEPUIS 20 ANS JE N'AI PLUS DE VOITURE"
"Depuis plus de 20 ans maintenant j’ai abandonné la voiture, mais, contrairement à d’autres, n’en n’ai jamais tiré gloire car je sais que certains en ont besoin pour leur famille ou leur travail et que pour une minorité elle est encore un plaisir et une liberté. En disant cela je pense aussi à Marcel Chion.
" COMPAGNON de TRAVAIL PRÉCIEUX"
« Nous connaissions son épouse , ses enfants dont les carrières brillantes ont justement fait sa fierté. Il connaissait la nôtre et conservait des liens avec tel ou tel neveu ou nièce. Marcel Chion était un compagnon de travail précieux, un fonctionnaire exemplaire. A l’heure où il est question de tous ces héros du quotidien , il figure incontestablement parmi ceux-là.
"DES JO DE 68 AU NOUVEAU MUSÉE de GRENOBLE"
« Avec lui c’est un pan de l’histoire de Grenoble qui disparaît. Un fonctionnaire hors normes. Il embrasse Grenoble depuis les JO jusqu’au nouveau Musée et il a vécu toutes ces étapes aux premières loges en accomplissant simplement sa tâche avec rigueur, dévouement et passion.
« A son épouse, à ses enfants, à ses petits-enfants auxquels il était si attaché, à toute sa famille, Jacqueline et moi adressons nos condoléances les plus émues"